Lettre à Aminatou Ahidjo : L’héritage politique de son père ne lui appartient pas
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Dans une lettre ouverte adressée à Aminatou Ahidjo, Me Cheikh Ali Al Assad rappelle avec fermeté que l’histoire politique du Cameroun ne peut être réécrite au prisme des susceptibilités personnelles ni confisquée par la filiation biologique. L’avocate accuse Aminatou Ahidjo d’user de son nom pour disqualifier, à tort, ceux qui ont partagé l’idéal politique de son père. En visant Issa Tchiroma Bakary, qu’elle taxe d'escroquerie politique et morale, elle néglige non seulement des faits historiques mais aussi une réalité politique plus vaste.

À la mort de l’ancien président Ahmadou Ahidjo, Issa Tchiroma n’était pas libre. Il croupissait en prison, victime d’un régime qui, à l’époque, soupçonnait tout ressortissant du Nord d’être un allié tacite de l’ancien chef de l’État. Cette répression, souligne Me Cheikh Ali Al Assad, est la matrice de nombreux silences et absences. Loin d’être un signe de trahison, le mutisme d’Issa Tchiroma s’inscrit dans une longue lignée de sacrifices consentis par des Camerounais dont le seul tort était leur origine géographique.

La lettre poursuit en posant une limite claire entre identité et légitimité politique. Porter le nom Ahidjo ne confère aucune autorité morale ou exclusive sur l’œuvre politique de l’ancien président. Ce legs ne saurait être rétréci à une affaire de sang ou de succession familiale. Il est collectif, fruit d’un projet national porté par des hommes et des femmes venus de toutes les régions du pays. En cela, ceux qui continuent de revendiquer cet héritage n’ont de comptes à rendre à personne, pas même à sa fille.

Me Cheikh Ali Al Assad dénonce par ailleurs un alignement opportuniste d’Aminatou Ahidjo sur le pouvoir en place, l’accusant de confondre loyauté politique et fidélité filiale. Elle l’invite à servir le régime qu’elle a choisi sans tenter d’imposer une lecture unique de l’histoire à ceux qui, sans se réclamer d’un nom, partagent encore les idéaux fondateurs du Cameroun moderne.

Le débat dépasse donc la simple polémique entre deux figures publiques. Il engage une réflexion plus large sur la mémoire nationale, sur la place des familles politiques dans la transmission des idées, et sur la nécessité de protéger les grands héritages contre l’instrumentalisation. L’histoire d’un président n’appartient ni à sa descendance biologique ni à ses adversaires d’hier. Elle appartient au peuple.

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