Massacres en pays bassa et bamiléké : Une émission de Canal 2 International sème la controverse
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Pour le député SDF, Jean-Michel Nintcheu, le général Semengue et Ananie Rabier Bindji ont travesti la vérité dans « La tribune de l’histoire ».

Les déclarations de Ananie Rabier Bindji et du Général Pierre Semengue au cours de l’émission « La tribune de l’Histoire » du 16 août 2015 sont sans ambigüité négationniste. En effet, dans cette dernière livraison, ces négationnistes d’un genre nouveau de l’Histoire du Cameroun ont laborieusement tenté de nier la réalité du génocide ou de susciter le doute chez un public qu’ils espèrent mal informé et non averti. En recourant à des déclarations volontairement scandaleuses sur la période sombre des années 60 au cours de laquelle de vaillants compatriotes ont été massacrés par les colons et leurs collabo en service commandé dans l’armée camerounaise, ces deux personnages se sont honteusement livrés à un exercice pitoyable et hideux de reniement de la réalité, de l’ampleur, et des modalités de l’extermination de nos compatriotes en pays Bassa et Bamiléké.

L’analyse de leurs propos démontre qu’ils étaient clairement destinés à légitimer un discours négationniste en prélude à la déclassification imminente des archives qui a été annoncée en des termes à peine voilés par le président François Hollande lors de sa récente visite au Cameroun..

Le caractère criminel du régime néocolonialiste et les responsabilités individuelles de certains de ses principaux dirigeants et collabo seront formellement établis. L’obsession frénétique de M. Ananie Rabier Bindji à vouloir à tout prix et à tous les prix  dédouaner le chef de l’armée du régime néocolonial de la responsabilité des atrocités commises durant les années d’indépendance et le fait surtout de banaliser les faits au motif fallacieux que les crimes auraient été perpétrés par des bandits, obligent désormais et à juste titre les Historiens à s’intéresser sur le rôle que lui, Ananie Rabier Bindji, aurait personnellement joué durant cette période trouble.  Ces apprentis-négationnistes veulent-ils faire croire aux Camerounais que les “bandits” disposaient des avions et surtout des bombes à napalm qui ont été utilisés à grande échelle pour perpétrer le génocide en pays bassa et bamiléké? Il est difficile désormais de donner du tort à ceux qui ont toujours estimé que ce journaliste a joué le rôle répugnant d’agent de renseignement à la solde  des bourreaux des nationalistes.

Vu sous cet angle, l’exercice de dimanche dernier – notamment  l’interprétation des atrocités commises, la portée des différents matériels utilisés pour le génocide, le déroulement des procès, le sens à accorder aux condamnations et surtout à la signification de ces persécutions- participait manifestement d’une tentative désespérée d’exorcisation des tâches de sang qu’il a sur les mains. Que les négationnistes Ananie Rabier Bindji et le Général Pierre Semengue sachent une chose : qu’ils le veuillent ou pas, ça va se savoir. La déclassification des archives étant irréversible, rien ne sert de procéder à une fuite en avant pitoyable. Les crimes de sang, les crimes de génocide et les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles.

Pour terminer, le devoir de mémoire impose, à défaut d’annuler purement et simplement « La tribune de l’Histoire » des programmes de la chaîne Canal 2 international sur laquelle ces mensonges ont été diffusés, que cette émission soit rebaptisée « La tribune du négationnisme ».

Réactions

Pierre Semengue, invité de l’émission

Le général Pierre Semengue s’est d’abord montré amusé par la réaction au vitriol du député Sdf (Social Democratic Front), avant d’affirmer, avec la fermeté et la poigne qu’on lui connaît : « Je ne peux pas accepter de parler à la télévision pour dire n’importe quoi. Tout ce que j’ai dit est vrai et je peux le prouver. Je ne peux pas me mettre à raconter du n’importe quoi. Je ne veux pas entrer dans des polémiques inutiles. Il ne faut pas que les gens disent des choses dont ils ne peuvent pas rapporter la preuve », explique Pierre Semengue. Le général poursuit : « Après les déclarations de François Hollande, les gens ont proclamé dans la presse que je suis un général génocidaire. Bien avant, au cours d’un débat public, Henri Hogbe Nlend a déclaré que c’est moi qui ai tué Ossende Afana, en lui coupant la tête. Comment un intellectuel et homme d’Etat peut-il raconter de tels bobards ? J’ai donc tenu à restituer sur Canal 2 International la vérité historique. Ce député Sdf qui remet en cause mes propos sait-il que j’ai gardé Ni John Fru Ndi ? S’il n’est pas d’accord, qu’il demande à Bernard Muna ». Enfin, le général Semengue indique que la déclassification des archives historiques peut sa faire 50 ans après les faits. « C’est à l’armée française de le faire. Je ne sais pas ce que cette armée a fait en pays bassa et bamiléké », précise-t-il. Avant de terminer, désappointé : « Si mes propos doivent susciter inutilement la polémique, je ne parlerai plus de ces vérités historiques que lorsque j’aurai l’accord du ministre de la Défense ».

Ananie Rabier Bindji, présentateur de « La Tribune de l’histoire »

Joint hier au téléphone, le présentateur de l’émission Ananie Rabier Bindji s’est montré agacé. Il a promis, après quelques atermoiements, de mettre la bande sonore de l’émission « La tribune de l’histoire », «qui a duré 3h», à la disposition de la rédaction de Mutations, afin que son contenu soit bien apprécié. L’ancien journaliste de Jeune Afrique déclare ne pas être disposé à répondre aux diatribes au sujet de cette émission. Pour lui, ni le général, ni lui n’était en « mission commandée ». Du reste, M. Bindji s’est engagé à joindre par téléphone Jean-Michel Nintcheu pour lui répondre de vive voix.

© Mutations : Georges Alain Boyomo

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