Urbanisation de Douala : la corruption plonge la CUD dans la tourmente
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Ses deux immeubles en construction sont encore loin d’être achevés. Une conséquence directe de la gestion opaque des fonds alloués à la construction d’infrastructures et d’équipements, aggravée par un zeste de corruption dans l’attribution des marchés publics. Cette année encore, la situation apparaît moins reluisante, en raison des engagements des communes dans la campagne électorale.

La situation est préoccupante : « un bilan catastrophique dans l’amélioration du cadre de vie des populations », a reconnu l’Association des Maires de Villes du Cameroun (AMVC). L’aveu a été formulé lors d’une rencontre avec le Secrétaire général à la Présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, à Yaoundé. La Communauté urbaine de Douala (CUD) illustre une urbanisation improvisée, paralysée par la lenteur administrative et minée par des priorités sociales qui s’effacent face aux intérêts politiques.

Le 17 octobre 2023, une délégation municipale a effectué une visite des chantiers afin d’évaluer l’avancement des projets urbains. Le constat est accablant : retards persistants dus à des blocages administratifs, paiements tardifs laissant les prestataires dans l’attente, lourdeurs bureaucratiques ralentissant les procédures et coordination défaillante entre acteurs publics et privés.

L’immeuble technique de Bonanjo, destiné aux services techniques de la CUD, en est un exemple flagrant. Ce bâtiment R+8, lancé il y a plus de quatre ans, accuse un retard chronique. Après 16 mois de travaux, l’entreprise prestataire réclame huit mois supplémentaires, voire davantage selon certaines sources. Sa livraison, initialement prévue bien plus tôt, ne devrait pas intervenir avant 2026, retardant ainsi le déménagement des anciens locaux d’au moins une année. Un autre immeuble, situé face à Royal El Maroc, connaît le même sort.

En cette année électorale, une question s’impose : les travaux sociaux seront-ils sacrifiés au profit des préoccupations de campagne ? Plusieurs experts estiment que « les crédits alloués à la poursuite des travaux sont réorientés vers des projets sociaux dictés par les impératifs électoraux ». Tant que le parti au pouvoir cherchera à consolider son électorat, les partenaires institutionnels devront patienter.

Ville stratégique, Douala devient ainsi le théâtre d’une politique municipale à courte vue, où l’urbanisme est sacrifié sur l’autel des échéances électorales. Et pourtant, lors de la rencontre stratégique de Yaoundé, Roger Mbassa Ndinè, président de l’AMVC, a déclaré : « Les villes sont les moteurs du développement et de la stabilité de notre pays. Nous devons porter la voix du Président auprès des citoyens, en restant proches de leurs réalités et de leurs besoins ». Un paradoxe révélateur.

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