Justice populaire : La mise en garde de la Cour suprême
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Présidant hier l’audience de rentrée de la haute juridiction, le Premier président a rappelé l’incompatibilité de cette pratique avec les exigences  d’un Etat de droit.

C’est sous la douce appellation  de  «  justice  privée  »  que  Daniel Mekobe  Sone,  premier président  de  la  Cour  suprême,  a qualifié la pratique qui tend de plus en plus à se répandre dans notre société  et  qui  est  mieux  connue comme la « justice populaire ». En axant son discours, à l’occasion de la  rentrée solennelle de la haute juridiction hier sur le thème « La résurgence de la justice privée et l’Etat de droit au Cameroun », il a tenu à dénoncer une habitude qui se substitue à la justice étatique.

Parmi  ces  comportements  répréhensibles,  il  a  cité  l’inflation  des «crimes crapuleux », des « crimes rituels » directement ou indirectement  imputés  à  des  individus soupçonnés de pratique de sorcellerie » ou sans tenir compte de la marge d’erreur, « les présumés auteurs sont livrés à la vindicte populaire ». Ici, on « juge » rapidement et « on exécute » la sentence.  

Daniel Mekobe Sone a dénoncé l’attitude de ces employés qui séquestrent  leurs  employeurs  dans  l’entreprise ou font des sittings « pour faire entendre leurs revendications en marge de toute procédure prévue en matière sociale  ». Que dire de ces populations qui, sous le prétexte de  réclamer  le  paiement  des  indemnisations  relatives  à  leur  expropriation pour cause d’utilité publique ou encore les droits attachés à l’exploitation forestière ou d’une carrière  dans  leurs  collectivités, bloquent la voie publique. Le premier président de la Cour suprême n’a pas  épargné ces belles-familles qui,  «  quelques  jours  seulement après les  cérémonies  funèbres  », privent les veuves du droit à l’héritage.

A côté  de ces quelques cas, il a évoqué « le lynchage médiatique dont l’objectif est de porter atteinte à  l’intégrité morale  des  honnêtes citoyens ».  Pour coller à l’actualité, Daniel Mekobe Sone a fait allusion à ces enseignants qui « désertent les salles de  classe  ou  les  amphithéâtres, pour exiger l’amélioration de leurs conditions de travail ou la réponse à leurs revendications ». A ceux-ci, il a rappelé que le droit à l’éducation des jeunes citoyens est défini par les conventions internationales auxquelles  a  adhéré  le  Cameroun  et est inscrit dans le préambule de la Constitution. Soulignant au passage les dispositions du Code pénal qui répriment l’entrave au droit à l’éducation scolaire. Pour le premier président de la Cour suprême, la justice privée « est une dérive intolérable dans un Etat de droit ».

Selon lui, l’on  ne  saurait  se  cacher  derrière le prétexte que « la justice ne rassure pas le citoyen » ou qu’elle « n’accomplit pas sa mission avec efficacité », pour se faire justice soi-même. Toutefois, il a souligné que  dans une société de droit, « l’Etat est tenu d’assurer la sécurité des personnes et des biens ». Une interpellation à l’endroit de tous les intervenants de la chaîne judiciaire.

Avant lui, l’auditoire, constitué des représentants des grands corps de l’Etat  et  du  corps  diplomatique  a suivi les réquisitions du procureur général près la Cour suprême. Luc Ndjodo a parlé de la protection de la  liberté  d’aller  et  de  venir  par l’autorité publique.  

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