Une nouvelle page s’est tournée pour le marché des femmes de New Bell, rasé intégralement ce vendredi 11 juillet 2025 dans le cadre d’une vaste opération d’assainissement menée par la mairie de Douala II. Plus de 100 commerces ont été démolis, marquant un tournant décisif dans le programme de modernisation des espaces marchands de la ville. Mais cette opération suscite aussi colère, incompréhension et inquiétudes parmi les commerçantes durement touchées.

Une opération programmée, mais contestée

La démolition, bien que annoncée dès le 7 avril 2025, a pris de nombreuses commerçantes au dépourvu. Selon la mairie, un préavis de 30 jours avait été officiellement délivré pour permettre aux occupants de libérer les lieux. Toutefois, des témoignages révèlent une réalité plus confuse : « Ce que je sais, c’est que les agents de la mairie sont venus afficher des tracts pour demander aux commerçants de passer s’enregistrer à la mairie », rapporte un membre de l’Association des commerçants du marché des femmes et chèvres (Assomafec).

Encadrée par un important dispositif sécuritaire, l’opération a été menée sans heurts majeurs, mais avec un lourd impact humain. Pour de nombreuses vendeuses, cette démolition signifie la perte de leur seule source de revenu.

Une modernisation au goût amer

Officiellement, l’objectif des autorités est louable : améliorer l’hygiène, la sécurité et l’attractivité des marchés à travers une restructuration des espaces marchands. Mais sur le terrain, l’absence d’un site de relogement temporaire pour les commerçants délogés aggrave la précarité. Aucune mesure concrète d’accompagnement ou de compensation n’a encore été dévoilée, alimentant frustration et incertitudes.

Des voix s’élèvent pour dénoncer un projet mené sans réelle concertation avec les principaux concernés. « On ne nous a pas dit où aller, ni comment continuer à vendre », confie une vendeuse de légumes, visiblement désemparée.

Une transformation urbaine à double tranchant

Le chantier de modernisation des marchés à Douala avance, mais laisse dans son sillage des drames humains et sociaux. La démolition du marché des femmes à New Bell, symbole de cette dynamique, pose une question cruciale : peut-on moderniser une ville sans marginaliser les populations vulnérables ?

Alors que la mairie de Douala II promet de révéler bientôt les prochaines étapes de son projet, les commerçantes, elles, attendent des réponses concrètes, des solutions viables et surtout, un accompagnement digne de ce nom. Car au-delà des bâtiments, ce sont des vies et des moyens de subsistance qui ont été balayés en une journée.

Reste à savoir si cette transformation urbaine bénéficiera réellement à celles qui, depuis des années, font battre le cœur commercial de New Bell.

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