Laurence Ndong : Parcours d'une Femme Ambitieuse au Cœur du Pouvoir
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GABON :: Laurence Ndong : Parcours d'une Femme Ambitieuse au Cœur du Pouvoir

Nommée au gouvernement en septembre 2023, Laurence Ndong est aujourd’hui l’une des figures centrales du nouveau régime dirigé par Brice Oligui Nguema. Portrait d’une femme ambitieuse.

C’est sous le nom de Laurence Mbango que naît le 19 octobre 1971 à Douala, au Cameroun, celle qui deviendra Laurence Ndong. Laurence Mbango nait  « de mère camerounaise mais sans père déclaré », comme le mentionne le journal gabonais en ligne Infos 241, qui a publié son acte de naissance.

Installée entre-temps au Gabon, Laurence Mbango change de nom à presque 4 ans lorsqu’elle est reconnue par son père. Elle devient alors  Laurence Mengue-Me-Nzoghe le 13 octobre 1975.

Enseignante et chrétienne fervente

Après des études scientifiques à l’université des Sciences et Techniques de Masuku près de Franceville, Laurence Mengue-Me-Nzoghe – devenue entretemps Laurence Ndong suite à son mariage à 21 ans – devient professeur d’enseignement secondaire de Sciences de la Vie et de la Terre après l’obtention de son diplôme à l’École Nationale Supérieure de Libreville.

Chrétienne fervente, la jeune Laurence Ndong est déjà proche des milieux politiques puisqu’elle côtoie une femme très puissante au Gabon dans le début des années 90, Victoire Lasseni Duboze, qu’elle reconnaît volontiers comme sa marraine.

En 2002, elle quitte le Gabon pour rejoindre son mari en France, ingénieur de Formation et cadre dans une multinationale. Elle reprend alors ses études et devient en 2008 docteur de l’Université Paris René Descartes en Sciences de l’éducation. Sa thèse est intitulée « La place des concepts de la didactique des sciences dans la formation des professeurs de lycée et collège de Sciences de la Vie et de la Terre en France et au Gabon ». Laurence Ndong est également pasteure, elle anime une église en région parisienne.

Soutien fervent d’Ali Bongo

En France, Laurence Ndong continue à s’intéresser à la politique. En 2009, après la mort d’Omar Bongo et l’élection présidentielle qui s’ensuit, Laurence Ndong rejoint l’équipe de campagne de Bruno Ben Moubamba, alors opposant issu de la société civile.

Laurence Ndong devient un soutien fervent d’Ali Bongo, arrivé au pouvoir en septembre 2009 sur fond d’une sanglante répression électorale, notamment dans la ville de Port-Gentil. Cela ne semble pas déranger Laurence Ndong, qui déclare lors d’une visite en France d’Ali Bongo : « Il a été élu sur un programme (…) Le président Ali est à la place qu’il faut et l’homme qu’il faut ». Très active au Parti Démocratique Gabonais (PDG) le parti au pouvoir, elle en sera toutefois poussée vers la sortie…

Soutien fervent de Jean Ping

Profitant de la promotion de son livre Gabon, pourquoi J’accuse (où elle est présentée par son préfacier ni plus ni moins comme la nouvelle Émile Zola!)  en 2016, Laurence Ndong se présente comme la porte-parole de Jean Ping, sans avoir reçu de mandat de l’équipe de ce dernier qui toutefois laisse faire. Avec la même ferveur qu’elle le défendait jadis, Laurence Ndong  s’en prend alors à Ali Bongo, qu’elle traite de tous les noms d’oiseaux et bien sûr d’horrible dictateur sanguinaire. Ce qu’il a toujours été.

La très sanglante répression post-électorale de 2016 menée par l’armée, dont l’épisode le plus tragique est sans conteste l’assaut du quartier général de Jean Ping par la Garde Républicaine, soulève un émoi chez des milliers de Gabonais. Devenue l’une des figures médiatiques de la contestation, mais n’étant pas dépourvue d’ambition, Laurence Ndong s’indigne de la deuxième répression post-électorale d’Ali Bongo, alors que la première – nettement plus sanglante – ne l’avait absolument pas dérangé.

Soutien d’Albert Ondo Ossa puis de Brice Oligui Nguema

Membre de l’ONG « Tournons », un mouvement citoyen composé de plus de 200 organisations de la société civile qui milite pour l’alternance démocratique et la bonne gouvernance en Afrique, Laurence Ndong, invitée au Sommet de Sotchi par Vladimir Poutine, soutient lors de l’élection présidentielle de 2023 au Gabon Albert Ondo Ossa, avant de rejoindre quelques jours après Brice Oligui Nguema…

Nommée ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement en septembre 2023, Laurence Ndong défend avec la ferveur dont elle a fait sa marque de fabrique le nouveau régime. Brice Oligui Nguema candidat à la Présidence à l’issue de la période de transition ? «Pourquoi cela gênerait si l’élection est libre et transparente». La durée de la transition ? « Nous n’allons pas nous précipiter ». Le changement des conditions d’octroi des bourses scolaires que Brice Oligui Nguema avait pourtant annoncées « sans conditions » ? « Le CTRI  [nom de la junte militaire qui a pris le pouvoir] n’était pas obligé de rétablir les bourses » …

Des propos qui contredisent les positions qu’elle avait sur ces questions, mais qu’importe !

La Master class

Interrogée sur les révélations faites par Jeune Afrique sur l’extraction de Sylvia et Nourredine Bongo de la prison centrale de Libreville pour une villa, Laurence Ndong déclare avec l’aplomb qui la caractérise : « Faites attention, tout ce qui circule sur internet n’est pas souvent la vérité. J’ai vu souvent des personnes qui trichent, c’est de la fraude. Ils vont prendre toute la charte graphique de Jeune Afrique et ils vont publier comme si c’était Jeune Afrique, alors que ce n’est pas Jeune Afrique. Donc faites bien attention quand vous regardez, regardez bien les liens URL et vous allez déceler que parfois ça ressemble à ça et ce n’est pas ça du tout. »

« Sous d’autres cieux, certains auraient rendu leurs tabliers »

Le 22 janvier 2024, le mari de Laurence Ndong est nommé en conseil des ministres Directeur général adjoint (DGA) de la Société du patrimoine et des infrastructures numériques (SPIN). L’affaire fait grand bruit notamment sur la toile, où l’on pousse des cris d’orfraie. Interrogé sur le sujet, Télésphore Obame Ngomo, membre et enfant de la Nomenklatura Gabonaise, homme de presse et patron de média influent par ailleurs Conseiller spécial très proche du nouveau maître du Gabon, répond sans détours : « Sous d’autres cieux, certains auraient rendu leurs tabliers avec dignité, parce qu’effectivement ça paraît un peu trop grossier. Il revient à madame la ministre de tirer toutes les conclusions de cette situation ».

Laurence Ndong n’a pas démissionné, d’ailleurs cela n’est pas envisageable au regard de son caractère et de son parcours. Laurence Ndong aime le pouvoir, qu’il porte un treillis ou non et n’a en définitive qu’un seul camp : le sien.

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