Ousmane Mey, l’homme et l’oeuvre
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Le haut commis de l’Etat a tiré sa révérence dans la nuit du 19 au 20 janvier 2016.

«Le chef doit beaucoup écouter et très peu parler». Fidèle à sa maxime, Ousmane Mey emporte avec lui ses secrets. Et ce n’est pas faute pour de nombreux nordistes de l’avoir incité à rédiger ses mémoires, pour laisser à l’histoire, à ses enfants, toute sa connaissance de la vie. Beaucoup diraient de la République. Fidèle à son grand sens de l’Etat, le patriarche Kotoko n’y a jamais donné suite. Il n’aura même plus à répondre poliment à ses interlocuteurs, pour se débiner à cette lourde mission que le devoir ne lui commandait pas.

Dans la nuit du 19 au 20 janvier 2016, l’ancien gouverneur du Nord s’est éteint dans sa résidence de Bastos à Yaoundé. Dans la journée du 20 janvier 2016, sa dépouille a été transportée par vol spécial à Ndjamena avant d’entamer à Kousseri, le lendemain, sa dernière tournée. Et rejoindre l’éternité. On savait le patriarche malade, ce qui l’obligeait à quitter fréquemment sa ville de Kousseri pour Yaoundé, ou encore l’étranger. De quoi souffrait-il ?

De la maladie de la vieillesse. El hadj Ousmane Mey devait compter au moins 90 ans. S’il n’a pas légué à la postérité ses mémoires, le défunt s’est parfois confié, en des rares occasions, à des intimes. En 1945, apprend-t-on, les colons décident que les élèves du Grand- Nord n’iront désormais plus à l’école supérieure de Yaoundé, mais plutôt à Bongor, au Tchad, dans une école similaire qu’ils viennent d’ouvrir. Pour justifier leur décision, les colons convoquent la distance qui sépare le Nord du Cameroun de Yaoundé et des problèmes d’adaptation rencontrés par les élèves nordistes.

Ousmane Mey est déjà inscrit à Yaoundé. Il est rapatrié à Bongor où, avec entre autres les Sadou Daoudou et Hamadou Hayatou, il va constituer la vague de la 2eme promotion.

PARCOURS
Né à Kousseri d’une famille d’érudits musulmans kotoko qui l’a encouragé à rechercher le savoir, même à travers «l’école des blancs», El hadj Ousmane Mey se retrouve donc à Bongor pour l’année scolaire 1945/1946. Trois années plus tard, et après avoir fait de brillantes études, El hadj Ousmane Mey intègre, précisément en juillet 1949, l’administration coloniale. Il est affecté à Maroua, en qualité d’agent du service civil et financier, ce qui équivaut aujourd’hui au grade de commis d’administration. Après un tour à Mokolo en qualité d’adjoint prefectoral, le voilà de retour à Maroua en 1959, à la veille de l’indépendance.

Il est préfet. En 1961, il se rend en France à l’Institut des hautes études d’outre-mer (IHEOM) pour parfaire ses connaissances du commandement et poursuivre son ascension qui le mènera en 1963 à la tête de l’Inspection fédérale de l’administration de la province du Nord, un territoire vaste dont les frontières allaient de l’actuel Banyo jusqu’aux confins du lac Tchad… En 1972, au lendemain de l’unification, il est nommé gouverneur du Nord, poste qu’il occupera jusqu’au 22 août 1983 avec sa nomination comme Inspecteur général au ministère de l’Administration territoriale. Homme prévenant, il dira à ses collaborateurs venus le réconforter ceci : «J’ai mon procès-verbal prêt depuis 1976. Je ne vais que modifier quelques données ». Autant dire que depuis 1976, le haut commis de l’Etat s’attendait à quitter son poste à tout moment. Personne n’aura cependant l’honneur de le remplacer. Paul Biya a tout simplement choisi d’éclater en trois son «Etat».

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