Notre petit monstre
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On a beau camouflé nos incuries et nos manquements dans des tiroirs factices, Ils finissent par nous revenir brutalement à la face. Tel un effet boomerang, Ils finissent par gicler sur nos visages quand nos enfants s’étripent au couteau en plein coeur de l’école ou s’en prennent violemment à leurs professeurs au point d’inonder la classe de sang.

A la sombre journée du 29 mars 2019, où un élève avait sauvagement égorgé son camarade dans l’enceinte même du Lycée bilingue de Deido à Douala, vient de succéder la tragique journée du 14 janvier 2020 ou un apprenant de 15 ans a prestement immolé son enseignant au Lycée de Nkolbisson à Yaoundé. Mais qui se préoccupe réellement de la déliquescence de l’environnement scolaire au Cameroun ? Les alertes n’ont pourtant pas manqué. Au Quotidien Le Jour par exemple, nous avons réalisé plusieurs enquêtes sur la circulation des drogues dures et de l’alcool, sur le péril sécuritaire en milieu scolaire sans que cela n’émeuve personne. Nos écrits ont apparemment plus servi de substitution aux emballages plastiques qu’à autre chose.

Rien de surprenant car un Etat qui exerce une violence aveugle et gratuite sur ses propres citoyens n’a pas vraiment le souci de leur protection. Un gouvernement qui laisse mourir tous les lieux d’éveil culturel et de distraction saine pour favoriser la prolifération des centres de débauche et de déperdition est fondamentalement voué à contempler béatement l’effritement moral de sa jeunesse. Où est donc passé le consensus civilisationnel minimum nécessaire à la vie politique ? Au quotidien, on observe une résurgence d’instincts grégaires et de cette brutalité gratuite qui sont le propre de la barbarie .

C’est pourtant à l’Etat, lieu par excellence du consensus social que revient le rôle proéminent de régulation, de contrôle et de coercition de ces comportements abrupts qui embastillent l’humain dans ce qu’il a de plus primaire. De plus bestial. L’Etat, nous disait le philosophe Anglais Thomas Hobbes, c’est le « Léviathan ». C’est lui qui consacre la force publique que lui concède le citoyen qui à l’état sauvage n’est rien d’autre qu’un loup pour son semblable.

Coupables !

Mais que fait l’Etat au Cameroun ? Au lieu d’exercer la force publique dans le strict sens de la justice et du bien commun, il l’exerce trop souvent au service du Prince dont on veut sauvegarder le pouvoir sur les décombres d’une population à l’agonie. Et nous parents, qu’avons-nous donc fait pour se prémunir du pire ? Que peut-on espérer de nos enfants si nous les entrainons nous-mêmes sur les chemins problématiques de la consommation boulimique et stupide des gadgets médiatiques postmodernes et du flux de violence et d’agressivité qu’ils charrient ? Mais oui, que dire à nos enfants si nous sommes nous-mêmes des dévots écervelés de Facebook, si nous buvons autant la bière que nous consommons des films d’horreur ? Le portail des camerounais de Belgique (@camer.be). Si nous démissionnons de notre devoir essentiel d’éducation et d’encadrement pour nous laisser agir par les transes de l’aliénation qui travaillent le corps social au Cameroun ?

Au final, ce gamin qui poignarde son enseignant n’est qu’un des petits monstres sortis tout droit de nos laboratoires. L’immoler en public n’expurgera point nos abominations. A nous de décider du type de Camerounais que nous voulons pour demain.

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