La victoire du PASTEF fragilise davantage l’idée du messianisme politique en Afrique
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En attendant la proclamation officielle des résultats de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 au Sénégal, la victoire dès le premier de Bassirou Diomaye Faye, candidat du PASTEF, est déjà reconnue. Sur le chemin de la conquête du pouvoir en Afrique Noire Francophone, l’on peut en tirer trois leçons fondamentales parmi tant d’autres :

1/ Ousmane Sonko : ni napoléon ni messie

Sur le chemin de la conservation du pouvoir en Afrique, l’on a très souvent noté l’existence d’une logique napoléonienne qui fait du Président en exercice le maître du jeu. Cette logique a montré ses limites avec la dernière élection présidentielle au Sénégal. Même en proclamant la dissolution du PASTEF et en neutralisant son président Ousmane Sonko, le régime de Macky Sall n’a pas pu conserver le pouvoir. Malheureusement pour eux et heureusement pour la démocratie, ce régime a utilisé le bâillonnement dans un contexte où le jeu politique est suffisamment ouvert et le partenariat social suffisamment implanté pour ne reposer que sur un seul individu. 
Aussi, sur le chemin de la conquête du pouvoir, la logique messianique ou de l’homme providentiel bien présente à travers le continent a montré ses limites. Elle aurait voulu qu’Ousmane Sonko, le « Président-Fondateur » du PASTEF, demeure le candidat du parti afin que soit appliquée la politique de la chaise vide (boycott) jusqu’à la validation de son dossier.  Dans cette logique, la place du Chef doit rester vide en cas d’indisponibilité. Ousmane Sonko a déjoué les partisans du messianisme. Il a cédé sa place à son compagnon, ce qui a aussi déjoué le plan du pouvoir en place. Ousmane Sonko a joué son rôle d’ange gardien que chacun de nous devrait jouer. En fait, il aurait finalement existé et aurait pris des coups politiques afin que s’accomplisse le plan de Dieu: celui de conduire Bassirou Diomaye Faye au pouvoir sous sa couverture. Dans la logique messianique, il aurait plutôt neutralisé Bassirou Diomaye Faye afin de demeurer le seul coq dans la basse-cour. Nous voyons bien que cette logique ne peut plus être valable dans notre société désormais ouverte et libre.

2/ La victoire du travail en équipe

Le jeu politique est un travail en équipe. J’ai l’habitude de dire que dans une équipe de football, il n’est pas possible de déterminer à l’avance qui marquera le but de la victoire. Ainsi, 10 jours avant son élection, Bassirou Diomaye Faye n’était pas sur le chemin du pouvoir. Pourtant, face aux réalités des élections et par concours de circonstance, c’est lui qui a été le mieux placé pour porter le flambeau de la résistance et marquer le but de la victoire collective. Ousmane Sonko lui a régulièrement fait une passe décisive qui a abouti à sa brillante élection à la tête du pays. Ce faisant, Bassirou Diomaye Faye a marqué le but pour la victoire de toute l’équipe et non pour sa victoire à lui tout seul. Si Ousmane Sonko avait conservé la balle estimant qu’il était le seul capitaine de l’équipe, le leader charismatique comme le réclament certains, alors il aurait causé la défaite du groupe.

3/ La victoire du souverainisme

Le souverainisme est une mouvance qui revendique l’autonomie des peuples africains. L’idée de la convergence des peuples africains que l’on observe en Afrique de l’Ouest est résolument pertinente. Elle vient de mettre en échec le paternalisme politique qui fait état de ce qu’il faut absolument le soutien d’une puissance étrangère pour arriver au pouvoir en Afrique. L’élection d’un antisystème, citoyen africain ordinaire, ou encore de celui que certains camerounais ont appelé « le plus foiré » des candidats (au regard de la modestie de ses avoirs) montre que ni l’argent ni les soutiens étrangers ne garantissent le pouvoir en Afrique de nos jours. Il convient d’être dans la mouvance du souverainisme entendu comme la revendication de l’indépendance totale de l’Afrique. C'est l'air du temps, le besoin de liberté!

En conclusion, nous voyons bien que sur le chemin de la conquête du pouvoir, il convient de maintenir le jeu politique ouvert. Il convient surtout de comprendre que l’autonomisation des citoyens fait partie des sujets les plus importants en Afrique subsaharienne de nos jours.

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