Un prêtre catholique  enlevé  et battu à mort par la police
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L'Abbé Jean Baptiste Noah Bella, a été kidnappé hier mardi 1er octobre 2019 à Nkolfoulou, une banlieue de Yaoundé la capitale politique du Cameroun, alors qu'il se rendait à son chantier du centre eucharistique.

Le 24 juillet dernier, une affaire rocambolesque, a défrayé la chronique au Cameroun. Il s'agissait d'une affaire de spiritualité entre Philippe Mbarga Mboa ( ministre chargé de Mission à la présidence de la République du Cameroun), son épouse et sa fille. Au coeur de ce scandale, une histoire de moeurs. De toute façon, la chronique avait été témoin d'une descente musclée de gendarmes et de policiers au domicile du ministre Mbarga Mboa au quartier Nlongkak à Yaoundé, venus expulser et sa femme, et sa fille ayant invité le prêtre à venir dire une messe pas du goût du maitre des lieux.

Alors qu'on croyait cette affaire aux oubliettes... Que non et non; nous sommes allés vite en besogne : récit.

Hier mardi 1er octobre 2019, l'abbé Jean Baptiste Noah Bella, un prêtre catholique de la congrégation des Lazaristes, prélat incriminé dans l'affaire de spiritualité Philippe Mbarga Mboa, épouse et fille, se rend à son chantier du centre eucharistique de Nkolfoulou. Chemin faisant, à l'entrée de l'Eniet de Nkolfoulou, l'homme d'église se fait barrer la route par une voiture banalisée. Il s'agit de deux policiers en civil qui lui intiment l'ordre de les suivre. Le prélat exige que ses interlocuteurs déclinent leurs identités, et lui présentent les documents rendant légale une telle action. Aussi, l'abbé Jean Baptiste Noah Bella refuse-t-il d'obtempérer. Les policiers en civil tentent de contraindre le prêtre à les suivre par la violence. Mais, revendiquant une taille de 1,80 mètres, et d'une stature jeune et solide, le prêtre qui est pour la circonstance accompagné de son neveu, est un mauvais client pour les policiers kidnappeurs qui ne parviennent pas à prendre le dessus sur lui, au cours d'une bagarre de rue rangée, devant un public médusé et incrédule. " Rien ne rebute donc plus les gens dans ce pays ! Des hommes d'église, des prêtres, des pasteurs, sont bastionnés comme de vulgaires personnes. Ce pays a déjà franchi toutes les frontières les plus inimaginables ", s'indigne une dame d'une cinquantaine d'années qui passait par là.

Les deux policiers en civil dominés par le prêtre et son neveu, ne peuvent plus continuer à se voiler la face. Ils appellent des renforts. Un véhicule du Groupement mobile d'intervention ( Gmi), arrive aussitôt, avec à bord, 15 policiers. Le rapport de force s'inverse : le pauvre prélat ne peut plus rien. Il sera sérieusement battu par les policiers. Amoché, il est jeté de force dans le véhicule. Les policiers lui marchent dessus, et lui promettent pire. L'abbé Jean Baptiste Noah Bella est conduit à la porte 312, à la délégation générale à la Sûreté nationale ( Dgsn) à Yaoundé, au bureau du commissaire Meva'a, un homme à la réputation sulfureuse, et dénoncé par des habitants de Yaoundé, comme étant dans tous les mauvais coups de la police.

Y étant, le prêtre est encore soumis à la bastonnade. Il s'évanouit et est à moitié inconscient. Les policiers prennent peur devant la possibilité pour le prêtre, de rendre l'âme des suites de bastonnade, à la Dgsn. La famille est déjà alertée, et a déjà rejoint la Dgsn. Le prêtre saigne abondamment. Il a les phalanges de la main droite, écrasés. Sa ceinture cervicale est affectée, et le prêtre a un traumatisme crânien. La famille demande au commissaire Meva'a de faire évacuer la victime à l'hôpital. Camer.be apprend alors de source introduite, que le commissaire aurait alors répondu qu'à l'article de la mort ou non, seul Martin Mbarga Nguelé le Dgsn, a le pouvoir d'ordonner son évacuation sanitaire. La famille comprend alors qu'elle a affaire à une partie adverse peu ordinaire. Pour elle, c'est clair : il s'agit d'une personnalité très haut placée.

Toutefois, le prêtre est sorti des locaux de la Dgsn, et conduit aux Centre des urgences de Yaoundé (Cury). L'abbé Jean Baptiste Noah Bella est suivi par les deux policiers en civil qui lui ont barré la route avec une voiture banalisée, à l'entrée de l'Eniet de Nkolfoulou. Ces derniers ne quittent pas l'hôpital, et surveillent toujours le prêtre interné.

Un prêtre battu et dépouillé par les policiers

Durant ses moments de lucidité sporadique, l'abbé Jean Baptiste Noah Bella confie avoir été dépouillé d'une somme de 1,3 million de francs CFA. Selon ses dires, ce montant dont il était en possession au moment de son enlèvement, devait lui servir à l'achat des matériaux de construction de son centre eucharistique de Nkolfoulou où il se rendait au moment de son agression. Outre cette somme d'argent, l'homme d'église affirme aussi avoir été dépouillé de ses téléphones. Accusés, les policiers nient tout en bloc.

L'Abbé Jean Baptiste Noah Bella a été ordonné prêtre en 2012, par Piro Piepo, l'ancien nonce apostolique du Cameroun et de la Guinée - Équatoriale. Il était curé de Ting Melen, village de Mgr. Jean Mbarga, archevêque de Yaoundé. De la congrégation des Lazaristes, l'abbé Jean Baptiste Noah Bella a été affecté à Douala la capitale économique du Cameroun.

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