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© Mutation : Jenner Onana
- 24 Jun 2021 00:05:43
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CAMEROUN :: Bernard Ouandji : Il y a un mépris de l’exigence de la sincérité budgétaire :: CAMEROON
Expert financier, il analyse l’ordonnance présidentielle de la loi de finances rectificative adoptée le 21 juin dernier par l’Assemblée nationale.
Le 21 juin dernier, l’Assemblée nationale a adopté l’ordonnance présidentielle du 7 juin modifiant le budget du Cameroun. Celui-ci passe de 4865 milliards francs à 5480 milliards soit une hausse de 13%. Quelle analyse l’expert financier que vous êtes fait-il sur cette modification ?
Notre dispositif légal offre une flexibilité pour gérer les flux budgétaires en fonction des réalités tant côté recettes que côté dépenses. Parce que notre économie a de tous temps été tributaire de la volatilité des cours internationaux de nos produits d’exportation : café, cacao, coton, tabac et surtout le pétrole brut après 1985. Lorsque les cours étaient nettement plus favorables que prévu, on laissait le côté dépenses intact pour réaliser des économies et matérialiser l’épargne publique et des surplus de trésorerie. Les années où les cours s’effondraient le trésor pouvait compter sur des réserves et des appuis extérieurs comme la Stabex de la Communauté européenne. De nos jours l’épargne publique n’existe plus depuis une décennie or les dépenses continuent de galoper grâce au recours à la dette ; la politique financière de prudence est remplacée par la fuite en avant. On révise un budget qui se soldait par un déficit de 661 milliards Fcfa, remplacé par un budget à 753 milliards Fcfa. Est-ce cela qu’on appelle la bonne gouvernance ? Non au contraire il y a un mépris de l’exigence de la sincérité budgétaire.
Le gouvernement motive la révision du budget par l’apparition des recettes supplémentaires en occurrence la hausse du tarif du passeport, l’allègement de la dette par le G20 dans le contexte du COVID-19, la hausse des prix du prix pétrole etc., n’est pas là des éléments solides ?
Oui pourquoi pas, et dans ce cas la sagesse aurait consisté à utiliser les recettes inattendues pour éponger les arriérés de la dette intérieure, à commencer par les dettes des entreprises publiques qui menacent l’ensemble du système bancaire. Le plus inquiétant est que le service de la dette extérieure passe de 595 milliards Fcfa à 972 milliards Fcfa, à ce niveau-là le service de la dette absorbe le quart de recettes ordinaires et ça approche dangereusement le seuil de 30%. En effet même un salarié quand il va emprunter à la banque, on calcule son niveau d’endettement de sorte que les échéances soient inférieures à la quotité cessible fixée à 30% sinon l’employé sera asphyxié par la dette.
Peut-on parler de légèreté dans l’adoption du budget annuel ?
Voici trois ou quatre ans que le budget fait le Yo-yo autour de 5000 milliards Fcfa. L’autre année l’Assemblée nationale a adopté un budget au-dessus de 5000 milliards Fcfa, puis une ordonnance rectificatrice a réduit en dessous de cette barre fatidique. Cette année, c’est l’inverse. Cela signifie que l’économie patine ; il n’y a pas la relance économique. Et ce n’est pas la faute de les avoir avertis, quand nous écrivions dans ces mêmes colonnes en 2015 que les quatre moteurs de l’économie sont en panne, au mieux en détresse. Réclamé par le GICAM et tous les organismes de ce genre, l’apurement de la dette intérieure est une solution pour relancer l’économie pourtant la révision de la loi de finance laisse inchangée à 65 milliards l’allocation y afférente.
Enfin d’accord pour la qualification de légèreté quand on apprécie la prévision de hausse des prix du pétrole contenue dans le document qui tient lieu d’exposé des motifs de la loi rectificative. Ainsi à la faveur d’une hausse du prix du pétrole les recettes pétrolières passeraient de 393 milliards Fcfa à 536 soit 36% de hausse qu’il faut considérer au conditionnel renforcé parce que d’autres études indiquent un prix du pétrole amoindri en octobre lorsque les cuves de stockage seront déjà pleines pour affronter l’hiver ; si ce n’est pas un accord américain avec l’Iran.
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