Elle a pénétré en territoire camerounais pour interpeller un recéleur de bétail.

Le 12 juillet dernier, l’armée tchadienne stationnée à Guémé au Tchad, a mené une incursion en territoire camerounais, enlevant au passage un commerçant suspecté d’avoir volé des boeufs au Tchad. «Les gendarmes tchadiens sont venus ici à Gobo, plus équipés que les forces de maintien de l’ordre de tout le Mayo-Danay. Ils avaient des portechars, des roquettes, des blindés, des fusils d’assaut pour interpeler deux personnes seulement», déclare Mal Siddi, vendeur des poissons secs au marché de Gobo.

Une expédition qui vient rappeler qu’il y a peu, des Tchadiens incendiaient un village camerounais, incitant tous ses habitants à la fuite. Le moins que l’on puisse dire, c’est que depuis bientôt quatorze mois, l’arrondissement de Gobo, département du Mayo- Danay dans la région de l’Extrême-Nord, est devenu un terrain fertile aux exactions de la gendarmerie tchadienne.

La faute, selon de nombreux habitants, est à deux Tchadiens : Ahmed Kalfatara et Sallam Mahamat Nour. Installés à Gobo, depuis les années 1990, les deux hommes ont fait fortune dans le commerce des boeufs, au point de construire deux belles villas en face de la chefferie de Gobo «La cause de nos problèmes à Gobo Camer.be, ce sont deux Tchadiens qui se sont établis ici chez nous depuis les années 1990. Ils ont tellement mis long ici qu’ils croient déjà avoir acquis la nationalité camerounaise », soutient Dairou, riverain de Gobo.

Il se raconte à Gobo qu’Ahmed Kalfatara passe pour être un receleur de bétail volé au Tchad. Et c’est justement pour cette raison, qu’ après une réunion tenue à Gobo, entre les autorités camerounaises et tchadiennes, réunion qui n’avait abouti sur rien de concret, les Tchadiens ont juré ne plus s’adresser à qui ce soit au Cameroun. En tout cas, le 12 juillet dernier, par un intermédiaire, Ahmed Kalfatara a été informé de la présence de boeufs enlevés au Tchad, et qui se trouveraient à la frontière.

Sans se douter qu’il s’agit d’une embuscade. Il est cueilli à froid et amené à Moundou au Tchad, par la gendarmerie nationale tchadienne. Au parfum de la présence de l’armée tchadienne dans l’arrondissement de Gobo, son complice Sallam Mahamat Nour a pris la fuite, se rendant dans la localité d’Adoumri, arrondissement de Bibemi, région du Nord.

Les populations du Mayo-Danay en général et de Yagoua particulièrement, se posent cependant la question de savoir si l’armée tchadienne fait la différence entre le Cameroun et le Tchad. Si oui, qu’est-ce qui justifierait qu’elle pénètre sur le territoire camerounais avec un tel armement pour interpeler deux individus?