GUERRE CONTRE BOKO HARAM : L’armée à l’épreuve des mines
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Le capitaine Ekoumé a trouvé la mort à la suite de l’explosion de son véhicule au passage d’une énième mine.

Désormais incapable de mener des attaques frontales, efficaces, à l’intérieur du Cameroun et de faire face à l’armée camerounaise, la secte terroriste Boko Haram a de plus en plus recours aux attentats pour semer la terreur parmi les populations, et aux engins explosifs improvisés (EEI) pour réduire les mouvements des soldats.

C’est ainsi que dans la nuit du 1er mars 2016, un véhicule de l’armée a, à nouveau, sauté sur une mine à moins de cinq kilomètres du poste militaire de Gouzda Vreket dans le Mayo-Moskota, occasionnant la mort du capitaine Ekoumé, un des responsables du 41eme BIM.

Ses camarades d’armes, notamment le capitaine Wadaï Ange, chef du détachement de Gouzda Vreket et les soldats Mahama Tabadam, Mba Fouda et Liem Jean Pierre ont également été blessés au cours de cette explosion.

Avant, le 23 février 2016, lors de la grande offensive sur Kumshé, deux soldats du Bataillon d’intervention rapide (BIR) trouvaient la mort sur l’axe Amchidé- Kumshé à la suite de l’explosion d’une mine alors qu’ils tentaient de la désamorcer. Des morts qui venaient s’ajouter à celle du lieutenant-colonel Kwene Beltus Honoré, tombé sur le champ d’honneur le 14 février 2016 après la bataille victorieuse de l’armée camerounaise à Ngoshe.

Cette fois encore, ce ne sont pas les combattants de Boko Haram qui ont eu raison des militaires camerounais, mais bel et bien une mine. Idem pour le capitaine Matute Elvis, mort à Limani, le 25 février 2015 à la suite de l’explosion d’une mine au passage de son véhicule. Le 16 décembre 2014, trois militaires trouvaient, eux aussi, la mort à la suite de l’explosion d’un engin explosif improvisé sur la route Vreket-Mora.

Il s’agissait du sergent Tangem et des caporaux Doume et Njifenji. Trois jours plus tôt, c’étaient deux militaires du Bataillon d’Infanterie Motorisé (BIM) qui trouvaient la mort dans les mêmes circonstances. Le sergent Mekome et le caporal Ntsam se rendaient, en compagnie d’autres camarades, à Gouzda-Vreket, quand leur véhicule a sauté sur une mine dans la localité de Djibrili, dans le Mayo- Moskota…

SÉRIE NOIRE

Une série noire qui a débuté le 31 octobre 2014, lorsque le premier véhicule de l’armée, une Toyota Land Cruiser, a sauté sur une mine sur la route de Fotokol. Ce jour, avait été enregistré le premier mort dans les rangs de l’armée, du fait de cet explosif. Il s’agit du caporal Amana Edogué.

Beaucoup moins protégés que les militaires, les civils payent un lourd tribut à ce mode opératoire de la secte terroriste. Pas plus que le 27 février dernier, trois passagers d’un véhicule de transport de marque Peugeot 504 ont trouvé la mort sur l’axe Boungour – Souardje. Il s’agit notamment du chef de Boungour II, Blama Salihou Alhadji Abbo, âgé d’une soixantaine d’années ; d’Ousseini Mahamat et du chauffeur du véhicule, Adoum Mahamat. D’ailleurs, le premier mort recensé dans cette guerre des mines était un civil connu sous le nom de John Garang. Chauffeur d’un véhicule de transport de marque Peugeot 504, son véhicule avait sauté sur une mine sur la route de Fotokol, le 31 octobre 2014.

Depuis lors, les mouvements des populations à la frontière avec le Nigeria, notamment dans les départements du Logone et Chari, du Mayo-Tsanaga et du Mayo-Sava sont réduits. «Après le passage des terroristes de Boko Haram dans une localité, les voies d’accès sont minées pour ralentir l’intervention de l’armée et décourager le retour des populations en fuite», constate Malloum, président du comité de vigilance de Nguetchewé dans le Mayo-Moskota.

C’est ce qui s’est passé à Hiboua, dans l’arrondissement de Mokolo, après l’attaque du 09 au 10 février 2016 et qui avait fait 09 morts et occasionné la fuite de près de 800 personnes. Il aura fallu attendre le 12 février 2016, après un travail minutieux des démineurs de l’armée, avant que la circulation des hommes et des biens ne soit rétablie. De sources internes à l’armée, la nouvelle stratégie de Boko Haram appelle une adaptation des moyens. Un chemin déjà entamé.

«Contre ce nouveau défi, nous disposons des réponses aussi bien en hommes qu’en matériel, et nous ne doutons pas un seul instant que nous allons surmonter cette nouvelle épreuve. Mais vous devez savoir que les engins explosifs improvisés, dans toutes les guerres asymétriques, sont le talon d’Achille des armées moderne; et contre cela, seuls le renseignement et les opérations ciblées comme celle menée à Ngoshe au Nigeria, contre les usines de fabrication,  sont efficaces. Les populations doivent, plus que par le passé, ouvrir l’oeil», indique un officier sur zone.

Une invite d’autant plus urgente que, de l’avis même des militaires au front, les engins explosifs improvisés déposés sur les voies de communication sont de plus en plus puissants. «Ils ont assimilé indéniablement de nouvelles techniques. En tout cas, il est loin le temps où, les terroristes se faisaient euxmêmes sauter en posant les mines comme ce fut le cas, le 17 décembre 2014 à Sagmé», conclut l’officier sur zone.

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