Ce que sera le Cameroun après le Grand Dialogue
CAMEROUN :: POINT DE VUE

Ce que sera le Cameroun après le Grand Dialogue :: CAMEROON

Le dialogue a donc eu lieu. De grandes colères ont été vomies. Ceux que les distances de toutes sortes avaient éloignés se sont retrouvés face à face, quand ce n’était pas nez à nez. Des bénédictions ont été faites. « Dans le cadre de la constitution », tout s’est dit. Les recommandations adressées au président de la république seront traduites actions concrètes. Un Cameroun nouveau est-il vraiment né du Grand Dialogue National ?

A la différence de bien d’autres pays du monde confronté aux mêmes situations que lui ces dernières années, le Cameroun n’a pas eu besoin d’arbitres étrangers pour se parler à lui-même. Pas de Nations Unies, pas d’Union Européenne, pas même d’Union Africaine ou de la Suisse qui en avait fait explicitement l’offre. En acceptant de faire partie des assises du Palais des Congrès de Yaoundé ou en refusant d’y participer, les Camerounais ont exprimé par la souveraineté de leur décision de se parler une partie d’eux qui leur est chère et précieuse. C’est un peuple qui est lui-même et sait le rester, dans le sang ou dans la gloire. Ce Cameroun-là n’est pas né des entrailles du GDN, il a toujours été ainsi, son histoire, la vraie, étant marquée par l’empreinte des pionniers ont préféré la liberté à l’aliénation pour entrer dans le monde actuel. Mais de tels peuples ne sont pas les fils aimés de notre monde où domine la très brave communauté internationale.

Etre soi est le premier pas qu’il faut marquer si l’on veut avancer. Qu’elles soient ou non à la hauteur des attentes, les assises du mois d’octobre 2019 à Yaoundé sont respectables, du moment où elles sont un souffle authentique. Autre chose, c’est qu’on ne fait pas un pays avec du goudron, des métaux ou de l’argent. Rien de tout ce qui constitue les grandes richesses matérielles de la terre n’est susceptible de développer véritablement un pays. Le portail des camerounais de Belgique. C’est avec la parole que cela se fait. Tant que cette parole n’est pas prononcée, tant que ce qui doit être dit n’est pas dit, de manière ferme et solennelle, parfois au prix du sang, et de sacrifices les plus inimaginables, rien de grand ne peut se faire.

C’est pour cela que chaque étape de l’évolution du monde est la conséquence d’une grande rencontre, d’une libération de paroles profondes qui sont les véritables catalyseurs de tout devenir, mais parfois aussi, hélas des grands effondrements. Parce que ce qui s’est dit à Yaoundé n’a aucune vibration inférieure à ce qui s’était dit par le passé à la Conférence de Yalta ou de Versailles par exemple, parce que le devenir est une décision ferme et irrévocable, on peut être en droit de penser que le Cameroun du GDN sera totalement différent de l’effondrement quasi systématique qui a marqué notre pays ces trente dernières années.

L’autre chose c’est que notre pays n’a pas d’autre choix que celui de se défaire de ses vieux démons. On a compris que la félonie et la roublardise ne peuvent pas continuer d’être les leviers d’une gouvernance. A l’ère où tous les pays s’inscrivent au championnat coriace du développement, où il n’y a plus d’un côté des dirigeants éclairés et de l’autre des peuples niais, il ne reste plus à tous et à chacun que l’option d’une gestion rigoureuse et responsable des ressources communes. Et la réussite de cette gestion repose sur la nécessaire démolition d’une concentration des pouvoirs et des ressources par un Centre qui n’a plus le privilège de la démiurgie que lui conférait l’ancienne époque.

Ce sont les périphéries fortes et responsables qui seront désormais la condition de survie d’un Centre qui n’a pas d’autre choix. Il ne suffira donc plus que Yaoundé respire pour que le Cameroun vive. C’est de l’ensemble des respirations saines et régulières de ses parties que le Cameroun vivra désormais ou, dans le cas contraire, disparaitra.

Lire aussi dans la rubrique POINT DE VUE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo