DESHONNEUR : Chassé des rangs de la police pour cambriolage chez un collègue
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Condamné par la justice avec des collègues pour avoir accaparé puis vendu la moisson d’un cambriolage, six policiers avaient été révoqués. Estimant que la Sûreté nationale l’avait sanctionné sur la base d’une condamnation encore provisoire, l’un d’entre eux sollicitait sa réintégration dans les rangs. Le juge administratif a dit niet.

Jadis en service au sein de l'Equipe spéciale d’intervention rapide (Esir) à Douala, l’inspecteur de police principal Essoumbo Philippe a été révoqué le 28 avril 2017, avec certains de ses collègues, pour des faits de «compromission portant atteinte à la considération de la police par appropriation d’objets saisis appartenant à autrui». Les faits à l’origine de sa révocation s’étaient déroulés en mai 2012, au lendemain de la fête nationale. Des policiers en patrouille avaient en effet contraint des bandits à la fuite et s’étaient appropriés des objets abandonnés par ces derniers, à ce qu’il semble, le butin d’un coup de vol. Se disant victime de radiation abusive, M. Essoumbo Philippe avait saisi le Tribunal administratif de Yaoundé pour obtenir réparation. Il a essuyé un revers face à la Sûreté nationale le 15 octobre 2019.

Celui qui a tout essayé devant la barre pour démontrer le bienfondé de son action la semaine dernière jugeait l’arrêté présidentiel pris à son encontre irrégulier. Il souhaitait de ce fait obtenir sa réintégration dans le corps de la police et une enveloppe de 20 millions de francs. D’après le récit du plaignant, cinq de ses collègues et lui-même étaient en patrouille dans la nuit du 20 au 21 mai 2012 quand le service jusque-là paisible a été perturbé par l’apparition de «délinquants» traînant le butin d’un cambriolage. A la vue de l’équipe de six policiers, le gang va prendre la poudre d’escampette abandonnant un colis devenu encombrant et constitué de deux ordinateurs et des téléphones portables. Sans scrupules, les agents de police vont s’approprier ces effets. Un septième se joint à eux dès le lendemain pour aider à écouler les produits au marché noir. Ils en tirent 160 mille francs au total. L’affaire se complique quand un collègue policier se plaint d’un cambriolage dans son domicile. Une enquête est ouverte. Des langues se délient. Les sept mis en cause parmi lesquels Alain Engono Engono, Jonathan Esaka Mothna, Félix Olinga Tina, Paul Ndjom, Essoumbo Philippe et autres sont interpellés et écroués à la prison centrale de Douala le 9 juillet 2012.

Virés pour 160 mille

L’inspecteur de police dit y avoir séjourné pendant 61 jours avant d’obtenir une remise en liberté sous caution. Il va reprendre le service. Entretemps, la Délégation générale à la Sûreté nationale (Dgsn) a mis en branle une procédure disciplinaire contre son personnel indélicat. Tous sont convoqués à une session du conseil de discipline le 11 décembre 2012. Ce jour-là, l’instance décide d’ajourner la procédure disciplinaire en attendant que le Tribunal de grande instance (TGI) du Wouri se prononce sur les faits de recel et complicité de recel mis à leur charge. Le 2 août 2016, près de quatre ans plus tard, les policiers sont à nouveau convoqués à une session du conseil de discipline. Ils apprennent qu’ils font l’objet d’une condamnation à 10 ans de prison assortie d’un sursis sur une période de trois ans. Ils auraient été reconnus coupables par le TGI de recel en leur absence. La révocation intervient le 28 avril 2017.

Pour l’Inspecteur de police Essoumbo Philippe, la radiation prononcée à son encontre était prématurée, parce que la décision de justice qui fonde cette sanction n’était pas encore devenue définitive. De son point de vue, la hiérarchie a violé le principe de la présomption d’innocence. Comme second argument, il soutient que la Dgsn s’est rendue coupable de non-respect du principe de l’égalité des citoyens devant la loi. Il fait savoir que sur les sept incriminés, seuls six ont été mis à la porte. Le dernier a bénéficié de la «grâce de l’autorité investie du pouvoir disciplinaire ». Le portail des camerounais de Belgique. Il a seulement été sanctionné d’un retard d’avancement d’un an. Une peine très souple que Philippe Essoumbo aurait aimé se voir appliquer pour prolonger son séjour dans le corps.

Dans sa ligne de défense, la Dgsn a expliqué que contrairement à ce que pense l’inspecteur de police, sa révocation n’est pas fondée sur sa condamnation par le TGI de Douala mais sur des faits d’indélicatesse et compromission relatifs à l’appropriation d’objets saisis appartenant à autrui. Des faits matériellement établis à l’issue de la procédure disciplinaire ouverte contre lui. L’administration souligne qu’il n’a exercé aucune voie de recours contre ce jugement dont il a été informé de l’existence après s’être dérobé à la justice. Plus loin, elle fait comprendre que la responsabilité pénale est essentiellement individuelle et renseigne que l’agent de police ayant bénéficié de la «grâce» de la hiérarchie n’était pas membre de la patrouille de l’Esir le jour des faits. Ayant simplement aidé ses collègues à écouler le butin, ce dernier avait d’ailleurs été jugé coupable de complicité de recel tandis que les autres ont été frappés pour recel.

Le plaignant va redemander la parole pour signaler qu’il n’a jamais été cité à comparaître devant le TGI du Wouri et n’a tout aussi jamais été notifié de la décision qui le condamne. Précision vaine. Son recours est jugé non fondé.

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