La grimace des prix : Les promesses non tenues du gouvernement
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Entre le discours et la pratique, les consommateurs continuent de débourser plus qu’avant pour joindre les deux bouts.

Sur un bout de papier, Alvine prend soin de dresser la liste des denrées alimentaires qu’elle va acheter au marché. Elle s’applique au point de ne pas oublier d’y adjoindre les prix. Surtout qu’elle veut être sûre de la somme avec laquelle elle pourra « faire son marché » pour deux jours. « Avant, avec 5000 Fcfa, je faisais le marché pour quarante-huit heures sans problème. Maintenant, il faut au moins 6000 à 7000Fcfa pour la ration », explique cette mère de deux enfants. C’est que, au fil des ans, il est difficile pour les ménagères de s’approvisionner aisément pour le repas en famille. Dans les espaces marchands, les commerçants n’ont de cesse de se plaindre de la hausse des prix des marchandises. Une augmentation généralisée qui avait suscité une descente dans la rue des populations dans plusieurs villes du Cameroun en 2008.

A la suite de ces événements, le président de la République avait annoncé une série de mesures visant à augmenter le pouvoir d’achat des populations et à limiter la hausse des prix. Parmi lesquelles une augmentation du salaire des fonctionnaires de 10%. En outre, Paul Biya avait évoqué un plan d’urgence de relance de l’agriculture et de la pêche, la création d’un Fonds spécial destiné au financement d’un programme d’urgence d’accroissement de la production agro-pastorale à très court terme. Le Premier ministre d’alors, Inoni Ephraïm, avait également encouragé ses concitoyens à privilégier la consommation des produits locaux. Depuis lors, les prix des produits de grande consommation n’ont pas changé.

En ce qui concerne les produits pétroliers, le super est passé de 569 Fcfa en 2008 à 650 Fcfa depuis le 1er juillet 2014. Parallèlement, le prix d’un litre de gasoil qui coûtait 520 Fcfa se consomme à 600 Fcfa. La bouteille de gaz domestique de 12,5 Kg au augmenté de 500 pour se situer à 6500 Fcfa. Le transport urbain dont le ramassage en journée coutait 150 Fcfa en 2008 coûte aujourd’hui 250 Fcfa. Le transport interurbain a connu une hausse qui se situe entre 500 et 1000 Fcfa, en fonction des compagnies de transport. Sur les étals, le riz a enregistré une augmentation qui va jusqu’à 2000 Fcfa pour un sac de 50 kg. Au moment où la hausse des prix des huiles végétales varie entre 100 et 200 Fcfa, en fonction de la marque. Il en est de même du prix du kilogramme du poisson frais (notamment le maquereau), celui du poisson fumé (hareng, morue) ainsi que du coût de l’huile rouge et du sucre. Les produits brassicoles ne sont pas en reste avec une augmentation des boissons gazeuses qui oscille entre 250 et 400 Fcfa par bouteille cassable et 200 Fcfa pour la bière, etc. A l’inverse, la mise en place des mesures annoncées, visant à booster le secteur agropastoral, reste toujours attendue. Le portail des camerounais de Belgique. Paradoxalement, ce n’est que onze ans plus tard que le ministère du Commerce (Mincommerce) va tenter un réveil, en mars 2019, en rendant publique une liste des produits de grande consommation portant des prix homologués. Cette liste concerne principalement le riz et le poisson. Une solution jugée inefficace et improductive par les associations de défense des droits des consommateurs. « Les prix du pain, du lait, de la farine, du sucre, pour ne citer que ces produits, ont augmenté. Depuis deux ou trois ans, les taxes et autres impôts étouffent les commerçants qui les répercutent sur les pauvres consommateurs. Le sucre connaît une spéculation sur le marché. Nous invitons l’Etat à subventionner ces produits, à accompagner les agriculteurs, à protéger les producteurs locaux, à accompagner la transformation des produits localement. Ce n’est que par là que viendra le salut et la fin de la vie chère », explique le président de la Fondation camerounaise des consommateurs (Focaco), Ayissi Abena.

D’après ce dernier, la détermination du Mincommerce à faire des descentes dans les marchés et procéder à la fermeture des boutiques et autres poissonneries, pour non-respect des prix, ne permettra pas, à long terme de lutter contre la vie chère. Ce qui fait dire au sociologue Louis Roger Kemayou que tous les ingrédients sont réunis pour un autre février 2008. A une condition. « Aussi longtemps que le Camerounais aura son bâton de manioc, son poisson et sa bière, ne comptez pas sur lui pour manifester. Lorsque les Camerounais ne pourront plus vivre à leur aise, qu’ils auront conscience qu’ils sont opprimés, alors là, ils se révolteront », tranche le chercheur.

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