Lycée d’Elig-Essono : Quand l’incommodité fait ses classes
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Bien que le cadre de cet établissement scolaire ne soit pas attrayant, des activités pédagogiques s’y déroulent depuis des années en toute quiétude.

26 août 2019. Rompus à la tâche, trois ouvriers s’activent à reconstruire l’un des murs de la clôture du Lycée d’Elig-Essono, dans l’arrondissement de Yaoundé 1er. Renversé quelques jours plus tôt par une dame ayant perdu le contrôle de son véhicule, celui-ci devait être réhabilité avant la rentrée scolaire 2019-2020, qui a eu lieu le 02 septembre dernier. A côté de ces travaux, c’est presque tout l’établissement scolaire qui est en chantier. Du portail à la vaste cour, de grands bruits se font entendre. Alors que le jardinier s’attèle à prendre soin des fleurs plantées à l’entrée principale, tondeuse en main, Melingui taille les herbes qui ont envahi les installations sportives. Les bâtiments des classes du premier cycle (de la 6e en 3e), à la peinture défraîchie et écaillée, sont restés les mêmes depuis la clôture de l’année scolaire écoulée. Les toilettes, espaces réservés pour les besoins des élèves, n’affichent non plus fière allure à l’extérieur comme à l’intérieur.

Au bloc administratif où sont regroupés parents et élèves venus solder les frais d’inscription, il est strictement interdit de s’adosser ou même de toucher aux murs qui viennent de recevoir une nouvelle couche de peinture. A quelques pas de cet édifice flambant neuf, on note la présence de trois salles de classes construites en matériaux provisoires. Celles-ci existent depuis plus de 20 ans, et abritent les élèves des classes de 2nde littéraire.

Matériaux provisoires

Pour l’année scolaire qui vient d’être lancée, les responsables de cet établissement d’enseignement secondaire ont, conjointement avec l’Association des parents d’élèves et des enseignants (Apee), décidé de réfléchir sur la problématique de ces classes qui depuis quelques années, ternissent l’image du Lycée d’Elig-Essono. Dans cette optique, ces derniers ont choisi de réfectionner ces édifices construits en matériaux provisoires, en y rajoutant du neuf sur du vieux. Ainsi, les portes ont entièrement été refaites avec de nouvelles planches. Rongées par des insectes, les planches ont été recouvertes avec des contre-plaqués. Les plafonds défectueux ont été renforcés, tout comme le sol a reçu une autre couche de ciment. D’après un ancien élève de cet établissement scolaire, « en période de pluie, les cours sont souvent perturbés à cause de l’eau qui entrent dans ces classes». Pour faire face à ce problème, les tôles, vieilles et déchirées ont été remplacées par de nouvelles.

Un peu plus loin, derrière les bâtiments des classes de 3e situés près de l’infirmerie de l’école, on retrouve cette fois, deux autres classes de 2nde scientifique, également construites en matériaux provisoires. Ici, c’est le même constat. Les travaux de réfection sont en cours. A quelques mètres de là, se trouve une autre grande pièce, elle aussi construite en planches. D’après des indiscrétions, il y a 8 ans, cette salle de classe, aujourd’hui abandonnée, servait de réserve pour les élèves de1ère mixte (allemand et espagnol). « Lorsqu’il fallait faire cours de langue, les élèves de la série espagnol faisaient cours dans la salle en dur, tandis que les autres élèves faisaient cours d’allemand dans la salle en bois », raconte un ancien élève, aujourd’hui membre de l’Apee.

Financement

Les efforts conjugués de l’Apee et des responsables du Lycée d’Elig-Essono viennent juste soulager les nombreuses difficultés que vivent enseignants et élèves. Ils visent, de manière provisoire, à améliorer le cadre de travail des enfants et des « seigneurs de la craie ». En effet, depuis quelques années, les responsables de cet établissement scolaire, le bureau de l’Apee, avec l’appui des autorités de ce quartier - notamment les chefs traditionnels - ; ont soumis au ministère des Enseignements secondaires (Minesec), le projet de reconstruction de ces salles avec du matériel définitif. Sauf que jusqu’ici, cette demande qui nécessite un financement, n’a pas encore eu une suite favorable. Au sein de l’établissement scolaire, personne ne veut se prononcer sur le sujet. Du côté des autorités du quartier, l’on dit toujours attendre l’appui des pouvoirs publics, afin que ce lycée, qui a vu le passage en son sein de nombreuses stars, à l’instar de la Lionne indomptable Michelle Akaba, puisse être digne d’une école située en plein coeur de Yaoundé, la capitale politique.

Délinquance

Au-delà de son état vétuste, le Lycée d’Elig-Essono est aussi réputé comme un établissement scolaire où la discipline n’est pas toujours la chose la mieux partagée. En février dernier, une vingtaine d’élèves de cette école ont été pris en possession d’une importante quantité de drogue alors qu’ils se trouvaient au quartier Briqueterie pendant les heures de cours. A en croire des témoignages ce jour, « c’est leur uniforme qui a facilité leur identification ayant permis de les conduire chez Jacqueline Bandolo, l’actuelle proviseur, qui à son tour a alerté les forces de sécurité avant d’exclure ces derniers. » Un peu plus loin en 2010, un élève en classe de première espagnol avait menacé Vincent Okala Essam, alors proviseur à l’époque avec un couteau. Il a fallu l’intervention de quelques éléments de la police judiciaire situé à quelques mètres de cet établissement pour neutraliser le jeune homme.

Selon certains élèves de cet établissement, cet état d’insécurité est dû au fait de l’absence d’une clôture autour de cette école. « Les élèves délinquants passent du côté du marécage où il n’y a pas de mur pour entrer au lycée et commettre des forfaits avant de s’en aller », confie Jose Ngwet, ancien élève de cet établissement d’enseignement secondaire général.

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