Les délestages atteignent la cote d’alerte
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A presque un mois du début du Championnat d’Afrique des nations de football (CHAN), le pays vit au rythme des coupures d’électricité qui dictent leur loi. Le top management d’Energy of Cameroon (ENEO) semble être dépassée par les évènements.

Si rien n’est fait, Energy of Cameroon (ENEO) va contribuer, sans peut-être le vouloir, à saper tous les efforts du gouvernement pour le succès de Championnat d’Afrique des nations de football (Chan). Débutés à l’entame du mois de novembre 2019, les délestages sont passés d’une coupure par jour dans les grandes métropoles comme Douala et Yaoundé à une série quasiment vertigineuse. Tous les jours. Tout temps. Pour le cas de Douala par exemple, lesdites coupures font trois, voire une semaine dans certains coins. Et dans d’autres, comme Bonanjo, le centre administratif, la règle depuis le début 2020 veut que dès qu’il est un peu plus de 9h du matin la coupure d’électricité survienne, pour une durée indéterminée.

Les services qui n’ont pas de groupe électrogène comme ceux du préfet du Wouri et bien d’autres délégations ministérielles ont un seul choix : se tourner les pouces. Les entreprises d’assurances et les banques, très présentes ici, sont les rares structures à mettre leur groupe électrogène en marche. Pour le reste, c’est l’enfer. De Nyalla à Ndokoti, en passant par Deïdo, Akwa, Bonamoussadi, Bonabéri, etc., les délestages sont devenus la règle. Et la présence du courant électrique une exception. Que seule Eneo a le don de savoir quand les coupures auront lieu ainsi que leur durée. Sur la toile, les menaces des consommateurs commencent à poindre. Jusque-là calmes, les clients programment déjà des mouvements d’humeur car, soutiennent certains, la récurrence des coupures d’énergie rime paradoxalement avec la hausse des factures.

Tout comme la difficulté à conserver les aliments commence sérieusement à agacer. Les nuits sont hyper chaudes dans la capitale économique. Tout comme les jours. Sans air conditionné, zéro ventilation, sans machine de travail, tout est à l’arrêt, ou exténuant. Du coup, Eneo se sent déjà partiellement électrocutée. Avare en communication, le directeur général s’est fendu dans une longue interview disponible sur le site internet de l’entreprise. « Le système électrique camerounais est caractérisé par une demande en énergie relativement élevée qui nécessite la mise en service de nombreux ouvrages (production, transport et distribution) et donc des investissements importants suivant la courbe d’évolution de la demande.

Une bonne coordination entre les acteurs et des investissements massifs permettra certainement de réduire cette tension permanente entre l’offre et la demande. Les besoins d ’ investissements d’Eneo sur la période 2020-2031 sont estimés à 521 milliards de FCFA. Seul l’assainissement durable des finances du secteur de l’énergie permettra le retour de la confiance des investisseurs et la levée des fonds nécessaires à ces investissements. » Le fin mot est lâché. Mais ici, il est voilé. « L’assainissement durable des finances du secteur de l’énergie » qu’évoque Eric Mansuy ici pointe un doigt accusateur sur certains gros consommateurs qui, non seulement consomment plus, mais aussi freinent des quatre fers lorsqu’il s’agit de délier les cordons de la bourse. Dans le détail, il apparait que le montant des dettes cumulées d’Eneo s’élève à plus de 180 milliards au 31 décembre 2019. Dans cette lourde enveloppe, les entreprises publiques ou à capitaux publics à elles seules détiennent 63 milliards de FCFA.

Attention tout de même. Eneo n’est pas une sainte nitouche dans l’affaire. Malgré son chiffre d’affaires de 298,65 milliards de FCFA en 2018 – le bénéfice, lui, est voilé comme toujours, cette entreprise doit par exemple à Tradex S.A. la rondelette somme de 48 milliards de FCFA. En dehors de cela, Eneo, au 31 décembre 2019, avoue devoir 155 milliards de FCFA à ses fournisseurs d’énergies et de carburants. Les mauvaises nouvelles qu’alimente cette entreprise semblent encore avoir de très longs mois, faute de financements. Et c’est Eric Mansuy qui le dit. « La conséquence la plus visible se traduit par les difficultés rencontrées dans l’approvisionnement quotidien en fuel de nos centrales thermiques, entrainant des délestages. (…) Au-delà du solde qui reste en faveur d’Eneo, le secteur entier fait face à un manque persistant de liquidités pour faciliter le bon fonctionnement des opérations. » Le Chan, c’est du 04 au 25 avril 2020. Et la Coupe d’Afrique des nations n’est pas lointaine. Quand le calvaire imposé par Eneo à tout un pays prendra-t-il fin ?

Nul ne le sait. Eric Mansuy et ses équipes sont plus préoccupés par leur gain que par la satisfaction des plus de 1 258 340 clients dont environ 45 % se trouvent dans les villes de Douala et de Yaoundé. Eneo est une société d’économie mixte au capital détenue à 51 % par le groupe Actis, à 44 % par l’Etat du Cameroun et à 5% par le personnel.

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