Energies fossiles : Quel avenir pour le pétrole et le gaz camerounais ?
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Energies fossiles : Quel avenir pour le pétrole et le gaz camerounais ? :: CAMEROON

Alors que la Banque mondiale prend les devants en annonçant pour la fin 2019 l’arrêt des subventions destinées à leur exploration et leur exploitation, le pays pourrait en pâtir.

« On est en train de perdre la bataille. » Ce signal d’alarme lancé par le président français Emmanuel Macron, s’adressant aux chefs d’Etat de 130 pays ou leurs représentants, réunis à Paris le 12 décembre 2017 pour tenter de sauver l’accord conclu deux ans plus tôt (le 12 décembre 2015), toujours dans la capitale française, en dit long sur la difficulté à respecter la parole donnée sur la préservation du climat, à concilier la nécessité d’assurer la survie de l’humanité et les intérêts multiformes des grands groupes capitalistes.  

L’inquiétude du président français est justifiée au regard du retrait des Etats-Unis, le 1er juin 2017, des clauses conclues par les 196 pays représentés au sommet mondial des Nations-Unies sur le réchauffement climatique (COP 21) en 2015. Pourtant, les participants au récent conclave baptisé « One Planet Sommit » semblent plus résolus, même si des organisations écologiques comme Green Peace demeurent sceptiques. La mesure qui donnera à coup sûr plus de frissons dans le dos des dirigeants, tout au  moins ceux des pays dépendant de l’activité pétrolière, est le désengagement annoncé par la Banque mondiale en rapport avec les énergies fossiles, le pétrole et le gaz plus précisément. L’institution va arrêter de financer, après 2019, l’exploration et l’exploitation de ces deux ressources minières. Il faut noter que ses financements dans l'industrie pétrolière et gazière ont représenté en 2016 moins de 5% de la totalité des fonds accordés, avec une dotation estimée à 1,6 milliard de dollars.

Par ailleurs, certains grands groupes mondiaux renoncent à investir dans toute entreprise engagée dans la construction de centrales à charbon. C’est le cas de l’assureur français Axa, qui compte retirer environ 2,5 milliards d'euros d'investissements dans le secteur, se désengager à hauteur de 700 millions d'euros des projets liés aux sables bitumineux et accroître de 9 milliards d'euros ses investissements "verts" (infrastructures...) d'ici à 2020. Ou encore de la banque néerlandaise ING qui, elle, s'est engagée à "accélérer la baisse" des  financements des centrales à charbon. D'ici à 2025, ING ne financera plus que les producteurs d'électricité utilisant moins de 5% de charbon et cessera  de financer directement les projets de centrales à charbon.

650 millions d’euros ont été promis aux acteurs du monde agricole par la Fondation Bill Gate, la Commission européenne et certains pays, dont la France, pour les aider s’adapter aux bouleversements climatiques. Une vieille ressource L’exploration du pétrole au Cameroun a débuté en 1947, mais les premières découvertes commerciales dans le bassin du Rio del Rey n’ont été effectives qu’en 1972, et ce n’est qu’en 1977 que le pays a acquis le statut de pays producteur du pétrole. Si le record de la production a été battu en 1985 avec 186 000 barils par jour, cette performance a subi le contre-choc pétrolier dès 1986, suivi du vieillissement des champs, lui-même dû au désenchantement des pouvoirs publics. Il faudra  attendre 1990 pour voir relancer l’exploration et la production à la faveur des mesures étatiques incitatives : au 31 octobre 2014, 11 permis et/ou autorisations exclusives de recherche ont été délivrés pour une superficie de 21 841, 45 km2, 19 concessions et/ou autorisations exclusives de recherche sur 3 311,32 Km2.

Mais, au plus fort des crises  qui ont secoué le secteur pétrolier au cours des trente dernières années, et dont l’épicentre est le contre-choc pétrolier de 1986, le Cameroun s’est engagé, certes, sur le chantier de la diversification de son économie. Mais, son tissu industriel demeure embryonnaire, largement dominé par des Petites et moyennes entreprises (Pme) et les Petites et moyennes industries (Pmi). La corruption, la dégradation du climat des affaires, pesanteurs décriées au fil des ans par les mouvements patronaux, ne sont pas de nature à favoriser une saine compétition si le pays devrait être sevré aujourd’hui des ressources générées par ces deux énergies. Ceci dans le contexte des accords de partenariat économique (Ape) négociés à la va-vite avec l’Union européenne.

De plus, dans un environnement de solidarité régionale matérialisée par la fin de la libre circulation au sein de la Cemac, le pays de Paul Biya pourrait-il se passer de porter secours à ses voisins qui, contrairement à ses ressources diversifiées (le pétrole camerounais représente 9% du Pib), pêchent par une économie adossée sur cette « manne » (40% de contribution au Pib régional selon la Beac, 85% pour la Guinée équatoriale, 50% pour le Congo-Braz- zaville, environ 45% pour le  Gabon et 18% pour le Tchad selon le ministre congolais du Plan et de l’Intégration, Léon Raphaël Mokoko, cité par l’agence chinoise Xinhua. Le déficit budgétaire régional a atteint 6,5% en 2015 du fait de la  baisse des cours du pétrole, qui est toujours d’actualité.

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