Cameroun, Libertés publiques: Mekobe Sone, juge partial
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Cameroun, Libertés Publiques: Mekobe Sone, Juge Partial :: Cameroon

Le premier président de la Cour suprême condamne la « démesure » dans l’expression des libertés politique, mais ignore la systématisation de l’interdiction des marches de l’opposition.

S’exprimant hier jeudi sur les libertés politiques, à l’occasion de la rentrée solennelle de la Cour suprême, le premier président de cette institution, Daniel Mekobe Sone, a estimé que celles-ci connaissent aujourd’hui de nombreuses dérives. C’est « le règne de la démesure », a-t-il dénoncé. « La démesure a envahi le champ des libertés au Cameroun […] Que révèle la réalité quotidienne ? Aujourd’hui plus qu’hier, l’expression des libertés s’éloigne considérablement des gardes fous fixés par les lois en vigueur […] La République est régie par des lois, et la Cour suprême est garante de l’application des lois. Il nous a semblé opportun de tirer la sonnette d’alarme sur les fortes dérives constatées dans l’expression des libertés au Cameroun », va observer le patron de la haute juridiction.

Sans les nommer, Daniel Mekobe Sone fait allusion à la série de manifestations organisées par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), depuis l’élection présidentielle du 07 octobre 2018. « Toutes les contestations formulées devant une tribune autre que celle prévue par la loi électorale, constitue une dérive de l’expression des libertés publiques. C’est du libertinage politique. La tribune des réseaux sociaux et de la démocratie virtuelle ne changent pas nos lois. Plus grave se trouve être la situation de ceux qui ont choisi, non pas d’exprimer leur volonté politique dans le cadre d’un parti, mais plutôt dans le cadre des mouvements terroristes. Il s’agit simplement de la négation de la liberté politique », va trancher le haut magistrat.

Les actes terroristes, a-t-il poursuivi, « sont sévèrement condamnés tant par le règlement 01/Cemac du 11 avril 2016, que par la loi camerounaise 2014/028 du 23 décembre 2014 portant répression des actes de terrorisme […] On le voit bien, la répression est proportionnelle à la gravité des actes ». Ce discours du premier président de la Cour suprême semble avoir pour objectif de préparer l’opinion quant au sort qui est réservé au président national du Mrc, Maurice Kamto, certains de ses lieutenants et plusieurs militants de son parti, arrêtés les 26 et 28 janvier derniers, après des manifestations qu’ils avaient organisées dans les villes de Yaoundé, Douala, Bafoussam et Mbouda, « en violation de la loi ». Ils ont été inculpés le 12 février dernier pour « rébellion de groupe », « insurrection, « hostilité contre la patrie », « association de malfaiteurs », « trouble à l'ordre public », « incitation à la révolte », « attroupement », entre autres charges retenues contre eux. Ils ont ensuite été mis sous mandat de détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui. « La démesure dans l’expression des libertés doit faire face à la fermeté de la loi, même s’il faut toujours une mesure dans le traitement de la mesure. C’est le rôle que le juge est appelé à jouer dans [notre] démocratie. La démocratie, c’est d’abord le respect de la loi. Et un peuple, un Etat, ne sont forts que
quand les lois sont fermes, appliquées avec rigueur et respectées par tous […] Autant on veille à la libre expression, autant on doit s’assurer que les citoyens déroulent leurs libertés dans le cadre prévu par la loi », conclut Daniel Mekobe Sone.

Le patron de la haute juridiction a soigneusement évité la question de l’interdiction systématique des manifestations publiques des partis politiques de l’opposition et de la société civile, par les autorités administratives. Cette pratique systématisée au nom du sacro-saint principe de la préservation de l’ordre public, se fait pourtant en violation flagrante de la loi du 19 décembre 1990 fixant le régime des réunions et des manifestations publiques.

D’un tout autre côté, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), au pouvoir, tient ses meetings à travers le pays sans entrave. Les préfets et sous préfets, qui ne se contentent pas seulement d’assurer l’encadrement sécuritaire de ces manifestations, y participent souvent, assis à la tribune d’honneur

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