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© Correspondance De : Albin NJILO
- 30 Dec 2017 01:15:49
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Le deuxième pont sur le Wouri : Une illustration des nombreuses dérives observées au Cameroun :: CAMEROON
Le 03 Octobre 2017, les populations de Douala vont assister à l'ouverture partielle du deuxième pont sur le Wouri. Alors qu’on s’attendait à un ouf de soulagement de la part des habitants de la capitale économique, c’est plutôt la mine serrée, ‘‘ même après l’ouverture totale de ce pont le problème d’embouteillages ne sera pas résolu,’’ explique un taximan habitué à cette ligne qui n’a pas eu le temps de donner les raisons ayant motivé ses propos.
Dans une chronique publiée chez le journal Le Monde ‘’De l’art camerounais de construire cinq ponts au même endroit’’,l’ingénieur suisse Jérôme Chenal, après avoir visité le chantier du deuxième pont sur le Wouri, va déclarer que la construction de cet ouvrage n’obéissait à aucune logique cartésienne ;(...Et aujourd’hui, combien de trains passent chaque heure sur le pont no 1 ? « Un toutes les deux semaines », répond mon guide. Pour nettoyer un peu les rails. En effet, il ne s’agit pas de la ligne Douala-Yaoundé, mais d’une voie vers l’ouest, pour l’instant pas utilisée.
C’est à ce moment de la visite que je me perds. Remplacer un pont où un train passe toutes les deux semaines au milieu des voitures, ne transportant rien ni personne, par un pont spécifique pour faire passer sur une double voie des trains à 80 km/h, alors que l’état du réseau ferroviaire est tel que la seule partie fonctionnelle sera celle des 752 m de pont… est-ce vraiment raisonnable ? Et pourquoi cette double voie ferroviaire dans un gabarit qui pourrait en contenir trois, alors qu’il n’y a qu’un train ? Mon esprit cartésien se noie dans les méandres du Wouri. Ma logique s’effondre.) expliquait Jérôme Chenal.
Christian Penda Ekoka, expert en économie de développement et Conseiller Technique à la présidence de la république du Cameroun va quant à lui attendre la réception partielle du pont avant de se prononcer, il va répondre aux questions de Cameroun Liberty
La rapidité d’exécution de ce pont peut-elle amener à conclure que ce qui manquait le plus était le financement ?
Comme vous avez pu l’observer, la sous-utilisation des crédits disponibles pour le Cameroun met à mal l’argument du manque de fonds pour justifier le long retard observé dans la construction du deuxième pont sur le Wouri. En réalité, dans le cadre d’une planification urbaine adaptée à l’évolution de la grande métropole de Douala, on en serait à un troisième pont sur le Wouri. Et ce sont les fonds qui manqueraient le moins.
Par ailleurs, la conception et la construction des ponts (ou plus largement des ouvrages pour traverser des cours d’eau) sont un métier bien maîtrisé depuis de nombreux siècles maintenant. Et les différentes évolutions techniques et technologiques n’ont fait que faciliter l’innovation, la fiabilité et la rapidité d’exécution des ouvrages.
Certaines critiques pensent que le coût de cet ouvrage, à plus de 120 milliards FCFA hors taxes, est excessif. Qu’en pensez-vous ?
Précisons d’abord que le coût que vous évoquez concerne uniquement le pont, hors les ouvrages d’accostage (du côté de la pénétrante ouest et ceux du côté du rond-point de Deido).
Je pourrais comprendre ces critiques dans la mesure où cet ouvrage n’a pas fait l’objet d’un appel d’offres qui aurait pu mettre en compétition des propositions techniques et financières. Il y a fort à parier qu’on aurait obtenu des solutions intéressantes.
C’est l’occasion pour moi de ré-insister sur l’importance de la concurrence dans l’acquisition des biens et services publics. Par la comparaison des propositions, cette approche permet généralement d’arriver à des solutions techniques et financières supérieures.
Ouf de soulagement… ?
Il faut poser la question aux résidents de Douala, et notamment aux usagers réguliers de cet ouvrage. Certains m’ont dit qu’ils observent plus d’embouteillage aujourd’hui qu’avant le nouveau pont. On en fera une évaluation plus solide après la mise en service des ouvrages d’accostage du pont, dont j’ai parlé plus haut. Quel que soit le cas, ma préoccupation principale concernant cet ouvrage a porté sur son emplacement.
Pouvez-vous élaborer ?
Le but principal d’un ouvrage comme celui-là est de résoudre le problème du trafic urbain dans une mégalopole à démographie galopante comme Douala. Quand on observe les flux de circulation à Douala, on constate souvent des embouteillages à des nœuds de trafic. Ces nœuds proviennent souvent de la rencontre d’usagers qui n’auraient pas dû se croiser dans une dynamique optimale de répartition du trafic. Par exemple, un tel nœud se forme au rond-point Deido entre les usagers de l’axe Ndokoti-Bonabéri et ceux de l’axe Makepe-Bonanjo qui n’auraient jamais dû se croiser, à l’aide d’un échangeur(répartiteur de trafic) approprié.
De la même manière, la localisation du deuxième pont plus au nord de la ville, vers Makepe, combiné au renforcement du premier pont, contribuerait à mieux désengorger le trafic, grâce à une meilleure répartition des flux. Il suffit d’imaginer les usagers provenant du sud ou du nord de la ville, et désireux de se rendre à l’Ouest ou dans le Moungo (incluant le Sud-Ouest), la situation des deux ponts au même endroit crée un effet d’entonnoir qui est évité par la solution précédente. La même chose dans le sens inverse. Pour mieux l’illustrer, vous ne pouvez pas mettre tous les robinets ou lavabos d’une maison dans une seule cabine, tout en ayant pour objectif de résoudre un problème d’embouteillage des résidents dans l’accès aux points d’eau. Imaginez ce que serait un troisième pont au même emplacement !
Compétence des administrateurs…
La qualité des décisions est davantage liée à la qualité du processus décisionnel. Par exemple, des décideurs élus pour répondre aux aspirations des populations, sont sous la pression des comptes qu’ils doivent leur rendre. Dans un tel contexte, on arrive à des choix économiques de meilleure qualité, qui collent davantage à la réalité du vécu quotidien des populations. C’est l’essence même de l’autonomisation des régions ou des collectivités locales. Dans le système actuel, des décisions comme celles relatives au deuxième pont sur le Wouri ou aux concessions des terres agricoles, sont prises dans le cadre de processus centralisés et contrôlés à Yaoundé, sans prise réelle avec le vécu des populations. C’est cela qui explique de nombreuses dérives observées aujourd’hui dans notre pays.
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