Conseil supérieur de la magistrature : Aux abonnés absents
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La dernière session de cette instance qui gère la carrière des magistrats remonte au 7 juin 2017.

Trois ans déjà que de jeunes auditeurs de justice sont contraints à un chômage forcé. La dernière session du Conseil supérieur de la magistrature(Csm) s’est tenue le mercredi 07 juin 2017. Elle est pourtant censée se réunir chaque année. Présidée par le chef de l’Etat, en sa qualité de président dudit conseil, cette assise a, entre autres missions, de procéder à l’intégration de jeunes auditeurs de justice. Vêtu d’un pantalon Jeans, autrefois de couleur bleue, totalement blanchi et d’un T-shirt dont le col tombe presque sur la poitrine, Gabriel (prénom d’emprunt) fait des courses au marché Mokolo, à Yaoundé. Un sac plastique en main, l’auditeur de justice ayant achevé sa formation depuis plusieurs années tente de se trouver deux chemises au prix de 2000 Fcfa. Depuis sa sortie de l’Ecole nationale d’Administration et de Magistrature (Enam), il y a deux ou trois ans, il n’a jamais exercé comme magistrat.

« Après la sortie de l’école, nous étions loin d’imaginer que l’attente allait être aussi grande, pénible et oisive », fait savoir ce magistrat au chômage. Chaque jour qui passe en est de trop pour ses collègues et lui, ce d’autant plus qu’ils ne reçoivent aucun encadrement de la part de la chancellerie, selon ses propos. Entre leur sortie de l’Enam( année volontairement supprimée) et ce moment (juin 2020), de l’eau a coulé sous les ponts, révèle-t-il. « Un des nôtres, en attente d’intégration, est décédé. Les autres se battent tant bien que mal ». Se battant donc comme ils peuvent, aussi longtemps que durera le temps d’attente, indique Gabriel.

« Certains sont allés à l’étranger, d’autres poursuivent les études et d’autres encore mènent des activités agro-pastorales ». Entretemps, il faut faire face aux frustrations qui naissent au quotidien. « Dans mon village, ma qualité de magistrat est remise en cause. A chaque fois que se pose un problème dans mon village, je suis incapable d’apporter une assistance financière. Vous imaginez un magistrat sorti de l’école depuis deux ou trois ans et qui ose dire qu’il n’a pas 50 mille Fcfa de participation pour un deuil dans la famille, c’est pathétique », déclare-t-il, dans un ricanement de colère. 128 000 Fcfa est la somme que perçoit mensuellement Gabriel.

Ce, depuis son premier à l’Enam (bourse). Il y a passé deux années après avoir subi avec succès les épreuves écrites et orales de ce concours qu’il a présenté avec le niveau baccalauréat plus quatre années d’étude (master I). Au total, 241 magistrats issus de trois promotions d’auditeurs de justice ayant définitivement achevés leur formation se trouvent « au quartier ».

En outre les 69 de la promotion 2015-2017, 71 de la promotion 2016- 2018(moins un décès) et 102 de la promotion 2017-2019 attendent d’être affectés. Pour ce qui est de la promotion 2018-2020 qui achève la formation dans moins de six mois, ils sont 120. Si rien n’est fait entretemps 361 magistrats seront au chômage en fin 2020.

L’urgence de la tenue d’un conseil supérieur de la magistrature se pose donc en s’imposant, au moins pour quatre raisons. L’intégration des trois promotions des magistrats actuellement en chômage ; le redéploiement des personnels qui ont déjà passé plus de trois ans aux mêmes postes ; l’admission à la retraite de plusieurs magistrats ayant atteint et même dépassé l’âge de la retraite, et le remplacement des magistrats à des postes laissés vacants pour cause des décès de leurs occupants.

Les autres étudiants sortis de l’Enam sont normalement intégrés par le ministère de la Fonction publique ou leurs ministères de tutelle. « Figurez-vous que je sois en train de mendier auprès de mes collègues de l’administration générale ou des impôts devenus, trois ans après, de grands directeurs ou des chefs services. Il y a matière à réfléchir », s’indigne Gabriel. Ce dernier n’est d’ailleurs pas au bout de ses peines tant que le Csm n’est pas convoqué. Le 29 mai 2019 faut-il le rappeler, Paul Biya a néanmoins nommé trois membres du Csm pour achever les mandats laissés vacants par des membres décédés.

Le chômage imposé aux magistrats sortis de l'Enam est d'autant plus paradoxal que les cours et tribunaux manquent de la ressource humaine. Ce qui entrave l'administration diligente de la justice. L'engorgement noté et décrié dans les prisons en est l'une des conséquences.

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