INSÉCURITÉ : La crise anglophone fait perdre 270 milliards et 6500 emplois
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C’est ce qui ressort d’un rapport du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) sur l’impact de la situation sociopolitique des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest dans l’économie nationale.

Intitulé « Insécurité dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest : conséquences économiques et impacts sur l’activité des entreprises », le rapport réalisé en juillet 2018 par le Gicam est éloquent sur la saignée économique engendrée par l’instabilité qui s’est installée en zone dite anglophone depuis deux ans.

Le document du Gicam révèle que « la crise a déjà coûté 2 153 192 651 FCFA de destruction de biens immobiliers, de matériels roulants, et meubles. Le manque à gagner en termes de chiffres d’affaires est estimé à 269 056 139 065 FCFA. camer.be» En outre, il est précisé que ces pertes enregistrées par les entreprises « impliquent mécaniquement un manque à gagner immédiat de 5 919 235 059 FCFA de recettes fiscales pour l’Etat au titre de l’acompte de l’impôt sur les sociétés. En termes d’emplois, les pertes sont essentiellement celles des entreprises agro industrielles. Dans l’ensemble, près de 8000 emplois relevant du secteur formel sont aujourd’hui menacés en plus des 6434 emplois déjà perdus sur les sites en arrêt de production des agro-industries. »

Pour illustrer « ces chiffres catastrophiques », le Gicam met en exergue la situation actuelle de certaines filières dans ces deux Régions. Ainsi, dans la filière cacao-café, l’on note des pertes de 56 milliards de FCFA de recettes d’exportation, et des arrêts d’activités en vue pour les transformateurs locaux. Dans l’agro-industrie, l’on relève l’agonie de la Cameroon Development Corporation (CDC) et de Pamol Plantations, avec un milliard de FCFA de biens détruits et 12 milliards de FCFA de manque à gagner pour la CDC uniquement. En plus, les entreprises spécialisées dans les services agricoles connaissent une baisse de 60% de baisse d’activités.

PARALYSIE DES STRUCTURES ÉCONOMIQUES

A l’évidence, les structures économiques du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont spécialement ciblées. De fait, plusieurs aspects de cette crise sont délibérément organisés à cette fin et débouchent sur des conséquences économiques gravissimes. Au rang de ces actions malveillantes, l’on recense les «villes mortes» qui selon le Gicam «ont des conséquences dramatiques sur les activités économiques et les revenus des ménages. Les artisans et les commerces de détails étaient les premiers à en pâtir. Au vu du prolongement de ces opérations, le rattrapage des journées d’activité perdues est devenu impossible pour l’ensemble des acteurs économiques »,déplore le patronat.

Aux « villes mortes », s’ajoutent les attaques ciblées sur les structures économiques. D’après le Gicam, elles « ont commencé par les chantiers de réalisation des infrastructures publiques à travers les enlèvements des employés déployés par les entreprises et ont stoppé net leurs réalisations. L'info claire et nette. Elles ont ensuite ciblé les installations des entreprises parapubliques (Pamol et CDC), paralysant systématiquement l’activité de ces mastodontes qui ont pourtant des effets structurants importants sur l’écosystème économique de leurs zones d’implantation et au-delà. Les attaques sont désormais également perpétrées de manière aveugle sur les outils de production dans tous les secteurs comme des cibles faciles (véhicules pour transport de personnes et de marchandises), ceux générant des cash-flows (stations-services) et ceux présentant un intérêt stratégique (pylônes des entreprises de télécommunications). »

Les intimidations, enlèvements et assassinats des employés et responsables d’entreprises ne sont pas en reste. Le Gicam renseigne qu’ en plus des responsables administratifs, plusieurs entreprises ont été ciblées par des enlèvements de leurs employés, suivis de demandes de rançon dont certaines ont tourné au drame. Sont principalement concernés par ces enlèvements, les employés déployés sur les chantiers des infrastructures publiques et ceux des entreprises et commerces refusant de se plier aux appels aux «villes mortes.»

MESURES CONTRE-PRODUCTIVES

Les abus d’autorité de certains agents administratifs sont également indexés. En effet, le Gicam indique que «déjà en proie aux intimidations de toutes sortes de la part de groupes armés et d’individus non identifiables, les entreprises de plusieurs villes de ces 2 Régions doivent en plus composer avec des décisions abusives et parfois contre-productives de certaines autorités administratives locales. Le portail de la diaspora camerounaise de Belgique. Il en est ainsi de la mise sous scellés des agences et autres établissements de commerce très souvent sans aucun avis et ne donnant lieu à aucun procès-verbal qui permettrait d’en connaître formellement les motivations. Verbalement et de manière laconique, ces autorités se contentent très souvent d’évoquer le respect du mot d’ordre de « ville morte » comme justificatif, ignorant volontairement les difficultés à garantir la sécurité des employés et des clients à certaines occasions, notamment les jours où des mots d’ordre de grève sont lancés.»

Fustigeant cette attitude contre-productive, le Gicam relève que « ces actions qui relèvent d’un excès de zèle et même d’un abus d’autorité sont fortement préjudiciables pour des entreprises dont les activités sont déjà grandement hypothéquées par le climat d’insécurité. Lorsqu’elles concernent les agences des établissements bancaires encore en activité, ces décisions sont de nature à provoquer un effet de panique chez les clients avec des conséquences incalculables. En outre, elles laissent gravement penser que la neutralité politique des entreprises serait désormais mise en doute par ces autorités. »

Au regard du contexte économique fragile dans lequel cette crise est intervenue, le risque est désormais grand de voir la dégradation se généraliser à l’ensemble de l’économie du pays, notamment via un resserrement excessif des conditions de crédits. C’est l’ensemble du climat des affaires qui souffre, impactant négativement l’attractivité du pays pour de nouveaux investisseurs avec le risque de délocalisation de certains investissements et le recul de la notation du Cameroun sur les classements internationaux. Un plan de mitigation s’impose désormais à travers le renforcement des mesures de sécurisation, le soutien aux unités encore opérationnelles dans ces Régions, la réduction des répercussions à l’ensemble de l’économie, et le relèvement économique post-crise des 2 Régions.

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