RETRAITÉS DU SECTEUR PRIVÉ : Vivre avec 20 000 FCFA
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Des retraités et ayants droit touchent moins de 20 000 FCFA par mois au Cameroun. Beaucoup vivent dans l’indigence. Ils ont un pouvoir d’achat relativement bas et comptent sur leurs proches pour s’en sortir quand ils n’ont pas fait des investissements.

Catherine Ilassy, 66 ans. Veuve depuis plus de 15 ans. Tous les cinq du mois, elle va dans une microfinance au quartier Messassi à Yaoundé pour toucher 19 500 FCFA. Catherine a deux enfants tous les deux fonctionnaires, et plusieurs petits enfants. Elle vit dans une maison modeste derrière le marché Elig-Edzoa. C’est une dame jugée sympathique par ses voisins. Certains la surnomment « maman escargots ». Parce qu’elle vend des brochettes de ce mollusque « seulement pendant la saison des pluies ». Pendant la saison du manioc, elle vend les bâtons de manioc. Et quand la saison ne s’y prête pas, elle compte sur le modeste loyer d’un studio construit « avec le capital décès » perçu après la mort de son époux. Il a succombé à une insuffisance rénale.

« Mon époux a travaillé pendant plus de quinze ans, mais pas toujours au même endroit. Il a travaillé à la Shell à l’époque, à la Sonel et chez des particuliers. Mais à la fin de sa vie il était un employé de l’institut africain des assurances. » Pour elle, son dernier emploi était plus intéressant mais il n’y a pas passé assez de temps pour que la pension soit consistante aujourd’hui. Catherine perçoit 19 500 FCFA. Elle aurait pu toucher plus si la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) n’avait pas prélevé une partie pour sa belle-mère, encore en vie quelque temps après le décès de son époux. L'info claire et nette. « Mama Cathy » a toujours été une femme forte selon ses fils. Une battante. Ce n’est qu’il y a quelques jours qu’ils ont su qu’elle a une pension de moins de 20 000 FCFA. Après le deuil, il a fallu envoyer les enfants à l’école, les nourrir, les vêtir et les soigner. Elle se dit chanceuse. « Quand on allait encore à la Caisse, certains de mes voisins qui sont des travailleurs retraités, percevaient 7000 FCFA par mois. Moi je touche même beaucoup », argue-t-elle, un sourire en coin.Certains retraités du secteur privé sont effectivement dans la misère. Beaucoup n’ont pas toujours eu la chance avec leurs employeurs.

Edouard Mbarga a travaillé pendant plus de 20 ans en qualité de chauffeur dans une entreprise privée. Il ne touche pas de pension de vieillesse. « Mon patron me disait qu’il cotisait pour moi. Mais ce n’était pas le cas, pendant 10 ans ». Le portail des camerounais de Belgique. Son employeur lui a dit qu’il était le seul à pouvoir l’affilier. Résultat, il n’a eu que 10 ans de cotisations, et la déclaration était en deçà du montant correspondant à son salaire net perçu. « Si j’avais été informé sur le sujet, j’aurais cotisé bien plus. Quand j’ai eu 60 ans j’ai eu une prime. Mais je n’ai pas de pension trimestrielle ou mensuelle comme mes amis ». Il raconte son histoire la mort dans l’âme. Il a reçu une allocation de vieillesse. Qui selon lui est finie à l’hôpital alors qu’il soignait une hernie. Il avait juste de quoi envoyer ses enfants à l’école quand il était travailleur. Maintenant il est trop faible physiquement pour travailler. Son pouvoir d’achat est faible. Edouard a toujours recours à l’aide de ses trois enfants et à la générosité de quelques proches pour s’en sortir. Il n’a pas construit de maison, il est incapable de payer un loyer. Il vit chez sa fille qui a l’amabilité de le loger.

RÉCOLTER CE QU’ON SÈME

La pension perçue au cours de sa retraite, dépend du nombre d’années de cotisation et du montant du salaire de base. Pour ce qui est de la pension de vieillesse, d’après les explications de Michel Eric Ava Edang, directeur technique adjoint à la CNPS, elle est calculée sur « la Vivre avec 20 000 FCFA base de la somme des salaires des 5 dernières années. Et celle des trois dernières années. On obtient la rémunération mensuelle moyenne multipliée par un taux de 8,4%. Celui qui a 15 ans de service perçoit 30% de son salaire de base. Chaque année supplémentaire au-delà de 15 ans, c’est 1% en plus. Donc une personne qui a 20 ans de service perçoit 35 % de son salaire de base ».

La CNPS a également instauré l’assurance volontaire pour les indépendants. Ceux qui ne correspondent pas à la définition du travailleur selon le code du travail. Dans cette catégorie, on peut trouver des chômeurs, des vendeurs à la sauvette, des mères au foyer bénéficiant des aides financières des tiers, des paysans, etc., la CNPS avec cette formule espère relever le taux de couverture des pensionnés avec le temps. Ces travailleurs indépendants ont la liberté de choisir le taux de leur cotisation, avec la possibilité de payer au-delà de 6 ou 12 mois. Il est également possible de passer du statut d’assuré volontaire à celui d’assuré obligatoire. Ou l’inverse. Il suffit de signaler à la Caisse pour faire le changement.

UNE REFORME PORTEUSE D’ESPOIR

À l’initiative du président de la République, la CNPS a procédé à une réforme en février 2015. Calculée sur la base du salaire maximum de 300 000 FCFA, la pension mensuelle la plus élevée était de 154 000 FCFA en 2008. Après la réforme de 2015, le plafond est à 409 100 FCFA sur la base d’un salaire mensuel de 750 000 FCFA. Le décret du 15 février 2016 autorise le relèvement du taux des cotisations sociales de 7 à 8,4 %. Il a été constaté que certaines personnes avaient des revenus de plus d’un million de FCFA mais cotisaient sur une base salariale à hauteur de 300 000 FCFA. A la retraite, il leur était difficile de vivre avec 154 000 FCFA. Un nouveau souffle qui paraît arriver à point nommé.

Selon la CNPS, « la stagnation des paramètres depuis près de trois décennies avait entraîné depuis 2007, un déficit structurel progressif de la branche des pensions qui, en 2014, était de 14,7 milliards de francs CFA, en progression de 6,7 milliards de francs CFA par rapport à 2013. En 2015, ce déficit de la branche des pensions était de 16,4 milliards de francs CFA. » La résorption du déficit est effective depuis le 31 décembre 2016 selon la Caisse. Des propositions ont été faites par le directeur général, apprend-on, pour l’amélioration des conditions de vie de ses pensionnés. Il s’agit notamment de permettre aux anciens dont le niveau des pensions est faible, de faire face aux coûts de la vie. Puisque beaucoup sont toujours payés sur la base des 7% qui étaient en vigueur il y a plus de 5 ans..

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