Harissou – Siddiki - Journalistes : L’accusation malmenée au tribunal militaire de Yaoundé
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Le commissaire du gouvernement, qui a choisi de débuter par un dossier sous-jacent au procès principal, était à la peine vendredi dernier.

«Pourquoi donc commencer par eux ?» La question est revenue plusieurs fois, vendredi dernier au tribunal militaire de Yaoundé (Tmy), dans l’affaire ministère public contre Abdoulaye Harissou, Aboubakary Siddiki et les journalistes Baba Wamé, Félix Cyriaque Ebolé  Bola et Rodrigue Tongué Ndeutchoua. C’était la première fois, en neuf audiences, que l’on assistait à un début de débats entre les conseils des accusés et le commissaire du gouvernement sous l’arbitrage du juge Iroumé.

En effet, comme pour bien planter le décor, le notaire et l’homme politique avaient été installés dans le box. Juste derrière eux, d’autres chaises furent offertes aux trois professionnels des médias. Les premiers, accusés principaux, sont poursuivis pour «outrage au président de la République», «hostilité contre la patrie et révolution», «complicité d’assassinat» et «port et détention illégale d’armes de guerre». Les journalistes, quant à eux, doivent répondre des faits de «non dénonciation».

Autant dire que les seconds ne représentent que le volet accessoire du dossier. Pourtant, cette préséance logique va se trouver contrariée par la stratégie défiant tout esprit cartésien, adoptée par le commissaire du gouvernement Pierrot Narcisse Ndzié, qui tient manifestement à mettre en avant le rôle présumé de mm. Wamé, Ebolé  Bola et Tongué Ndeutchoua. Littéralement acculé par les avocats de la défense, en première ligne desquels se retrouvent Jacques Mbuny  et Pierre Robert Fojou, le magistrat militaire n’apportera pas de réponse concrète à ses contradicteurs.

«Vous avez choisi de commencer par un cas sous-jacent au procès principal. Imaginons que Harissou et Siddiki se retrouvent blanchis, comme nous en avons la conviction…» lancera l’un des auxiliaires de justice. Va donc pour les journalistes, qui «courant juillet-août 2014, en tout cas dans le temps légal des poursuites, en temps de paix, [n’ont] pas averti les autorités militaires, administratives ou judiciaires de toute activité de nature à nuire à la défense nationale. Faits prévus et réprimés par les articles 74 et 107 du Code pénal».

Sévices

Et là, surprise : non seulement les deux éléments de la délégation générale à la sûreté nationale, à qui la demande d’information des journalistes a été cotée par la hiérarchie, refusent catégoriquement de venir témoigner, aussi bien pendant l’instruction qu’à la barre, mais en plus la principale pièce dite à charge se trouve être un procès-verbal de leur audition en leur service.

Laquelle confirme la démarche professionnelle et le décharge clairement. «Nous sommes en droit de nous demander ce que ces trois hommes font dans cette salle !» s’emportera me Fojou. L’autre point chaud de cette journée, et qui mettra également dans l’embarras le commissaire du gouvernement, sera le procès-verbal d’audition de me abdoulaye Harissou et Aboubakary Siddiki au secrétariat d’État à la Défense (sed), où ils auront passé 10 jours après 48 autres jours de détention au secret dans les locaux de la direction générale de la recherche extérieure (Dgre), où ils affirment par ailleurs avoir subi des sévices physiques et psychiques.

Ici encore, leurs avocats ont soutenu que des aveux, contrairement aux dispositions règlementaires, leur avaient été arrachés sous la ruse, le chantage à une nouvelle affectation dans les cellules des services de renseignement et sans l’assistance de leurs défenseurs. Bien plus, ont-ils constaté, lesdites auditions ont été effectuées un dimanche, jour réputé non ouvrable au Cameroun. «Le procès-verbal brandi dans cette salle est un copier-coller du rapport de la Dgre, qui est tout sauf un service de police judiciaire», préviendra l’un des avocats.

Au terme de quelque 3 heures d’échanges souvent houleux, la cause a été renvoyée au 7 octobre 2016 pour examen des – nombreuses – exceptions soulevées par la défense.

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