ALUCAM au bord de la faillite
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Après Cellucam, Alucam risque aussi de mettre la clé sous le paillasson Les pouvoirs publics ne trouvent toujours pas de repreneur après le brusque départ de Rio-Tinto-Alcan. Certes, le prix de la matière première a grimpé ces derniers temps au niveau du marché mondial mais la gestion au quotidien de l’usine laisse aussi à désirer. Les sous-traitants et employés sont à bout de souffle. La fermeture de l’usine est imminente.

Alucam produit de l’aluminium primaire par électrolyse de l’alumine à Edéa. Lors de cette opération s’effectuant dans plusieurs ateliers totalisant 274 cuves à cathode et anode en carbone, l’alumine est dissoute dans un bain d’électrolyse de près de 1000 degrés et se décompose en aluminium liquide déposé sur la cathode, l’oxygène brûlant sur l’anode. Après la production du métal liquide dans la série d’Electrolyse, celui-ci est acheminé à la Fonderie où il est mis en forme avant d’être coulé en lingots et plaques. Les lingots sont principalement vendus sur le marché européen mais les plaques sont acheminées vers Socatral, une autre unité de production du Groupe spécialisée dans la fabrication des bobines, disques et tôles.

De source digne de foi, sur les 274 cuves, 74 viennent d’être mises en arrêt à cause de la matière première qui fait défaut. Alucam connaît en effet une véritable tension de trésorerie et éprouve d’énormes difficultés à importer l’alumine, le brai et la coke ; les principales matières premières usitées dans la production de l’aluminium en lingots.

Cessation de paiement

L'heure est grave dans cette entreprise qui vit une véritable disette d'argent. Les intérimaires Emploi Service et Shooting Star ainsi que l’ensemble des sous-traitants locaux n'ont assuré aucun salaire depuis plusieurs mois et menacent même d’envoyer le personnel en congé technique.

Les agents Alucam quant à eux ont vu leur désintéressement chuter de 11.6 à 7.3. Il s’agit d’une prime allouée au personnel en tant qu’actionnaire à l’ordre 1,1%. Le calcul est fait au prorata des bénéfices engrangés et ne se définit par points. Les 7.3 de cette année représentent la valeur la plus faible depuis les trois dernières décennies. Seulement, même cette pitance n’a pas encore été honorée jusqu’à ce jour alors que cela aurait dû être fait depuis mi-mars 2019.

Le climat social est très tendu. La fête du travail du 1er mai qui s’annonce pourrait être compromise. Le Directeur, à en croire son entourage, dit qu'il ne peut faire aucun miracle. Les caisses sont vides !

Discrimination

Du coup, la sous-traitance locale pense qu’elle fait l’objet d’une discrimination qui ne dit pas son nom. Selon nos informations, la plupart des entreprises françaises qui sous-traitent à Alucam reçoivent un traitement de faveur au détriment des entreprises locales. L’allusion est faite aux sociétés du Groupe Bolloré qui n’ont aucun retard de paiement, nous a-t-on fait savoir. Du coup, les employés, en proie à une fièvre obsidionale regrettent l’époque Mohamadou Bassirou ; l’ancien directeur de l’usine qui avait annoncé sa démission pour des raisons personnelle et familiale le 4 janvier 2018. Le Dr Bassirou avait été porté à la tête de cette usine le 1er août 2014, quelques mois avant le retrait de Rio-Tinto-Alcan de l’actionnariat du Groupe Alucam.

Crise sociale

Selon certains nostalgiques, le Dr Bassirou avait réussi à payer les dettes d’une valeur de 3.000.000.000 F. CFA et au moment où ce dernier voulait réinjecter de l’argent dans les caisses notamment pour l’achat des machines, des pièces de maintenance et aussi apaiser le climat social très tendu (avec le gel des promotions individuelle et collective, la suspension des embauches et des départs en retraite volontaire), il a été poussé à la démission par Yaoundé.

Larrons en foire

Certains fonctionnaires véreux en charge du dossier Alucam à Yaoundé estimaient que les mesures Bassirou n’étaient pas nécessaires pourtant le Gouvernement a besoin d’argent pour colmater la brèche laissée par Rio-Tinto-Alcan. Le Dr Bassirou parti, Yaoundé a installé à la tête de l’usine Thomas Manga, un ancien de la maison sortie du chômage à Douala. Ce dernier se fait accompagner d’Angèle Modi Koko et de Justin Onana. Les trois larrons en foire sont tous originaires du Grand Centre-sud et depuis qu’ils président aux destinées de l’usine, c’est une véritable descente aux enfers, malgré toutes les mesures prises pour booster les performances de l’entreprise.

Alucam avait en effet mis en service une chaine de laquage de tôles à Socatral, réduit son personnel, opté pour la camerounisation de tous les cadres (zéro expatrié depuis 4 ans), supprimé divers avantages sociaux (prise en charge sanitaire; étrennes, activités sportives, avancements et promotions, etc...) et réduit le taux d’importation de l’alumine.

Réduire les dépenses

Alucam avait mis un bémol sur les heures supplémentaires et sur l’achat des tenues et équipements de protection. Mais les bénéfices générés, à en croire nos sources, ne profitent pas entièrement à l’entreprise qui suffoque. On annonce une fermeture imminente si rien n’est fait pour stopper l’hémorragie. Les sous-traitants locaux cumulent plusieurs mois d’arriérés de salaire, les machines et équipements sont vétustes, les salaires des agents sont manipulés et revus à la baisse, le climat social est tendu et le dialogue social est inexistant.

Il se dit d’ailleurs au sujet d’Alucam que le métal et les tôles sortent de l’usine de jour comme de nuit mais la direction n’a jamais de l’argent dans ses caisses. Mais la même direction trouve l’argent pour renouveler les Prado flambant neufs des directeurs et assimilés.

Affaire à suivre

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