Eau potable : Le chemin de croix des populations de Douala
CAMEROUN :: SOCIETE

CAMEROUN :: Eau potable : Le chemin de croix des populations de Douala :: CAMEROON

Déficit d’infrastructures d’eau potable à Douala

A Douala, tout comme dans les autres villes du Cameroun, les populations sont régulièrement confrontées à un sérieux problème d’approvisionnement en eau potable. Pour y faire face, elles se ruent vers d’autres sources de ravitaillement parfois mal entretenues et causes de nombreuses maladies hydriques. A Oyack par exemple, dans la commune de Douala 3ème, quand le précieux liquide ne coule pas des robinets, les populations s’alimentent dans l’une des deux sources que compte le quartier. Aménagées au début des années 1980, ces fontaines naturelles sont le refuge des moustiques du fait des hautes herbes qui y poussent. Pour autant, les membres de la famille Onaneni s’y ravitaillent depuis de nombreuses années. Ils se lèvent dès 3h du matin pour éviter de faire la queue.

Les habitants d’Oyack ne sont pas les seuls à souffrir le martyre lorsque l'alimentation en eau est fortement perturbée. A Ndogpassi, un autre quartier de Douala 3ème, nombre de personnes ont tourné le dos à la Camerounaise des eaux (CDE) préférant s’approvisionner dans les forages même si l’origine de l’eau qui s’y trouve est douteuse. « On n’a pas le choix ; l’eau est vitale », confie une habitante sous le couvert de l’anonymat. A l’instar de celle-ci, chaque famille vivant dans la capitale économique déploie une stratégie pour avoir de l’eau potable à la maison. Si Esther N., habitante du quartier Madagascar, recourt à des pousseurs pour lui puiser le précieux liquide, Katy P. débourse chaque semaine la somme 1 000 FCFA pour avoir de l’eau potable dans le seul forage qui se trouve dans son quartier.

Le vol des compteurs CDE

A l’origine des perturbations enregistrées sur le réseau de distribution de l’eau potable, l’inadéquation entre le développement de la ville et celui des infrastructures de production et de distribution d’eau potable, explique la direction régionale de Douala agglomération de la Camerounaise des eaux (CDE). Pour être plus concret, apprend-on, les deux grandes métropoles de Douala et Yaoundé connaissent une extension très soutenue depuis quelques années, caractérisée par la création quasi-quotidienne de nouveaux quartiers.

Derrière les coupures intempestives d’eau, se cache un autre problème : celui des vols de compteurs appartenant à la CDE. Pas plus tard qu’en fin d’année dernière, des individus « non identifiés » avaient arraché une quarantaine de vieux compteurs comme des neufs avec les raccordements. Ces actes de vandalisme occasionnent de gros manques à gagner pour l’abonné qui, du fait que la garde du compteur lui incombe, doit débourser de l’argent pour la pose d’un nouveau. Il en est de même pour la partie de l’installation sabotée (accessoires compteurs, remonté…) qui est replacée aux frais de la victime.

Autre  conséquence, le vol des compteurs occasionne d’importantes fuites d’eau au détriment des autres abonnés, notamment de ceux qui ne bénéficient pas d’une fourniture d’eau en continu. « Nous exhortons les populations à dénoncer les auteurs de tels actes dont les activités ne prospèrent qu’en raison du silence de ceux qui les connaissent mais aussi des receleurs chez qui ces derniers écoulent leur butin », dit Gaston Chatué, directeur régional de Douala agglomération à la CDE.

Avant de s’étendre à Akwa, Bonapriso et maintenant aux populations de Bali, le phénomène des vols des compteurs est parti dans la zone de Bonanjo. Les usagers de ces différents quartiers signalent de temps à autre des perturbations et quand la société chargée d’assurer la continuité de l’alimentation en eau potable arrive sur les lieux, elle se rend compte que des équipements ont été volés, provoquant ainsi une importante fuite d’eau et privant aussi les habitants du précieux liquide. Alors que dans d’autres localités, les populations souffrent encore de son indisponibilité à plein temps. « Il y a eu des cas où même le nouveau compteur posé a également fait l’objet de vol dans les jours qui ont suivie », révèle une source. Sur le terrain, des efforts sont déployés par la CDE, en matière de rénovation de réseaux de distribution de l’eau potable. Les premiers investissements réalisés ont été orientés vers l’accroissement de la capacité de production.

Sept forages urbains mis en exploitation

A Douala par exemple, une station de production de 150 000 m3/jour a été réalisée en deux phases avec la mise en exploitation d’une première tranche en 2010. Laquelle a soulagé les populations de Bonabéri qui souffraient de manque d’eau depuis de nombreuses années. Mise en service en 2014 avec la conduite de transport qui traverse le Wouri et d’autres conduites de renforcement vers certains quartiers, la deuxième phase conforte l’alimentation de l’étage bas de la ville qui depuis cette date n’accuse pratiquement plus de manque d’eau.

Par ailleurs, « sept forages urbains sur les onze prévus pour la partie haute de la ville ont été mis en exploitation au cours de l’année 2016. Ils permettent aujourd’hui d’améliorer la desserte des quartiers Bonamoussadi, Makepé, Logpom, Logbessou, Kotto. A cela, il convient d’ajouter des centaines de kilomètres de réseau tertiaire qui ont été construits pour l’alimentation des nouveaux quartiers, programme qui se poursuit en ce moment », énumère Gaston Chatué, ajoutant qu’il reste à construire des canalisations de plus gros diamètre en direction des quartiers qui ont connu un accroissement très important de leur population.

De nouveaux réservoirs de stockage implantés sur des sites judicieusement choisis et alimentés par des stations de reprise convenablement dimensionnées seront également nécessaires pour conforter la desserte, notamment en cas de coupure prolongée d’électricité.

Lire aussi dans la rubrique SOCIETE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo