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© EcoMatin : René Ombala
- 31 Aug 2020 11:31:00
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CAMEROUN :: Autoroute Yaoundé-Douala : Les mauvais comptes de Nganou Djoumessi :: CAMEROON
Pour un taux de réalisation identique du projet, le ministre des Travaux publics et ses services ont un avancement financier différent, laissant soupçonner des manipulations.
La confusion règne à l’immeuble Émergence, siège du ministère des Travaux publics (Mintp), sur le coût des travaux déjà réalisés de la première phase de l’autoroute Yaoundé-Douala. Lors du conseil de cabinet tenu le 29 juillet dernier, le chef de ce département ministériel a indiqué qu’« à ce jour, le taux d’exécution physique est de 91% » et « l’avancement financier à date (montant facturé hors taxes-HT) est de l’ordre de 79,32 %, soit 225,259 milliards FCFA pour un taux de décaissement d’environ 81,91%, soit 184,517 milliards FCFA (y compris l’avance de démarrag»e.)
En d’autres termes, selon les spécialistes en management des projets, le coût HT des 91% de la première phase de cette infrastructure routière est évalué à 225,259 milliards de FCFA. Mais trois semaines plus tard, les services de communication du Mintp ont produit des chiffres différents pour un même taux de réalisation physique. De leur compte rendu de la visite de presse, organisée le 18 août sur le long de l’itinéraire de cette section de l’autoroute, et publié sur le site internet du Mintp, l’on apprend plutôt que « l’avancement financier du projet (HT, NDLR) est de l’ordre de 87,51 %, soit 248,55 milliards pour un décaissement d’environ 202,274 milliards (y compris l’avance de démarrage) », pour « un taux d’exécution physique de 91% ».
En d’autres termes, le coût des 91% de la première phase de cette infrastructure routière est désormais chiffré à 248,55 milliards de FCFA. Ce qui fait une hausse de plus de 23 milliards par rapport à l’évaluation communiquée par Emmanuel Nganou Djoumessi au Premier ministre et aux autres membres du gouvernement le 29 juillet.
Révélations troublantes
Les services de communication n’ont pas expliqué ces changements et nos sources à l’immeuble Émergence se sont refusées à tout commentaire. Mais, il est difficile de ne pas faire un lien entre ces modifications et l’enquête publiée 10 août 2020 par l’édition en ligne du magazine Investir au Cameroun. Cet article a jeté un sérieux doute sur le coût des « travaux de la section courante non pris en charge dans le montant initial du marché », estimé par le Mintp. Depuis quelques mois, Emmanuel Nganou Djoumessi mène un plaidoyer pour l’obtention d’« un financement supplémentaire évalué à 71,2 milliards de FCFA HT (soit 84,9 milliards TTC), nécessaire pour l’achèvement de la première phase de l’autoroute Yaoundé-Douala et la réalisation des prestations additionnelles ».
Il l’a fait au Sénat le 18 juin et dans les services du Premier ministre lors du conseil du cabinet du 29 juillet. Selon les informations fournies à ces occasions par le ministre, 45 milliards devraient servir à la construction des voies et ouvrages de raccordement de la première section de l’autoroute au réseau routier et 40 milliards au financement des travaux « non pris en charge dans le montant initial du marché ». Mais ces 40 milliards sollicités par Nganou Djoumessi pourraient bien ne pas être nécessaires. A nos confrère de Investir au Cameroun, l’ex ministre des Travaux publics, alors en poste au moment de la passation de ce marché, Patrice Amba Salla, assurait en effet qu’il est possible que l’enveloppe de base (284 milliards HT et 338,7 milliards TTC) suffise à réaliser la première phase de l’autoroute.
Les chiffres fournis aujourd’hui par son successeur le prouvent d’ailleurs. En effet, si la réalisation de 91% du projet nécessite 225,259 milliards de FCFA, comme l’affirme lui-même l’ancien ministre de l’Économie, une simple règle de trois permet de constater que les 9% restant devraient coûter 22,3 milliards. Les 58,7 milliards encore disponibles dans la cagnotte de départ seraient donc largement suffisants pour achever la première phase de cette autoroute.
Contre-vérités
Il n’est pas exclu qu’en portant l’avancement financier du projet de 225,259 à 248,55 milliards, le Mintp veuille masquer cette réalité en délaissant le financement encore disponible pour ce projet de plus de 23 milliards de FCFA. Une hypothèse d’autant plus plausible que l’ingénieur de l’État biaise depuis les faits pour servir son plaidoyer. En effet, devant le Sénat et au conseil de cabinet, Emmanuel Nganou Djoumessi a justifié « les travaux complémentaires pour l’achèvement de la section PK40-PK60 » par « la modification du profil en travers de l’ouvrage ».
À l’en croire, l’accroissement des travaux, donc des coûts, a été induit par le passage d’« une route expresse en 2x2 voies sur 68,3 km (26 m de plateforme), avec une vitesse de référence de 100 km/h et 25 km de voie de rétablissement, pour un coût de 568 millions de dollars, soit 284 milliards FCFA (hors taxes) » à « une autoroute en 2x2 voies, extensible à 2x3 voies avec une vitesse de référence de 110 km/h », réalisée en ce moment. Et pourtant, si l’on s’en tient au marché public souscrit et signé en janvier 2014 (voir fac-similé), par China First Higway Engineering Compagny Ltd (CFHEC), adjudicataire des travaux de construction de la première phase de l’autoroute Yaoundé-Douala, la consistance des travaux a plutôt été réduite.
Selon le descriptif des prestations, contenu dans ce document, il était plutôt question de construire une autoroute 2x3 voies sur 68,3 km avec une vitesse de référence de 110 km/h et « 25 km de voie de rétablissement » pour un montant HT de 284 milliards de FCFA. Hors, actuellement, non seulement l’on réalise « une autoroute en 2x2 voies, extensible à 2x3 voies », le linéaire de l’infrastructure a été réduit de 68,3 à 60Km et on ne parle même plus des « 25 km de voie de rétablissement ».
Comble des combles, Emmanuel Nganou Djoumessi sollicite un financement supplémentaire, pour l’instant estimé à près de 40 milliards de FCFA, pour achever les mêmes travaux. « Le marché prévoit que le linéaire définitif soit arrêté au vu des études d’exécution. Je ne comprends pas, pour ma part, comment surcoûts et réduction du linéaire se conjuguent », commente une source proche du dossier.
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