Lynchage à Bafoussam : Bertrand Batchami tué sur fond de rumeur infondée de vol d'organes
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Bafoussam a été le théâtre d’un drame d’une brutalité extrême, révélateur d’un climat d’hystérie collective et de désinformation galopante. Bertrand Medidja Batchami, chef de bureau des travaux de balisage au Port autonome de Douala, a perdu la vie dans des circonstances atroces. Accusé sans preuve d’une prétendue tentative de vol d’organe, il a été lynché à mort par une foule incontrôlée alors qu’il était simplement venu déposer ses enfants pour les vacances.

L’événement, largement relayé sur les réseaux sociaux, a mis en lumière la fragilité du tissu social camerounais face aux rumeurs virales et aux discours complotistes. Bertrand Batchami était un fonctionnaire connu pour sa rigueur professionnelle et son engagement familial. Rien, dans son parcours ou dans son comportement, ne pouvait justifier une telle suspicion, encore moins une exécution sauvage en pleine rue.

Le vol d’organes, souvent évoqué dans des récits urbains au Cameroun, reste une réalité non documentée par des enquêtes sérieuses. Mais la peur, l’ignorance et l’absence de réponses institutionnelles solides ont créé un terreau fertile pour les interprétations irrationnelles. Ce qui s’est passé à Bafoussam est un symptôme plus profond : l’échec de la justice populaire, la démission des autorités locales à garantir la sécurité, et l’absence d’une communication officielle crédible pour lutter contre les fausses informations.

Ce drame pose une question essentielle : à quel moment une société bascule dans la barbarie sous le poids de la désinformation ? La perte d’un citoyen exemplaire, père de famille, employé modèle, est une alerte nationale. L’émotion est vive, mais elle doit se traduire par des réformes concrètes. Les autorités doivent enquêter, poursuivre les responsables, et surtout, lancer une vaste campagne de sensibilisation citoyenne pour déconstruire les mythes destructeurs qui circulent à grande vitesse sur les plateformes numériques.

Le silence des institutions sur cette affaire ne fait que renforcer le sentiment d’abandon et de loi du plus fort. Il ne suffit pas de dénoncer. Il faut agir. Une société qui accepte que l’on tue sur la base d’une rumeur est une société en faillite morale. Il est urgent de reconstruire la confiance entre les citoyens, les forces de sécurité et la justice. La désinformation mortelle n’est pas une fatalité. Elle est le résultat d’une déconnexion dangereuse entre le peuple et l’État. Et il est temps de recoller les morceaux.

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