Livre: Mayi Matip, de maquisard en 1957 à Député en 1959
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CAMEROUN :: Livre: Mayi Matip, de maquisard en 1957 à Député en 1959 :: CAMEROON

Mayi Matip. Ce nom, à jamais lié à la tragique disparition de Ruben Um Nyobè le samedi 13 septembre 1958, fait partie des grands noms de l’histoire de la décolonisation du Cameroun, et des deux premières décennies de notre indépendance. Il a été vice-président de l’Assemblée Nationale pendant plusieurs années, et un dignitaire du régime d’Ahmadou Ahidjo. Par ailleurs, il a été un grand notable du Nyong & Kelle, sans oublier son titre prestigieux de Mbombok, c’est-à-dire de sage chez les Bassaa, presque qu’un mystique.
Les uns l’apprécient, d’autres, naturellement, le détestent. Mais, telle est la rançon de la célébrité, et de toute carrière politique.
Quel homme politique de grande envergure n’est-il pas à la fois honni et adulé ?

………………………………

VII

L’abandon de la lutte armée par Mayi Matip

L’assassinat de Ruben Um Nyobè a suscité auprès de très nombreux Camerounais, un débat passionné sur le bien-fondé ou non de la lutte armée pour venir à bout du colonialisme dans notre pays. La majorité des personnes avaient basculé vers un combat de nouveau pacifique, comme avant le déclenchement de la guerre d’indépendance au mois de décembre 1956, à la suite de l’impossibilité pour l’UPC de participer au scrutin législatif du 23 décembre 1956. Les arguments qui militaient dans ce sens, étaient que le rapport des forces sur le plan militaire était extrêmement défavorable aux upécistes. L’armée française était surpuissante par rapport à la leur. Ses troupes étaient parfaitement entraînées et expérimentées pour faire face à une guerre d’indépendance, elles revenaient soit de l’Indochine, soit de l’Algérie. En plus, son armement était impressionnant.
Le second argument qui militait en faveur du retour à la lutte pacifique pour l’indépendance, était que la voie armée était en train de coûter excessivement cher en vies humaines. De très nombreux villages se retrouvaient rayés de la carte en Sanaga-Maritime, et cela commençait déjà à se produire également en Région Bamiléké . Les militaires français abattaient les gens sans sommation, dès lors qu’ils étaient surpris dans leurs champs ou dans des zones interdites à la circulation. La torture pour leur arracher des aveux était généralisée et d’une rare cruauté. La population était concentrée dans des villages-prisons à ciel ouvert d’où il lui était interdit de sortir. L’armée française avait reconstitué les camps de concentration nazis au Cameroun. La terreur régnait partout.
Le troisième argument était qu’il existait déjà un gouvernement au Cameroun signe que l’indépendance n’allait plus tarder à être proclamée. Que celui-ci fut authentique ou fantoche, était un autre débat. Toujours était-il qu’il était en fonction et composé de Camerounais excepté un seul membre, un Français du nom d’Alfred Mendon.
A ces arguments il fallait ajouter les très nombreuses sorties du maquis des combattants de l’armée de l’UPC, en Sanaga-Maritime, épuisés par la guerre et démoralisés par la mort de Um Nyobè.
Mayi Matip avait rejoint cette option d’un retour au combat pacifique pour l’indépendance.

VIII

L’élection de Mayi Matip à l’ALCAM en 1959 et la critique de la ligne politique de Félix Moumié

En conformité à cette option, une opportunité s’était rapidement offerte à lui, et qui avait déjà fait débat du vivant de Um Nyobè : l’entrée au Parlement. En effet, le Haut-commissaire Pierre Messmer avait envisagé l’organisation d’élections partielles en Sanaga-Maritime pour intégrer Um Nyobè au sein de l’A-LCAM, en d’autres termes, le faire sortir du maquis. Mais, pour diverses raisons, cette opportunité n’avait guère été retenue par ce dernier. Les postes de députés de ce département demeuraient toujours non pourvus, suite à l’assassinat de deux des candidats au scrutin législatif du 23 décembre 1956 pour lequel l’UPC avait prôné le boycott et le saccage des bureaux de vote : le Dr Charles Delangué et le forestier Samuel Mpouma.
Um Nyobè décédé, la question de l’élection partielle était redevenue d’actualité. La date d’avril 1959 avait été retenue pour celle-ci.
Mayi Matip s’était porté candidat et avait composé une liste dénommée « Liste pour la réconciliation et l’indépendance nationale», avec Nomga Yomba. Celle-ci sera aisément élue. Il désirait aller poursuivre le combat pour l’indépendance du pays au sein du Parlement. Aussi, il se met à critiquer la ligné politique défendue par Moumié Félix.
Au mois de septembre 1959, de passage à Paris à destination de l’ONU, il accorde une interview à Philippe Drecraene du journal Le Monde.

« ─ Pourquoi vous rendez-vous à New York ? ─ Nous jugeons utile de faire connaître nos positions à l’opinion internationale qui identifie trop souvent l’UPC à M. Moumié (…)
─ Vous préconiseriez le retour des leaders extrémistes actuellement réfugiés à Conakry ?
─ Les pays afro-asiatiques et ceux du bloc soviétique sont entrés dans le jeu politique camerounais. Par manque d’information, ils accordent une aide à ceux qui prétendent agir au nom de l’UPC et desservent ainsi les véritables intérêts du Cameroun… »

…………….

Table
Avant-propos
1 - Naissance et enfance de Mayi Matip
2 - Adhésion à l’UPC
3 - Secrétaire administratif de
4 - Ruben Um Nyobè
5 - Deux années de prison pour upécisme
6 - La condamnation à mort de Ruben Um Nyobè par Yaoundé
7 - La tentative infructueuse d’exfiltration de Ruben Um Nyobè par des Français anticolonialistes
8 - L’abandon de la lutte armée par Mayi Matip
9 - L’élection de Mayi Matip à l’ALCAM et la critique de la ligne politique de Félix Moumié
10 - Mayi Matip organise un congrès de l’UPC « légale » en 1962 à Yaoundé qui tourne en sa défaveur
11 - L’opposition au parti unique : second emprisonnement de Mayi Matip au mois de juin 1962

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