Belles lettres de Bertrand Teyou: Le livre sur Chantal Biya paraît enfin !
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Après neuf ans de combats épiques pour la levée de l’interdiction arbitraire qui a frappé le livre de Bertrand Teyou, intitulé «La Belle de la République bananière ; Chantal Biya, de la rue au palais », l’ouvrage est désormais disponible en librairie et autres grandes surfaces.

Un ouf de soulagement!Sans conteste pour l’écrivain polémiste. Celui de voir enfin le produit de son imagination créatrice meubler désormais les rayons des librairies et autres grandes surfaces. «La Belle de la République bananière : Chantal Biya, de la rue au palais» vient de paraître aux écuries de l’édition Nation libre, au début de ce mois d’octobre 2019.

L’auteur n’est autre que le sieur, Bertrand Teyou qui s’était brillamment illustré avec deux parturitions littéraires de bonne facture, notamment L’Anté-code Biya et Sortir de l’Impasse parues respectivement en 2009 et 2010. Cette autre publication qui fit grand bruits à sa sortie en 2010, était frappée du sceau d’une interdiction qui a conduit Bertrand Teyou dans l’enfer du milieu carcéral de Douala,alors qu’il avait osé une dédicace de son livre malgré le refus formel de l’autorité administrative.

Neuf ans après ces épisodes dignes des Républiques bananières, l’ouvrage est enfin dans le circuit de dis- tribution de Messapresse. Dans cet opus littéraire riche de 192 pages, Bertrand Teyou retrace en gran- deur nature, le parcours atypique d’une enfant issue de famille modeste qui deviendra par la force du hasard, la Première dame du Cameroun, après une enfance, une adolescence nimbée du sceau d’une pauvreté et d’une misère mentale et matérielle, l’obligeant à des pratiques peu catholiques.

Bertrand Teyou, relate avec force détails, une chronologie lucide, l’incroyable histoire de Chantal Biya, digne d’un conte de fée. C’est la vie pleine de dos d’âne, truffée de hauts et de bas d’une mère de 24 ans, désespérée qui emporte le cœur de tout un chef d’Etat. Et comme il ne fallait pas s’y attendre, «Chantal Biya subit un véritable hold-up amoureux perpétré par le plus haut sommet de l’Etat. Elle ne fût pas courtisée. Elle fût enlevée, kidnappée, comme au cinéma, un péril vécu comme une chance. La chance d’avoir été au bon endroit au bon moment» narre l’auteur.

Au regard de la misère qu’elle a connue, l’amour pour cette jeune mère de jumeaux, âgée alors de 24 ans, s’était converti en viatique. Chantal Biya est devenue le parfait réceptacle des désirs qui brûlent son compagnon de président de la République. Résultat des courses, elle ne fait point l’économie d’aucune astuce pour soigner son prince charmant, lui redonner la vitalité de jeune premier, par la magie des rites gourmands. «Bien sûr que ça se joue au lit ! » s’exclame Bertrand Teyou. Au bout de moult péripéties, Chantal finit par tenir la République.

Bien plus,l’auteur raconte qu’elle deviendra «l’aéroport de toutes les randonnées avec le président,l’enivrant de câlins et d’attentions précieuses, devenant la touche sans laquelle le pouvoir de l’homme fort d’Etoudi n’est rien. Elle détiendra, de fait, par cette influence sentimentale, une parcelle de pouvoir, autorité qu’elle ne
cessera de renforcer au fil du temps».

Ivresse du pouvoir

A la longue, la première dame que Chantal est devenue n’a pu affiner ses mœurs. En dépit de l’abondance matérielle et le pouvoir. Malgré le rêve de jeune fille, devenu réalité, elle vit au Palais de l’unité, mais son âme n’a jamais quitté la «rue» d’où on l’a sortie. Elle va devenir une redoutable terreur, au cœur de la République. Suffisant pour justifier le second segment du titre de l’ouvrage. Chantal Biya, de la rue au palais.

Bertrand Teyou séquence son récit en neuf chapitres entourés par une introduction et une conclusion. Le premier chapitre relate le parcours du désespoir d’une adolescente. Le deuxième met en exergue l’épisode de Jeanne Irène Biya, défunte épouse du chef de l’Etat et l’avènement de Chantal aux côtés de l’illustre homme d’Etat. Le troisième chapitre pose le pied dans le plat des arcanes de l’ivresse du pouvoir après le récit d’une enfance et une adolescence tumultueuses. Le quatrième chapitre est voué à l’analyse de l’œuvre humanitaire de la première dame, avec un tantinet, la mise en exergue, de la folie de grandeur. Le sixième chapitre est consacré à la vie d’un couple hors normes à la tête de République. Le septième met en lumières l’infantilisation des dignitaires de la République, à genoux devant l’impératrice, une métaphore pour désigner la présidente qu’est devenue Chantal Biya, qui ne fait plus mystère sur ses ambitions de succéder à son époux de chef d’Etat, au sommet de la pyramide de la République. Le huitième chapitre est une course à la vanité. On poursuit en réalité un bonheur éphémère dans une sorte de séquence marquée du sceau de l’illusion de pouvoir.

En somme un état de lieu du présent. Le dernier chapitre, devrait être couplé au quatrième qui fait le récit de l’œuvre humanitaire de Chantal Biya alors que le dernier chapitre démontre que l’humanitaire est mis au service de l’ambition politique. «La Belle de la République bananière : Chantal Biya, de la rue au palais» est un livre qu’il faut lire absolument. Tant le style est digeste, les signes typographiques utilisés pour porter la narration ne nécessitent pas de gros efforts de
perception.

Le parcours singulier de la Première dame est raconté comme dans une œuvre biographique, un gigantesque portrait fait de peinture de frasques, des différentes facettes d’une vie talochée par la misère transformée par le fait de la chance en paradis terrestre, où les ors du palais entraînent une certaine ivresse et une mégalomanie, enrobée par l’humanitaire au service de l’assouplis- sement d’une aspiration politique en construction. Le lecteur ne pourra cependant, pas s’interdire de questionner les sources que l’auteur a utilisées pour faire une telle peinture.

Le style parfois corrosif, peut donner des indications sur la posture des autorités administratives qui y voyaient en cette œuvre, pas moins, qu’un outrage à la Première dame, si ce n’est une diffamation, pour dire le moins.

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