PRESIDENTIELLE IVOIRIENNE : ADO a enfin « garçon » en face
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« Mille fourmis réunies peuvent faire peur à un épervier ». Alassane Dramane Ouattara (ADO) devrait faire sien cet adage, au point de se faire du souci face à l'entrée en scène de cette nouvelle machine déterminée à se mettre en travers de sa route, aux fins de contrarier ses ambitions de reconquête du pouvoir en octobre 2015. Estampillée Coalition nationale pour le changement (CNC), cet appareil pourrait faire mal. De fait, on a affaire à une alliance « anti Ouattara » de plusieurs partis et figures politiques » - même si elle peut paraître, à bien des égards, contre-nature - prête à tout pour opérer le changement en octobre 2015. Le pouvoir ivoirien devrait d'autant plus prendre la menace au sérieux, que la Coalition vient de réaliser sa première grande démonstration de force le samedi dernier au quartier Yopougon d’Abidjan, qui passe toujours pour être le fief de l'ex-président Laurent Gbagbo. En tout cas, il y avait foule, ce samedi-là, tous partageant le sentiment de rejet voire de détestation du successeur de Laurent Gbagbo. C'est pourquoi ADO devrait, une fois pour toute, se convaincre d'une chose et en tirer les conclusions: ce n'est pas tant ses efforts pour le redressement de la Côte d'Ivoire, que sa personne elle-même qui pose problème à cette importante frange d'Ivoiriens qui ne veut même pas le voir en peinture et qui, ce faisant, souhaite ardemment son départ voire sa chute. Car, si on devait juger ADO seulement sur la base de ce qu'il a apporté en bien à la Côte d'Ivoire depuis qu'il préside à ses destinées, son bilan serait élogieux. En tout cas, ce bilan parle pour lui. Une économie en pleine croissance, une situation sécuritaire fort appréciable ; en tout cas, il très loin des années de braise sous l'ère Gbagbo. Bref, la Côte d'Ivoire respire à présent ! Mais, c'est connu, la haine de l'homme reste viscérale, surtout dans la galaxie Gbagbo et ce n'est pas surprenant. On comprend dès lors que rien n'y fera, quels que soient les prodiges réalisés par le natif de Dimbokro. Car là, manifestement, l'on est plutôt face à une affaire de personne que de développement. Et ce n'est pas les partisans et sympathisants de Laurent Gbagbo, présents au meeting du week-end dernier, qui diront le contraire, eux qui réclament hic et nunc la « libération du président Laurent Gbagbo ». Comme si l'élargissement de ce dernier relevait du pouvoir du président ivoirien. A l'évidence, demander à ces gens-là de faire la paix avec le président Ouattara, relèverait de l'affront, de l'injure. Qu'a pu faire leur champion durant sa décennie d'exercice calamiteux du pouvoir, qui puisse tenir la comparaison avec seulement les quelque cinq années d'exercice du pouvoir de ADO ? A l'évidence, il n'y a pas match. Mais si, aujourd'hui, l'on a droit à tous ces modes d'expression du « tous contre ADO », c'est d'abord et avant tout parce que le terrain est propice à la pratique démocratique en Côte d'Ivoire.

La Coalition nationale pour le changement peut sérieusement tailler des croupières au régime ivoirien

Aujourd'hui, la démocratie s'exprime librement dans ce pays. Et si, au nom de la démocratie, des partis peuvent se coaliser pour l’empêcher de renouveler son bail, ADO devrait, s'il était réélu, d'autant plus savourer sa victoire qu'il aura triomphé d'une grande coalition de partis. A ce moment, on ne dira pas de lui qu'il a triomphé sans gloire. Même si elle était de courte tête, sa victoire serait méritée.

Mais en attendant d'en savoir plus en octobre prochain, on peut d'ores et déjà dire que ADO a, enfin, « garçon » en face de lui pour les élections qui s'annoncent. Car cette coalition regroupe en son sein de grosses pointures. Parmi elles, un certain... Charles Konan Banny (CKB) qui vient de grossir les rangs des adversaires déclarés de ADO à la course à la présidentielle. Et c'est peu dire que cet ancien Premier ministre ivoirien peut nuire au pouvoir actuel. Et pour cause : il est à la fois respecté et écouté au sein de la grande famille akan dont il est originaire. Déjà qu'il devra avoir affaire, dans les urnes, au FPI qui, quoi qu'on dise, mobilise toujours, ADO aurait tout à perdre en se coupant de l'important électorat akan qui a grandement contribué à son élection en 2010. C'est dire si avec un CKB, un KKB (Kouadio Konan Bertin) et à leurs côtés Mamadou Koulibaly du Lider et bien d'autres, cette coalition peut sérieusement tailler des croupières au régime ivoirien. ADO devrait, en conséquence, revoir sa stratégie de reconquête du pouvoir pour se prémunir contre toute surprise désagréable. Cela dit, on n'aurait pas trouvé grand-chose à redire sur la première sortie de la coalition, si son premier meeting n'avait pas été marqué par cette fausse note. Elle provient de CKB, pour qui seul le changement démocratique en Côte d'Ivoire peut amener définitivement la paix. Avouons que sortis de la bouche de l'ancien président de la Commission Dialogue, vérité et réconciliation, ces propos ont de quoi surprendre et même susciter les interrogations suivantes: est-ce là un aveu de son propre échec à la tête de la structure ? S'est-il rendu compte de la nécessité du changement démocratique, seulement après que l'envie lui a pris de disputer le fauteuil présidentiel à ADO ? C'est un raccourci qu’on a du mal à comprendre de la part d’un homme qui a été pendant longtemps dans le camp de ADO et qui a même géré la grande instance Dialogue, vérité et réconciliation en Côte d’Ivoire.

© Source : Le Pays

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