Présidentielle en RDC : Félix Tshisekedi mise sur des alliances controversées pour sa réélection
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Le président sortant, candidat à sa propre succession pour la présidentielle qui doit se tenir en fin d’année, ne peut pas compter sur son seul bilan – quasiment inexistant – pour faire campagne. Il lui faut donc jouer une autre carte, celle des calculs politiciens, pour espérer l’emporter le 20 décembre prochain. Une stratégie qui fait resurgir sur le devant de la scène congolaise une série de personnalités décriées.

Il y a quelques semaines, Félix Tshisekedi posait en grande pompe avec les officiers de l’armée congolaise et leur servait un discours solennel discours sur la responsabilité de l’armée pour défendre l’intégrité territoriale du pays, un an tout juste après avoir procédé à plusieurs changements au sein de l’état-major des Forces Armées. Au même moment, des rumeurs faisaient état du retour en grâce du puissant Fortunat Biselele, ex-conseiller spécial du président. Déchu de ses fonctions et emprisonné pour « intelligence avec l’ennemi », ce dernier, qui avait mis son carnet d’adresses et ses villas au service de Felix Tshisekedi en 2018 a finalement blanchi par la justice en août dernier. Qu’importe qu’il soit soupçonné d’avoir profité de ses fonctions pour récupérer des permis miniers, le président semble trouver « Bifort » à nouveau fréquentable.

Faute de succès économiques ou sécuritaires à mettre en avant, le président sortant mise sur les petits calculs politiciens pour l’emporter. Dans cette stratégie opportuniste, le curriculum vitae de ses affidés compte moins que ce qu’ils peuvent lui rapporter.

C’est ainsi qu’a été recyclé et même promu l’ex lieutenant-colonel Eddy Kapend, vingt ans après avoir été condamné pour l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila. Le 19 octobre 2023, l’ancien détenu a été élevé par Félix Tshisekedi au grade de général de brigade et nommé à la tête de la 22e région militaire dans le Katanga. Une nomination interprétée par beaucoup comme une stratégie électorale visant à gagner les faveurs de l’électorat du Grand Katanga, sa région d’origine, qui est également le fief de l’ancien président Joseph Kabila et de l’opposant Moise Katumbi.

Peu de temps auparavant, le général-major Peter Cirimwami était nommé gouverneur militaire intérimaire de la province du Nord-Kivu. Le militaire connaît bien la région, puisqu’il y a dirigé les opérations contre les rebelles du M23 avant d’être réaffecté en Ituri en juillet 2022. Plus embarrassant pour le chef de l’État, Peter Cirimwami a été soupçonné d’avoir œuvré au rapprochement entre des groupes armés et l’armée congolaise alors qu’il dirigeait l’opération Sukola 2 au début du conflit avec le M23. Un rapport de l’ONU souligne qu’il existe des « allégations persistantes selon lesquelles les FARDC [Forces armées congolaises] utilisent des groupes armés locaux comme auxiliaires dans le territoire de Rutshuru ».

L’impunité, la marque de fabrique

A l’approche de l’élection présidentielle, Félix Tshisekedi s’est entouré de personnalités politiques influentes dans l’Est de la RDC, fermant les yeux sur le manque de probité de ses nouveaux alliés. Le 23 mars dernier, il a ainsi procédé à un remaniement qui lui a permis d’acheter à coups de maroquins ministériels deux poids lourds régionaux : Jean-Pierre Bemba, leader du Mouvement de libération du Congo (MLC) et Vital Kamerhe, président de l’Union pour la nation congolaise (UNC).

Le premier, nommé au poste stratégique de ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants a pourtant été accusé de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre pour des viols, pillages et meurtres commis par les membres du MLC en République centrafricaine (RCA).  Finalement acquitté par la Cour pénale internationale en 2018, Jean-Pierre Bemba a cependant été condamné pour subornation de témoin la même année, ce qui l’avait disqualifié pour l’élection présidentielle.

Également rallié à Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe, ex-directeur de cabinet du président promu vice-Premier ministre chargé de l’Économie en mars, a pour sa part été condamné à 20 ans de travaux forcés après avoir été reconnu coupable du détournement d’environ 57 millions de dollars destinés à l’achat de maisons préfabriquées dans le procès dit « des 100 jours ». La peine, d’abord réduite en appel à treize ans, a ensuite été annulée par la Cour de cassation avant que Vital Kamerhe ne soit finalement totalement acquitté en juin 2022 par la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe. De nombreuses voix dans la société civile ont dénoncé cette décision de justice, jugée politique. Tout comme l’est l’opportune entrée au gouvernement de ce natif du Sud-Kivu qui a d’ores et déjà affiché son soutien à Felix Tshisekedi pour la présidentielle à venir.

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