Jacques Ndeby est un qualitien expérimenté. Apres plusieurs années passées en France, il est rentré au Cameroun partager son « know how » à l’entreprenariat Camerounais. Avec AB CERTIFACATION, l’entreprise qu’il a crée, il œuvre à la connaissance de l’important rôle de la qualité comme condition à l’émergence de l’entreprise. Dans un round up de l’entreprise sous le prisme de la qualité, il appelle les operateurs économiques à adopter la démarche qualité.

Il y a un an, vous participiez activement aux masters de la qualité organisés par le Ministère des Mines, de l’Industrie et de développement Technologique du Cameroun. Quel bilan tirez-vous de votre action personnelle ?

Bonjour meilleurs vœux pour l’année 2016. Nous sommes en plein dans les APE (Accords de partenariat économique avec l’union européen). La concurrence touche tout le monde : les entreprises camerounaises qui exportent, les entreprises camerounaises qui font face à la concurrence des produits importés, les jeunes diplômés qui risquent de se retrouver au chômage face à la concurrence des jeunes diplômés venant de l’extérieur (point que l’on semble oublier, la concurrence au niveau des compétences, du savoir, de la qualification). La RESILIENCE des entreprises camerounaises (comme annoncé par son Excellence le Président Paul Biya dans son discours à la nation du 31 décembre 2015), dépendra de leur capacité à avoir la maîtrise globale de la qualité (organisation, formation, normalisation, swot, technique, commercial, finance, comptabilité, gestion administrative).

Pourquoi peu d’entreprises camerounaises n’entament pas de démarche qualité ?

Des difficultés rencontrées par les responsables d’entreprises pour l’implémentation des démarches sont liées aux coûts élevés proposés par les Sociétés de Conseils, au faible nombre de sociétés de conseils, au faible nombre de jeunes cadres expérimentés, à l’absence d’une base de données objective permettant de faire un choix objectif.

Quelle solution à ce manquement grave ?

Les Masters de la Qualité de 2015 avaient pour objectifs de démarrer une vaste campagne d’information nationale sur la qualité et ses enjeux. Je me suis investi sur 2 dossiers : le cahier des charges du Prix Camerounais de la Qualité et au cahier des charges relatif à la qualification professionnelle des cabinets et des sociétés de conseils capables d’accompagner les entreprises camerounaises vers les certifications d’entreprises.

Peut-on savoir plus sur le concept « Prix Camerounais de la Qualité » ?

Le Prix Camerounais de la Qualité est tout d’abord un référentiel qui présente un certain nombre d’exigences. Il faut concourir pour être le premier de sa catégorie, et ainsi prétendre à une récompense. Les entreprises candidates font un effort au niveau de leur organisation interne, au niveau des méthodes de travail, au niveau du management. C’est une compétition. Ce document validé a été transmis au Ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement Technologique pour le déploiement de l’opération. Tous les pays qui ont mis en place ce type de Prix, ont vu leurs entreprises devenir de plus en plus compétitives. De plus, une entreprise ayant gagné un Prix National de la Qualité est une entreprise qui représente les valeurs qualité du Cameroun à l’extérieur (c’est une sorte de Miss Cameroun pour les Entreprises), en plus de l’argent qu’elle gagne.

C’est quoi les cabinets et sociétés de conseils.

Ce sont les bâtisseurs. Ce sont les architectes des projets qualité.Au Cameroun, on fait beaucoup d’amalgame entre un bâtisseur et un auditeur qualité. Devenir « auditeur » est très facile. C’est 1 semaine (40 heures) de cours dont 2 jours pour apprendre la norme ISO 9001 par exemple et 2,5 jours pour comprendre les techniques d’audit et 0,5 jour pour passer l’examen (avec tous vos supports et toutes vos notes) ; il faut vraiment faire exprès pour ne pas réussir à l’examen d’auditeur tierce partie. Le rôle de l’auditeur (inspecteur) est de s’assurer que la maison construite respecte bien toutes les exigences ; c’est le parcours d’un questionnaire. Un auditeur n’est pas un architecte. Il y a beaucoup d’auditeurs au Cameroun, mais pas assez de « Consultants ». Un consultant doit avoir un certain nombre de connaissances techniques, il doit savoir manager un projet (GANTT, PERT,) maîtriser les outils et les méthodes utilisés dans la qualité.

Quelle est la qualification d’un Cabinet ou d’une Société de Conseils ?

La mise à niveau des entreprises en matière de qualité dépend des acteurs de la mise à niveau, c'est-à-dire les consultants, les sociétés de conseils qualifiées et compétentes, en fonction du type de métier. Le CDC que j’ai déposé au Ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement Technologique, juste après les masters de la qualité présente 18 domaines de compétence.

Une Société de conseil compétente doit être capable de démontrer qu’elle a des personnes compétentes en son sein, qu’elle dispose d’un système de management de la qualité satisfaisant les exigences de la norme ISO 9001-2008 ou ISO 9001-2015, des plans qualité démontrant comment elle s’organise pour mettre en place les démarches. Effectue-t-elle des revues de Direction ?

Comment peut-on faire du conseil auprès des autres alors que l’on n’a même pas un organigramme interne ? De plus, elle doit être en mesure de présenter son manuel qualité, sa lettre d’engagement, bref, tout ce qu’elle recommande

Comment peut-on rassurer une entreprise étrangère qu’elle ne se trompe pas en faisant son choix ?

Il manque une base de données permettant de retrouver tous les acteurs de la qualité au Cameroun. J’ai fait une proposition dans ce sens suite aux Masters de la Qualité. Des travaux sont en cours. Des enseignants de la Faculté de Génie Industriel de l’Université de Douala ainsi que des élèves-ingénieurs sortant travaillent sur ce dossier. Les résultats seront transmis au Ministre des Mines de l’Industrie et du Développement Technologique. Bien entendu, j’assure l’encadrement professionnel de ces étudiants.

Quelle en est la place des jeunes diplômés ?

J’ai décidé d’effectuer un transfert de compétences auprès de jeunes diplômés réellement actifs. Il s’agit, au travers de franchises, de leur donner un coup de pouce pour qu’ils démarrent leur société de Conseil, bénéficiant ainsi de toute mon expérience professionnelle et de toutes mes références (Consultant Qualité depuis 1988 en France). Ils disposent d’un manuel qualité, de toutes les procédures utiles pour une Société de Conseil.Je les assiste personnellement pour le lancement des projets, à leur demande. En France, M. Jean-Claude Muller, Directeur-Général de la Société Languedocienne de Microns-Couleur, l’a fait pour moi à Narbonne. Il m’a assisté dans des réunions du CJD (Centre des Jeunes Dirigeants et Cadres d’entreprises), à la Chambre de Commerce, dans des entreprises à Bordeaux, ce qui me donna une forte notoriété. C’est normal que je le fasse à des jeunes camerounais.

J’ai déjà démarré avec des jeunes diplômés de la Faculté de Génie Industriel de l’Université de Douala. On dit : « Si tu prévois cent ans, forme les hommes » (Proverbe chinois).

Quelle est l’utilité de la qualité à la CAN féminine 2016 qui se déroulera au Cameroun ?

Plusieurs secteurs d’activités sont concernés par la CAN 2016, dont le Tourisme, l’Hôtellerie. J’apprécie le travail d’information réalisé par Jovago (que je ne connais pas encore). Les touristes ne veulent pas des surprises désagréables (Concept « Sans-Surprise »). Nous avons mis au point des outils de management des hôtels, à des prix abordables, pour tout type d’hôtel. Tout part de la réservation et le paiement en ligne, au règlement de la facture au moment du départ. Le pack hôtel comprend son propre site internet, son Système de management de la qualité complet qui intègre la

maîtrise des risques alimentaires (HACCP), la qualité des services, bref un système de management de la Qualité selon ISO 9001-2008. On a besoin de moins de 4 mois pour le rendre opérationnel et ainsi, prétendre à une certification ISO 9001-2008. En effet, on va à l’essentiel. Toutes les jeunes entreprises franchisées disposent de ce produit. La CAN 2016 permettra à plusieurs jeunes de sortir du chômage en créant leur propre entreprise.

Parlant d’argent, les entreprises devraient payer plus cher tout ceci !...

Non, on devra voir une baisse généralisée des coûts des programmes de mise à niveau. En effet, bien structurées, bien organisées et bien équipées, les Sociétés de conseil devront forcément baisser le coût des projets d’accompagnement. On devra changer de méthodes de travail, passer au e-consulting, utiliser les travaux collaboratifs, l’utilisation des outils nomades. On verra des réductions des frais de déplacement, moins de présence, plus de virtuel, plus de travail à distance, plus de coaching, bref du télétravail. Je connais une compagnie d’assurance camerounaise qui effectue des audits interne à distance. (Camer.be : zenitheInsurance)

Quid des certifications des garages ?

C’est un projet qui a démarré. Il y a 2 garages qui sont engagés dans la démarche. Voici déjà le lien d’un jeune camerounais en cours de mise à niveau. Il est situé à Ekoumdoum, un quartier de Yaoundé. www.garage-auto-francaise.com . Je mets le lien juste pour montrer que les choses avancent que l’on aura l’occasion d’en reparler. Un autre jeune mécanicien dont le garage se trouve à Kotto à Douala m’a exprimé sa volonté d’engager cette démarche.