Corruption africaine : comment l’Occident blanchit les milliards volés sans être inquiété
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AFRIQUE :: Corruption africaine : comment l’Occident blanchit les milliards volés sans être inquiété

L’Afrique continue de perdre des milliards de dollars chaque année à cause de la corruption, pendant que les grandes puissances occidentales encaissent tranquillement ces flux financiers illicites grâce à un système mondial permissif et opaque. Une enquête récente de Transparency International expose le fonctionnement de ce pillage organisé où les juridictions riches jouent un rôle central dans le blanchiment d’argent.

Des fonds détournés à grande échelle transitent par des sociétés-écrans, des comptes offshore ou des investissements immobiliers dans des pays comme les États-Unis, la France ou le Royaume-Uni. L’étude identifie au moins 3,7 milliards de dollars issus d’actes de corruption en Afrique, déplacés vers 74 juridictions étrangères à travers 375 actifs spécifiques. Derrière ces chiffres se cache un réseau d’intermédiaires, de banques complaisantes et de législations laxistes qui permettent aux élites africaines corrompues de faire fructifier leur butin loin des regards.

Le marché immobilier est en première ligne de ce mécanisme. En France, les sociétés étrangères peuvent encore acheter des biens sans divulguer l’identité réelle de leurs bénéficiaires. Aux États-Unis, l’immobilier reste peu régulé, offrant un terrain idéal pour le recyclage de capitaux. Quant au Royaume-Uni, les réformes entamées restent insuffisantes face aux montages juridiques complexes utilisant des trusts et des sociétés offshore. Ces failles sont exploitées pour masquer les véritables détenteurs des biens achetés, souvent au nom d'épouses, enfants ou sociétés tierces.

Les bénéficiaires proviennent d’une dizaine de pays africains. Certains responsables ont acheté des propriétés de luxe en espèces ou via des virements issus de banques africaines, un contournement flagrant des mécanismes de transparence. Ce système perdure car il sert aussi les intérêts économiques de pays développés qui ferment les yeux sur l’origine de ces fonds. Selon le Tax Justice Network Africa, ce sont aujourd’hui près de 90 milliards de dollars qui s’évaporent chaque année à travers les flux financiers illicites, une tendance qui ne cesse d’augmenter.

Ces pratiques ne sont pas accidentelles. Elles sont le résultat d’un modèle international taillé sur mesure pour permettre aux pays occidentaux de profiter de la corruption sans jamais être inquiétés. La richesse africaine alimente ainsi l’économie des grandes capitales, sous couvert de légalité, mais avec des conséquences dramatiques pour le développement du continent. Pendant que les populations africaines manquent de soins, d’éducation et d’infrastructures, l’argent qui pourrait transformer leurs vies dort dans des villas de luxe à Londres, Dubaï ou Paris.

Les rapports s’accumulent, les chiffres s’aggravent, mais les mécanismes de protection restent intacts. Ce silence complice des grandes puissances est une forme moderne de prédation, une conquête sans armée, mais aux effets tout aussi ravageurs. Le combat contre la corruption ne peut réussir sans la coopération sincère des pays qui accueillent ces capitaux. En l’état, ils ne sont pas des alliés dans cette lutte, mais bien des bénéficiaires silencieux.

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