Côte d’Ivoire, l’opposition tente de passer en force
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Les principaux leaders de l’opposition ont donné rendez-vous aux Ivoiriens à un « giga-meeting », le 10 octobre. Objectif : obtenir un report du scrutin présidentiel, prévu le 31 octobre, et forcer le président sortant à se retirer, alors qu’il brigue un troisième mandat considéré comme anti-constitutionnel par l’opposition.

Les opposants à Alassane Ouattara unis? Du moins sur l’affiche. Celle qui invite les Ivoiriens le 10 octobre au stade Félix Houpouët Boigny d’Abidjan pour une démonstration de force, à cinq jours du début officiel de la campagne électorale. Il y a ceux dont le dossier de candidature à la présidentielle du 31 octobre prochain a été validé par le Conseil constitutionnel : Henri Konan Bédié (PDCI, président de 1993 à 1999) et Pascal Affi N’Guessan (FPI/ADF, Premier ministre de 2000 à 2003).

Et les autres : Laurent Gbagbo (FPI, président de 2000 à 2011, en exil en Belgique), Guillaume Soro (GPS, Premier ministre de 2007 à 2012, en exil en France), Marcel Amon Tanoh (RDR, ministre des Affaires étrangères de 2016 à 2020), ou encore Albert Mabri Toikeusse (UDPCI) et Mamadou Koulibaly (Lider, président de l’Assemblée nationale de 2001 à 2012)… Le mot d’ordre : « Ensemble pour dire non au 3e mandat anticonstitutionnel de Ouattara ».

Demande de report du scrutin

Les objectifs de ce « giga-meeting » sont ainsi résumés par Pascal Affi N’Guessan, au micro de RFI le 8 octobre : obtenir « un report de l’élection de trois mois », « amener Alassane Ouattara à la table des négociations », le convaincre de ne pas briguer « un troisième mandat », et « réformer la Commission électorale » (dénoncée comme acquise au président sortant).

Elu en 2011, et réélu en 2015, Alassane Dramane Ouattara (ADO), 78 ans, avait d’abord annoncé ne pas se présenter. Il avait choisi un dauphin, Amadou Gon Coulibaly, son Premier ministre. Mais le décès brutal de celui-ci, en juillet, puis l’annonce d’Henri Konan Bédié, son vieil ennemi agé de 86 ans, de briguer la magistrature suprême, a rebattu les cartes.

La nouvelle constitution adoptée en 2016 limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Mais le Conseil constitutionnel a toutefois validé la candidature d’ADO, estimant que le changement de Constitution avait remis à zéro le compteur des mandats du président.

La France toujours en coulisses

Un avis qui n’a pas été du goût d’une partie des Ivoiriens, qui se sont aussitôt mobilisés dans la rue. Ces manifestations ont donné lieu à des heurts dans plusieurs villes du pays, causant la mort d’une quinzaine de personnes. Le spectre d’une nouvelle guerre civile, après celle de 2010/2011 qui a fait 3000 morts, plane désormais sur le scrutin.

La France, dont la diplomatie a toujours affiché son attachement au président sortant, aurait tenté, en vain, de résonner ADO d’accepter un report de l’élection. Selon Jeune Afrique, Lors d’un déjeuner à l’Élysée début septembre, Emmanuel Macron aurait fait part au président ivoirien de ses craintes face à ce troisième mandat. Selon le Financial Times, le chef de l’État français aurait même tenté de placer l’un de ses protégés dans le futur gouvernement, en cas de victoire d’ADO, le Franco-ivoirien Tidjane Thiam, l’ex-patron de Crédit Suisse.

Diplomatie préventive

Sur le continent, des représentants de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), de l’Union africaine (UA) et des Nations unis, emmenés par Shirley Ayorkor Botchway, ministre des Affaires étrangères du Ghana, ont conduit une mission de « diplomatie préventive » à Abidjan, du 4 au 7 octobre.

Dans un communiqué, la ministre ghanéenne a exprimé ses « vives préoccupations », et regretté « l’absence de confiance entre les acteurs politiques ivoiriens ». Quant à l’Union européenne, elle poursuit ses consultations : le 6 octobre, elle a rencontré Pascal Affi N’Guessan.

« Cette date marquera l’histoire »

Ce dernier expliquait, toujours sur RFI, en réponse à la question d’une participation ou non à l’élection si ADO ne cédait pas aux exigences de l’opposition, que « tout reste ouvert, nous ne renonçons à rien, nous sommes engagés, mais il est exclu d’être complice. (…) Nous n’irons que dans un cadre consensuel et crédible ». Il appelle à la « désobéissance civile », mot d’ordre lancé par Henri Konan Bédié en septembre.

De son côté, Guillaume Soro, ex Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale, a exhorté, dans un tweet le 9 octobre, le « Peuple Ivoirien » à prendre « en main [sa] destinée ». « Fier Peuple ivoirien refuse la soumission et l’asservissement. Le 10 octobre, soit au stade FHB. Cette date marquera l’histoire. » Reste à voir si les Ivoiriens seront au rendez-vous.

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