Barbarie de Sangmelima: Le silence assourdissant du Rdpc
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À contre-courant de la vague d'indignation suscitée par les émeutes à caractère communautaire de Sangmelima le 9 octobre dernier, le parti au pouvoir n'a toujours pas officiellement réagi.

Jusqu'à ce jour, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais(Rdpc),le parti au pouvoir, n’a toujours pas officiellement condamné, ni même critiqué l'assassinat du jeune Assam Belinga Benjamin - conducteur de moto dont le corps avait été retrouvé en état de putréfaction à Sangmelima- , encore moins les émeutes de Sangmelima qui visaient les communauté dites Bamoun, Bamiléké et du Grand Nord.

Des jeunes lourdement armés de gourdins, couteaux et machettes avaient pris d'assaut le marché de Sangmelima où ils ont tout saccagé, pillant au passage les commerces des ressortissants d'une certaine communauté, devant le regard complice des éléments de la police. Ceux des commerçants qui ont essayé de protéger leurs biens, ont été violemment attaqués et blessés dont beaucoup se trouvent à ce jour dans un état critique.

Selon le Pr. Claude Abe, sociologue et enseignant à l'Université catholique d'Afrique centrale (Ucac), le silence du parti au pouvoir face à ces évènements s'explique.

D'abord, les émeutes de Sangmelima en tant qu'une revendication sociale portée par des marginaux qui ont pris certaines tribus en bouc émissaire pour exprimer leur mal vivre, posent une question sociale. « Une question sociale qui porte sur les politiques de prise en charge de la jeunesse. Vous comprenez bien que le Rdpc qui est au
pouvoir depuis, ne peut pas se contenter simplement d'une sortie, il faut des actes pour montrer qu'il a suivi le message porté par ces jeunes.

Leur silence est donc expressif d'une situation où les gens sont dépassés par leur mode de gouvernance», affirme le sociologue. Dr. Ahmadou Sehou, historien et analyste politique, lui, se dit surpris par l'attitude du Rdpc ce d'autant qu'il s'agit des questions de cohabitation intercommunautaire dans la région d'origine du Chef de l'État et président national du Rdpc. « Il y a tout un embarras exprimé par ce silence y compris par les ministres directement concernés. Si ce genre de situation peut se produire dans le département natal du président de la République, son retentissement et ses conséquences sont nationales », indique Dr. Ahmadou Sehou. Les raisons profondes avancées pour expliquer cette rupture brutale du vivre-ensemble, pense l'historien, traduisent l'échec des slogans et politiques publiques au sujet de l'intégration nationale, la lutte contre la pauvreté, les mesures en direction des jeunes. L'autre explication tient, selon Dr. Ahmadou Sehou, à «l'ancrage tribal des uns et des autres au sein de l'appareil politique du Rdpc» qui n'a peut-être pas permis de trouver la meilleure formule pour prendre position dans un cas aussi préoccupant.

Motaze en rescousse

À côté de la grande réunion baptisée "dialogue intercommunautaire" convoquée le vendredi 11 octobre dernier par le gouverneur de la région du Sud, Félix Nguele Nguele, relevons aussi les actions et les efforts isolés de quelques élites locales pour apaiser le climat. Le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, fils du cru et non moins chef de la délégation permanente départementale du comité central du Rdpc du Dja et Lobo a, par exemple, tenu une réunion samedi 12 octobre à Sangmelima à laquelle ont pris part tous les responsables des communautés vivant dans la ville. «Leur appartenance au parti au pouvoir ne peut être niée même s'ils n'étaient porteurs d'aucun mandat officiel de leur hiérarchie politique qui s'est murée dans un silence assourdissant », commente encore Dr. Ahmadou Sehou.

Lui qui pense par ailleurs qu'il y a des risques évidents de suintement de ce genre de dérives communautaristes dans toutes les villes du Cameroun, surtout dans un contexte de précarité et de tensions multiples que le seul Grand dialogue national ne semble pas résoudre. « Il y a des craintes que ceux qui retournent dans leurs communautés d'origine ne soient instrumentalisés pour reproduire ce qui a provoqué leur départ », prévient l'enseignant d'histoire. Puisque, appuie dans le même sens le Pr. Claude Abe, la question sociale qui est liée à la prise en charge des jeunes et au mode de gouvernance qui doit pouvoir assurer leur insertion socio professionnelle « n'est pas un problème qui se pose uniquement à Sangmelima, mais plutôt un problème d'ordre général. »

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