Yaoundé : La couleur jaunâtre de l’eau inquiète
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Peu convaincus de la qualité du liquide qui sort de leurs robinets, certains consommateurs ont recours, entre autres, aux méthodes de filtration et à l’eau minérale.

Anne Atangana ne sait plus à quel Saint se vouer. Depuis deux semaines, l’eau qui coule de son robinet est de couleur jaunâtre. «Boire de ce liquide me fait peur. Lorsqu’on puise de l’eau de la Camwater, au bout de trois heures, on voit au fond du récipient des particules jaunes», se désole cette habitante du quartier Nsimeyong, situé dans l’arrondissement de Yaoundé III. L’inquiétude se fait également ressentir dans la famille Nyemb, résident au quartier Obobogo. Ici, les robinets sont constamment à sec. Et lorsque l’eau revient, généralement tard dans la nuit, sa couleur donne des frissons.

«Je dois d’abord puiser et vider deux à trois fois le contenu du récipient pour recueillir de l’eau parce que les premiers jets sont sales», se désole la mère de famille. Celle-ci ne manque pas de relever au passage le coût élevé des factures. «J’ai de l’eau deux semaines sur quatre et je paye l’eau à 5000 Fcfa par mois !» se plaint-elle. Ce problème de la couleur de l’eau ne se pose pas seulement dans l’arrondissement de Yaoundé III. Au quartier Etoug-Ebe, à Yaoundé VI, Jean Ottou est devenu distant vis-à-vis de l’eau de la Camwater. «Elle fait peur à voir. Je ne peux pas la consommer», jure-t-il à haute voix. La réaction est semblable pour le reste de la maisonnée. «L’eau paraît souillée.

La Camwater n’entretient pas ses canalisations et elle nous facture de l’eau cher. Bientôt nous allons abandonner ce liquide», renchérit la fille aînée de la famille, Amandine Ottou. Du côté de Ngoulmekong, dans l’arrondissement de Yaoundé V, le liquide du robinet a été quasiment abandonné. Les habitants de ce quartier préfèrent consommer l’eau du forage. «L’eau de la Camwater ne sert qu’à faire de la vaisselle et autres travaux ménagers », confesse, embêtée une dame. Eau minérale et filtre Pour pallier cet inconfort, d’aucuns ont développé plusieurs stratégies.

La méthode la plus célèbre pour rendre cette eau incolore, inodore et sans saveur est la filtration ; laquelle prend différentes formes en fonction des ménages. «Je coupe une bouteille en deux et j’utilise la partie supérieure et du coton pour filtrer mon eau. L’état du coton après ce procédé laisse à désirer», raconte une habitante de Yaoundé. Comme elle, nombreux sont ceux qui le font pour ne pas tomber malade. Certains ont même posté sur les réseaux sociaux ce coton jaunâtre après usage. Mais ces derniers déplorent également le budget que prend l’achat du coton et des bouteilles.

«Je dépense 600Fcfa à 900Fcfa par semaine pour le coton. Ça réduit mon argent de poche. Je ne suis pourtant encore qu’un étudiant. Mais mieux vaut cette astuce que la typhoïde», explique, courroucé, Zachée Kemogne, étudiant dans une université de la place. D’autres font de grands sacrifices en achetant des filtres à eau ou en les installant directement sur leurs robinets de cuisine. Des concepteurs ont même créé différents modèles. L'info claire et nette. On est passé de l’inox au plastique. Le plastique, à la mode, est commercialisé à partir de 19 000 Fcfa (17 litres) et attire plus d’un de par ses formes et ses couleurs. «Avec mon filtre, je suis sûre que mon eau est potable et je n’aurai pas mal au ventre», pense Angèle Eloundou. Posant affectueusement sa main sur son appareil, elle déclare avec assurance : «C’est mieux ainsi. Ma famille et moi nous sommes à l’abri des maladies hydriques».

Dans le souci de «se protéger», madame Bile a opté pour de l’eau minérale. «Le filtre perd le temps. Il faut encore le nettoyer avec l’eau du robinet dont la couleur me pose problème. Je vis avec ma fille. Nous buvons uniquement de l’eau minérale. Les entreprises qui les commercialisent nous ont facilité la tâche en réduisant les coûts», développe cette mère de famille qui espère que la situation va bientôt changer. La couleur de l’eau a souvent été source de méfiance aussi bien au sein de la population camerounaise que dans les milieux des expatriés. En septembre 2016, dans une note publiée sur son site, l’ambassadeur de France au Cameroun avait indiqué que l’eau du réseau public camerounais «ne peut être considérée comme potable de manière permanente». Il déconseillait par ailleurs «fortement » à ses ressortissants de consommer l’eau du robinet au Cameroun, généralement source de maladies hydriques.

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