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© Le Jour : Franklin Kamtche
- 12 Dec 2016 09:22:12
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CAMEROUN :: Bamenda : Retour du calme dans les rues :: CAMEROON
Les populations ont peur. A défaut de la purge souhaitée contre les francophones, la xénophobie fait son lit.
Depuis le week-end, les apparatchiks du pouvoir se satisfont du contrôle de la situation. Le calme et la sérénité sont revenus dans le chef-lieu de la région du Nord Ouest. Au moment du départ du rutilant cortège du Premier Ministre ainsi que de tous ces délégués de circonstance que les manifestants voulaient ridiculiser, le vendredi 9 décembre 2016, des renforts en hommes et en moyens logistiques avaient été convoyés dans la ville frondeuse. Hier dimanche, 11 décembre 2016, les habitants de la ville ont pu faire des courses, même si l’animation habituelle a disparu.
Mais en même temps que les caciques du parti au pouvoir, des « allogènes » ont embarqué à bord des bus de transport interurbain ce jour, pour se mettre à l’abri auprès de leurs familles. Dans la foulée, la cérémonie de remise des diplômes de fin de formation à une promotion de l’Ecole normale supérieure de Bambili, programmée ce vendredi, a été reportée à une « date ultérieure ». Ceux qui sont restés confessent qu’il s’agit d’une épreuve de nerfs. « Il faut être très courageux pour tenir. La situation est difficile.
A titre personnel, je n’ai pas encore été attaqué mais quand je passe dans mon quartier ou au campus, on me pointe comme l’un de ceux qui doivent libérer la place pour donner plus de respiration aux anglophones. Ce n’est pas évident d’évoluer dans un tel milieu », nous a confié un enseignant de l’Université de Bamenda, originaire de l’Ouest. Par prudence, il a exfiltré sa famille dont trois enfants qui ne vont plus à l’école vers son village. « Dans un mois, je verrai la direction que vont prendre les événements », programme-t-il.
Le jeudi, 8 décembre 2016, des batailles rangées ont opposé dans les rues des hordes de gens déchaînés aux forces de l’ordre. Les manifestants s’opposaient à une manifestation du Rdpc, le parti au pouvoir, qui devait déboucher sur une motion de soutien à Paul Biya. A l’heure même où des revendications sécessionnistes (ou fédéralistes) se font bruyantes.
Des drapeaux du Scnc, un mouvement qui revendique une nouvelle partition du Cameroun, ont été hissés à certains carrefours, en dribblant les forces armées. Le drapeau de « La République » a été brûlé. Le bilan continue d’opposer les camps, malgré les images qui ont circulé. A l’heure qu’il est, il vaut mieux ne pas faire de bruit lorsqu’on est francophone à Bamenda.
Déjà pendant le débrayage organisé par des syndicats d’enseignants, des tracts portant la signature d’un « anglophone teacher trade union », légalement inexistant, ont circulé dans la ville. Dans un « avertissement à tous les enseignants de l’université de Bamenda », cette nébuleuse faisait savoir aux enseignants qui oseraient se pointer en salle de cours qu’ils auront un traitement approprié le moment venu. « Même si la police nous empêche pour l’instant de vous bastonner, nous aurons tout le temps de le faire après. Soyez rassurés, nous serons informés à temps de toutes vos manoeuvres.
Nous avons nos espions partout », pouvait-on voir dans l’un des messages envoyés dans leurs téléphones. Les lycées et collèges sont fermés, les écoles primaires aussi. « Restez chez vous pour votre sécurité », recommandent les syndicats qui ont appelé à la grève. La négociation avec le comité créé par le Premier Ministre se heurte à l’exigence de la sortie immédiate des salles de classes du Nord Ouest et Sud Ouest des enseignants francophones, hormis ceux de lettres bilingues. Ils ne veulent plus de francophones dans leurs universités, « à vocation anglosaxonne ».
«Vous êtes assez intelligents pour comprendre les revendications anglophones dans ce maudit pays dans lequel nos ancêtres nous ont impliqué. C’est une population marginalisée qui décide de parler. Les universités anglophones doivent d’abord protéger l’identité anglophone. Pour le bien de la cause anglophone, que chacun attende chez soi que soit trouvé un consensus et que le mot d’ordre de grève soit levé», menacent-ils.
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