GENERATION-90 APPELLE LE GOUVERNEMENT À SURSEOIR À LA TENUE DES ÉLECTIONS PROCHAINES
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Pour Génération 90, le gouvernement camerounais devrait surseoir à la tenue des élections législatives et municipales jusqu'à la résolution de la crise anglophone et la révision consensuelle du système électoral. L'intégralité de leur communiqué parvenu ce jour à la rédaction de camer.be.

Le Chef de l’Etat vient de convoquer le corps électoral pour le 9 février 2020 en vue de l’élection des députés à l’Assemblée Nationale et des conseillers municipaux dont les mandats étaient arrivés à expiration depuis longtemps déjà et prorogés à deux reprises, en Juillet 2018 et 2019.

Cette décision intervient alors que le pays connaît un contexte politique et sécuritaire extrêmement délétère que des élections controversées pourraient accentuer et approfondir les lignes de tensions dans le pays, déjà fragilisé par les crises qu'il traverse.

I.  LE CONTEXTE

Une partie du territoire, notamment les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, connait  une situation de guerre civile larvée qui continue d’endeuiller le pays par la récurrence de drames, de morts et de destructions. Ces deux régions, qui échappent presque totalement au Gouvernement, sont de fait contrôlées par des groupes sécessionnistes ou par de nébuleuses criminelles,-notamment dans les zones rurales-, vivant de rapines et d'enlèvements, contre de fortes rançons, sur les populations locales. 

Depuis le ‘Grand Dialogue National’ tenu du 30 septembre au 04 octobre, et qui était censé apaiser la situation dans les zones anglophones, les violences ont pris de l’ampleur dans le Nord-ouest et le Sud-ouest, y rendant le retour immédiat à la paix fortement hypothétique.

Selon l’ONG International Crisis Group (ICG), dans son rapport du 02 Mai 2019, “en vingt mois, le conflit  dans le Nord-ouest a fait 1.850 morts, 530.000 déplacés internes et des dizaines de milliers de réfugiés. L’intransigeance des belligérants risque de générer de nouvelles violences et de prolonger le conflit, qu’aucun camp ne semble en mesure de remporter militairement, à court terme”. Depuis lors, ce bilan macabre s’est considérablement alourdi!

A cette tragédie, se greffe la crise postélectorale née du contentieux politique non vidé de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018.
En plus, ELECAM, la commission chargée de l’organisation des élections, ne jouit pas de l'indépendance et de la neutralité requises pour conduire sa mission, ses membres étant pour la plupart affiliés au RDPC, le parti au pouvoir. Les revendications des forces de l’opposition et des organisations citoyennes nationales pour la révision de la loi électorale et pour la création d’un organe neutre et indépendant pour l’organisation des élections, restent à ce jour sans suite.

Ainsi, dans un contexte où une partie du pays est en guerre et pratiquement vidée de sa population, où le défaut de consensus sur les règles électorales laisse présager d'inévitables crises post-électorales, GENERATION-90 doute que la priorité nationale soit à la convocation des élections législatives et municipales.

Le contexte actuel du Cameroun n’est pas propice à la tenue d’élections libres et transparentes dont les résultats seraient équitables, incontestables et garant de la légitimité des personnes élues.

II. L’APPEL DE GENERATION 90

Au regard de ce qui précède, GENERATION-90 :

1. Sur la convocation du corps électoral et la tenue des élections le 09 février 2020; 
a. Appelle le Chef de l’Etat à surseoir à la tenue des élections telles que convoquées à travers le décret du 10 novembre 2019 et donner la priorité à la résolution de la crise anglophone et à la réconciliation des Camerounais ;
b. Appelle à une révision consensuelle du système électoral, dont le Code électoral, avant tout nouveau scrutin, afin de pour mettre le pays à  l’abri de crises post-électorales permanentes et de tout soupçon d'illégitimité des élus.

2. Sur l’urgence face à la situation politique globale du pays;
a. Pense qu’il est nécessaire et urgent que le Gouvernement ouvre sans plus tarder, un dialogue politique inclusif sur les principales revendications de l’opposition politique, notamment sur la réforme totale du système électoral, notamment du Code électoral , la révision de la constitution, le règlement de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et bien d’autres sujets qui engagent l’avenir du pays. Cela passe par la libération inconditionnelle de tous les prisonniers politiques, y compris les leaders sécessionnistes incarcérés depuis le déclenchement de la crise anglophone;  
b. Réitère qu’une telle consultation ne peut être crédible et utile pour le pays que si elle se tient sous la direction de personnalités camerounaises et africaines neutres et crédibles. Une telle rencontre décrisperait incontestablement les multiples tensions qui traversent le pays et ouvrirait la voie à une transition politique pacifique vers une nouvelle ère de liberté et de démocratie dans notre pays.

3. Sur l’exercice des libertés et le droit des citoyens à organiser des manifestations;
a. Invite le Gouvernement à respecter la loi sur les manifestations publiques et assurer que la force publique se limite en pareilles circonstances à un travail d’encadrement et d’accompagnement des manifestants, pour garantir l’ordre public. Toute autorité coupable d’entraves à l’exercice des droits et libertés fondamentales doit en répondre devant la justice;
b. Rappelle au Gouvernement que les entraves récurrentes à l’exercice des libertés fondamentales par nos compatriotes et le recours systématique à la répression sauvage contre les manifestants aussi bien de l’opposition que de la Société Civile, sont une incitation du peuple camerounais, à l’utilisation de méthodes violentes et non-démocratiques pour recouvrer la plénitude de ses droits et libertés, une situation  qui ferait planer sur le pays, le spectre d’une violence généralisée ;
c. Rappelle  au Gouvernement ses responsabilités premières en matière de protection des citoyens, notamment contre des actes d’exclusion et de xénophobie, ainsi que les atteintes à l'intégrité des personnes et à leurs biens sur l’ensemble du territoire national.

New York, ce 14 Novembre 2019
Pour le Comité Exécutif de GENERATION-90, 

Tene SOP                                   JOMBWE MOUDIKI 
Coordonnateur                           Secrétaire Général 

Contact: thinktank.generation.90@gmail.com  | Tel: +49 177 41 37 539

NB: Génération 90 est un Groupe de réflexion et d’action regroupant d’anciens dirigeants de la contestation estudiantine des années 1990 au Cameroun et qui vise à contribuer aux débats sur l’évolution socio-politique du Cameroun et de l’Afrique.

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