Le gouvernement camerounais interdit « la collecte illégale d'épargne par des sociétés non agréées»
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Le gouvernement camerounais interdit « la collecte illégale d'épargne par des sociétés non agréées» :: CAMEROON

Le ministère camerounais des Finances a interdit à « certaines sociétés non agréées » de mener des opérations d'« appel public à l'épargne », peut-on lire dans une note officielle signée le 29 octobre, mais qui n’est devenue publique que durant cette semaine. « Tout en attirant l'attention du public et des opérateurs économiques des risques de perte de leurs épargnes ainsi mobilisées en marge de la règlementation en vigueur, le ministre des Finances demande aux promoteurs et dirigeants de ces sociétés de cesser immédiatement leurs activités ».

Le ministère des Finances exige aussi que soient remboursés, sans délai, les fonds qui ont été mobilisés et de rendre compte de ces restitutions. Cette décision du gouvernement survient alors que dans la capitale économique de Douala, des personnes se plaignent d'une société qui a collecté de l'argent chez eux, en leur promettant qu'elles auraient des rendements élevés parfois sur des bases mensuelles.

La réaction survient aussi après que la COSUMAF, l'institution de régulation des marchés financiers de la CEMAC, a attiré l'attention des uns et des autres sur le risque de ces activités. Seulement, dans le communiqué du ministère des Finances, tout comme celui du régulateur sous-régional, au moins une des entreprises citées ne se reconnait pas dans le reproche qui lui est fait.

Chez Mougano Investment, une des sociétés listées dans le texte du ministre, on refuse catégoriquement d'être dans le registre des reproches faits par l'administration. « Nous ne faisons pas de l'appel public à l'épargne et encore moins des placements sur des cryptomonnaies. Nous sommes des intermédiaires et des conseillers entre des personnes qui ont un projet, mais ne peuvent accéder à des financements, et celles qui ont des financements et cherchent des projets où investir. Nous ne promettons en aucun cas un rendement précis aux investisseurs, nous conseillons et améliorons la qualité des relations entre deux partis qui même sans notre intervention, auraient collaboré », a fait savoir Christia Amouo, cofondateur et dirigeant de l’entreprise.

Cette décision marque une nouvelle étape dans une bataille qui conduira vers une régulation de certaines activités dans le secteur financier au Cameroun. La position du ministère se comprend, du fait que le Cameroun a connu plusieurs escroqueries montées sur le modèle de la pyramide de Ponzi, où les premiers sont attirés pour mieux voler les derniers arrivés.

Mais il y a une autre double réalité que connaît aussi le Cameroun. Il y a d'une part la difficulté d'accès à des financements pour certains promoteurs de PME, à qui on demande de s'auto-employer. Les banques se méfient d'elles, car elles sont des entreprises en cours de lancement et les sociétés de gestion des fonds leur sont inaccessibles, en raison de leurs modes de fonctionnement. D'autre part, il y a des Camerounais qui ont des ressources épargnées ou mobilisées auprès des tontines, et qui souhaitent les investir dans l'économie réelle.

De cette double demande est né le besoin d'intermédiaires capables d'analyser la viabilité des projets qui sollicitent des financements, et de mobiliser les ressources disponibles en quête de placements rentables. « Nous comprenons bien le besoin de l'Etat de protéger les gens contre les risques, mais nous ne sommes ni la MILDA ni l'entreprise qui a escroqué des gens à Douala. Nous formalisons une activité d'intermédiation financière, qui avec ou sans nous se passera. Nous sommes ouverts à des discussions en matière de régulation, mais pas à des sanctions qui donnent l'impression que nous sommes tous malhonnêtes », a fait savoir Mr Amouo.

Selon certains observateurs, la sanction actuelle ne devrait pas durer longtemps. « Ce n'est pas la première fois que cela arrive. Lorsque le gouvernement du Cameroun fait face à une situation sur laquelle il n'a aucun contrôle, il prend des mesures conservatoires, le temps d'y voir clair. C'était déjà le cas avec le Mobile Money qui, aujourd'hui, est le moyen de paiement par excellence au Cameroun. Il appartient aux acteurs sérieux du domaine de l'intermédiation financière privée, de bien montrer l'importance de leur rôle », a fait remarquer l'un d'entre eux.

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