Guerre contre Boko Haram : Mebe Ngo'o et les avions ukrainiens
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L’achat de certains matériels par le Cameroun fait beaucoup de bruit dans le Landerneau politique.

Les deux Mi-17 de fabrication ukrainienne acquis par le Cameroun et incorporés dans la flotte de l’armée de l’air, font l’objet d’une troublante polémique. Dans le sérail, des voix s’élèvent pour dénoncer l’état de ces aéronefs de seconde main, payés comptant par l’Etat. Dans ce petit microcosme politique, certains crient au « détournement de deniers publics », arguant qu’au lieu d’acheter des appareils flambant neufs, les responsables du ministère de la Défense (Mindef) qui ont diligenté cette opération, « ont délibérément opté pour l’achat de vieux coucous beaucoup moins chers ». Et c’est ce dol à l’encontre de l’Etat, assure t-on de ce côté-là, qui aurait amené Paul Biya à dépêcher en Ukraine la semaine dernière, des hauts responsables de la République. Au rang de ceux-ci, l’on cite le patron de la Direction générale de la recherche extérieure (Dgre), Léopold Maxime Eko Eko, le Délégué général à la sureté nationale (Dgsn), Martin Mbarga Nguélé, et le Secrétaire d’Etat (Sed) en charge de la Gendarmerie nationale, Jean-Baptiste Bokam.

Au Mindef, l’on affirme que « le contrat en question, prévoyait bel et bien l’achat de 02 Mi-17 de seconde main ». A en croire une source proche du dossier, cette option a été retenue dans le seul but de parer au plus pressé. C'est-à-dire : « décupler les capacités opérationnelles de notre armée, à travers notamment le transport des troupes qui était loin d’être un atout au tout début de la guerre contre Boko Haram ». Notre interlocuteur indique par ailleurs, qu’ « en général, ce type de matériel militaire n’est pas fabriqué pour être entreposé dans un magasin. Il faut donc passer une commande avec des spécifications précises puisque les aéronefs militaires sont utilisés en fonction du relief du théâtre des opérations. Et les Mi-17 qui ont fait leur preuve notamment en Afghanistan, sont adaptés au désert et aux montagnes », renseigne t-il. Sur le prix d’acquisition de ces appareils, notre source se montre peu diserte. Mais l’on sait qu’à l’état neuf, les Mi-17 sont passés au cours des dernières années, entre 06 et 18 millions de dollars l’unité, du fait de la forte demande dont ils font l’objet, mais aussi du monopole de la Russie, son principal fabricant.

A combien le Cameroun a-t-il acquis ces Mi-17 ? Et dans quel état les avait-il souhaités ? Questions à mille sous auxquelles le bon de commande permettrait de répondre avec précision. En attendant, la théorie de la vraisemblance suggère de penser que l’Etat a validé l’option d’achat de « seconde main », parce que correspondant à l’urgence de la situation, et sa disponibilité financière de l’heure. Cela pourrait expliquer également l’acquisition à crédit d’autres équipements militaires en Chine.

Exim Bank

L’on sait que l’Empire du Milieu a ouvert une ligne de crédit de 200 milliards Fcfa dans les livres de la Exim Bank of China au bénéfice de Yaoundé. Le contrat y relatif, parafé en 2011, côté Cameroun, par le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), prévoit que le consortium chinois (Polytechnologies) fournit des équipements militaires dont la demande est exprimée par le Mindef. Sur cette ligne de crédit, le Cameroun a déjà acquis entre autres, de l’artillerie sol-air, des engins blindés, notamment des chars, deux patrouilleurs de 60 mètres pour la surveillance des côtes maritimes, divers types de matériels pour la Gendarmerie nationale, et quatre hélicoptères de combat (en cours d’assemblage à Douala), qui seront présentés le 1er mai prochain.

L’on peut donc s’étonner des informations indiquant la présence en Chine en ce moment, d’une mission d’enquête conduite par le Garde des Seaux en personne, dans le cadre d’une commission rogatoire. Tout comme on en vient à se demander par quelle alchimie, le Sed que des proches disent séjourner à Paris pour participer à un conseil d’administration de la Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (Bicec) peut se trouver physiquement en Ukraine pour enquêter sur l’achat des Mi-17 aux côtés du Dgre. Cette dernière personnalité, n’a du reste, de sources dignes de foi, jamais quitté Yaoundé à la période prétendue.

Il semble donc à l’évidence que ces « révélations », sur l’achat par le Cameroun de certains matériels militaires n’aient d’autres fins, que de détourner l’attention de l’opinion publique sur le problème des médailles de vaillance qui a fait grand bruit. Depuis hier, cette « faute », dont se seraient rendus coupables certains collaborateurs du chef de l’Etat, a été corrigée. Même si dans les usages de l’armée, apprend-on, les médailles de vaillance sont publiées dans le Journal officiel et non par voie de radio comme ce fut le cas le 1er avril dernier.

© Source : Mutations

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