Stade Paul Biya : Le chantier serpent de mer
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Après plusieurs renvois de la date de livraison, les travaux du Stade d’Olembe ont repris timidement le 14 octobre dernier avec un deadline fixé le 24 avril 2020.

Le chantier du complexe sportif d’Olembe a repris vie après huit mois d’arrêt le 14 octobre 2019. Le ministre des Sports et de l’Education physique(Minsep) en visite sur le site ce jour-là, a sommé l’entreprise italienne en charge des travaux (Piccini), et Egis, la société française chargée de la conformité desdits travaux, de tout mettre en oeuvre pour le respect du délai de livraison, fixé au 24 avril 2020, sous peine de résiliation de leurs contrats respectifs. Ce regain d’activités fait suite à une visite d’inspection de la Confédération africaine de football (Caf) en fin septembre de l’année en cours, laquelle a requis la livraison de toutes les infrastructures six mois avant le début de la Coupe d’Afrique des nations (Can) 2021. C’est-à-dire en décembre 2020.

Mercredi 23 octobre 2019, lors d’une nouvelle visite de contrôle et de suivi dudit chantier, Narcisse Mouelle Kombi a laissé entendre qu’il « était question de s’assurer de l’effectivité de la reprise des travaux après l’ordre de services valant mise en demeure adressée à l’entreprise Piccini le 07 octobre dernier d’une part, et d’évaluer, d’autre part, le rythme de cette effectivité. Il ressort que la mobilisation sur le site n’est pas encore suffisante ». Dès lors, le Minsep dit avoir « exhorté les entreprises Piccini et Egis (…) d’accélérer le rythme des travaux et de mobiliser davantage en multipliant des postes de travail afin de finaliser l’ouvrage dans les délais compatibles avec l’organisation de la Can 2021 ».

Une interpellation qui sonne comme un nouveau signal d’alerte. De fait, depuis le lancement des travaux, le chantier du Stade d’Olembé, censé porter le nom du président de la République, présente un parcours jonché de rebondissements. Le dernier en date s’est produit le 24 juillet 2019. Le portail des camerounais de Belgique. Le président du groupe Piccini a rencontré, à Yaoundé, le ministre camerounais des Finances, Louis Paul Motaze, pour la signature d’une convention de cautionnement afin que l’entreprise obtienne un financement auprès des banques locales, dans le but d’accélérer le chantier. « Les discussions sont très avancées entre les banques locales dans ce sens. La visite de ce jour permettra une avancée encore plus importante vers la finalisation des travaux », indiquaient alors les services du ministère des Finances. Pour le président du groupe Piccini, Makonnen Asmaron, cette rencontre visait à « rassurer le ministère que nous allons terminer les travaux avant la fin de l’année 2019. On a récupéré le temps perdu. On rassure aussi le peuple camerounais qu’il va avoir un des meilleurs stades non seulement en Afrique, mais probablement dans le monde ».

Mouvements d’humeur

Ces déclarations du gouvernement camerounais et de l’entreprise italienne ont contrasté avec des informations, non démenties à ce jour par les deux parties, relayées par des médias au début du mois de juillet, selon lesquelles, Piccini réclame à l’Etat du Cameroun un montant de 28 milliards Fcfa représentant les avenants dus au transport des matériaux préfabriqués en provenance d’Italie. Le portail des camerounais de Belgique. Entre-temps, le chantier a connu plusieurs mouvements d’humeur des employés dont le plus indicatif du malaise qui y régnait est la grève des travailleurs de deux sous-traitants, Hsd-Melt Group et 2IM, les 12 et 13 juin 2018 ; lequel a conduit à la tenue d’une réunion d’urgence entre les responsables des deux entités et le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Grégoire Owona. Les employés revendiquaient le versement des cotisations sociales à la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps), le paiement des indemnités de logement, les primes de risque, de rendement et de responsabilité, ainsi que l’augmentation de la prime de ration.

Pourtant, quelques mois auparavant, le patron de Piccini au Cameroun rassurait l’opinion publique sur le climat social et l’évolution sans anicroche des travaux. Lors d’une conférence de presse qu’il a tenue le 27 février 2018 sur le site du chantier, le directeur général, Sam Thamin a déclaré : « Officiellement, les travaux sont à 31% pour tout le chantier, mais il y a des secteurs d’activités où nous sommes à 75% ». Et de promettre : « le stade doit en principe être livré le 28 décembre 2018, mais compte tenu du fait que le pourcentage des travaux est en avance de 13%, il sera livré un peu plus tôt ».

Préfabriqués

Cet optimisme n’a pas dissipé les doutes sur le malaise au sein de l’entreprise avec la démission surprise, quelques jours plus tôt, du chef de projet, Marc Debandt, qui a remis son tablier le 17 février 2018. Pour calmer les esprits, l’entreprise italienne démentira la thèse selon laquelle cette démission était le fruit de pressions exercées par de hauts fonctionnaires camerounais. « Les allégations de pressions et d’exigences de rétro-commissions dont parlent les réseaux sociaux ne sont pas fondées », précisait-elle dans un communiqué. L’actualité sur les préfabriqués est un autre fait majeur dans les péripéties qui marquent la construction de ce stade. Ayant accusé un retard de plus de cinq mois sur la date initialement prévue, les premiers éléments préfabriqués d’une charge de 6 500 tonnes sont arrivés le 02 janvier 2018 sur le sol camerounais, à grand renfort de propagande médiatique. Pourtant, lors d’une conférence de presse conjointe avec le groupe Piccini le 17 juillet 2017, l’ambassadeur d’Italie d’alors, Samuella Isopi, assurait que « le stade [d’Olembé] sera terminé avant septembre 2018… avant la dernière inspection de la Caf. Les premiers bateaux préfabriqués sont attendus au mois de septembre 2017 ». Malgré tous ces discours finalement lénifiants, jusqu’à ce jour, l’Etat du Cameroun n’a toujours pas réceptionné l’ouvrage.

C’est en 2015 que le gouvernement confie à Piccini la construction d’un complexe sportif comprenant un stade omnisports de 60 000 places, deux stades annexes d’entraînement de 1000 places, ainsi qu’un centre commercial et un centre d’hébergement de 70 chambres pour un montant global de 163 milliards Fcfa. Le feuilleton de l’édification de cette gigantesque infrastructure dont la maquette force l’admiration promet d’autres épisodes.

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