Il est poursuivi pour le viol et l’assassinat de ses nièces
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Un jeune commerçant est accusé d’avoir empoisonner ses nièces, abuser d’elles avant de les assassiner. Pour cela, l’accusé répond devant cette juridiction des faits de violences sur enfants suivi de meurtre. La défense entend faire annuler la procédure avec une panoplie d’exceptions d’ordre procédural.

Déjà un an que le drame a eu lieu. Mimi et Poupina, deux soeurs âgées respectivement de 7 ans et 5 mois ne sont plus. Aux dires de leurs parents, elles ont été froidement assassinées par leur oncle. Ça fait aussi un an qu’Aurélien Tankoua Mbankui, commerçant à Douala, croupit à la prison centrale de Nkongsamba sans que la procédure judiciaire mise en mouvement contre lui ne connaisse d’évolution notable. L’affaire de violences sur enfants suivi de meurtre qui l’incrimine devant le Tribunal de grande instance (TGI) du Moungo marque le pas sur place du fait des exceptions d’ordre procédural soulevées par Me Alice Nkom, conseil du mis en cause.

A l’audience du 6 mars 2019, l’accusé a plaidé non coupable des charges qui pèsent sur lui. Son avocate a abondé dans le sens de ses critiques antérieures. Elle a expliqué que la procédure a été biaisée dès son début. D’abord, il y’a jamais eu confrontation entre M. Tankoua et ses accusateurs. Le conseil s’offusque de ce que son client a été bastonné par les éléments de la police judicaire le jour de son interpellation, et que lors de sa garde à vue au commissariat central de Nkongsamba, jusqu’à son déferrement à la prison centrale, il n’a aucunement bénéficié ni de l’assistance d’un avocat, ni des soins d’un médecin alors qu’il souffrait de divers maux. Me Nkom a demandé au juge de frapper cette procédure de nullité. Le ministère public va qualifier ces exceptions de «prématurées ». Le juge a renvoyé l’audience au 3 avril prochain, pour donner sa réponse.

L’origine de l’affaire

D’après l’acte d’accusation dont Kalara Camer.be a obtenu copie, l’affaire s’est déclenchée le 10 mars 2018 dans la ville de Nkongsamba. La police est intervenue pour sauver un jeune homme victime de la vindicte populaire. Il est pris à parti par la foule qui s’en tenant à la version des faits de deux parents, l’accuse d’avoir administré des substances inconnues à deux enfants dont il a sexuellement abusé et qui sont décédés des suites de ces sévices. Pour sa part, le mis en cause avait expliqué qu’il s’est rendu la veille au centre-ville de Nkongsamba pour assister aux obsèques d’un ami. Il a effectué un détour au retour, et à passer la nuit au domicile de son cousin, géniteur des défuntes fillettes.

Il s’est affalé dans le sofa face au poste téléviseur qui captivait l’attention de cinq enfants dont les deux filles disparues. Revenue du lieu des obsèques un peu plus tard, la mère des enfants dit avoir été intriguée par une tache de sang sur le pantalon de son beau-frère au moment de lui remettre une couverture. La marque était visible au niveau de la fermeture. Autre curiosité, au moment de conduire ses fillettes au lit, elle constate que le vêtement de Poupina est lui aussi taché de sang, de même que celui de Mimi, sa nièce. Le lendemain, la mère au foyer constate que les enfants vont mal et se rend dans un centre de santé. Sur place, elle apprend que l’anus des deux filles est «dilaté».

Malheureusement, elles décèdent presqu’aussitôt. Les soupçons des parents se portent aussitôt sur le cousin, seul adulte présent dans la maison avec les gamines. La foule ne tarde pas à punir celui qui est vu comme le coupable de ce double drame. En guise d’explications, l’accusé raconte que le sang retrouvé sur son pantalon, provient d’une rixe à laquelle il s’était interposé dans son bar la veille. Il signale qu’il avait d’ailleurs saisi le poste de police pour signaler l’incident. Ses proches vont, quant à eux, soutenir qu’il est un homosexuel et que son lieu de commerce est particulièrement fréquenté par des hommes de la même orientation sexuelle que lui. C’est donc sans surprise qu’ils ont été informés qu’un tel forfait lui a été imputé. Le juge d’instruction ne va pas se laisser attendrir par ces arguments. Pour lui, le mis en cause a drogué les fillettes avant de les sodomiser. La conviction du magistrat provient des conclusions de l’autopsie réalisées sur les dépouilles qui relèvent que les décès sont dus à une «intoxication à un dérivé opiacé, sans exclure le gros traumatisme de sodomisation.»

La défense soutient pour sa part que la cause du décès est ailleurs. Elle conteste le rapport d’autopsie qui n’a pas déterminé la nature du sang entachant le pantalon de l’accusé et les vêtements des disparues. Toujours en lien avec le compte-rendu du légiste, les avocats notent qu’aucun hôpital n’a été reconnu compétent pour réaliser un véritable examen conformément aux instructions judiciaires qui avaient été données. Mais plus tard, le légiste a mené une expertise. Cependant, l’équipe d’avocat que dirige Me Alice Nkom oriente son analyse sur la démarche judiciaire et le traitement déshonorant dont a été victime son client. Elle s’offusque par exemple du fait que M. Tankoua ait été déshabillé par les officiers de police judiciaire et par la suite pris en photo tout nu par ces derniers en violation des lois sur la dignité humaine. Lesquelles photos ont été abondamment partagées sur les réseaux sociaux.

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