Polémique sur la libération de Kamto et compagnie
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Après sa libération et celle de ses alliés et militants décidée par le président Paul Biya, le leader du Mrc annonce la poursuite de la résistance, entre autres, sur les questions liées au code électoral.

Les motocyclettes pétaradent, des coups de sifflets retentissent, des klaxons et sons de sirène de véhicules se font entendre. Samedi 05 octobre dernier, sous un ciel clément aux environs de 16h, les artères qui convergent au lieu-dit « Poste centrale » de Yaoundé vibrent en symphonie. « Kamto ! Président ! Kamto ! Président ! », entend-on scander. Le président national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, (Mrc), en provenance de la prison principale de Kondengui, en compagnie de ses alliés et une centaine de militants retournent à leurs domiciles après leur libération.

Munis de drapeaux, arbres de paix, banderoles à l’effigie de leur « champion », des militants du Mrc élèvent en choeur le chant de ralliement : « Kamto notre président, Kamto notre président, le peuple t’a choisi, Kamto notre président ! » Leur passage perturbe de temps en temps la circulation. Sous le regard curieux de nombreux usagers de la route, le cortège de Maurice Kamto amorce le Boulevard du 20 mai. A quelques mètres de l’Hôtel de ville de Yaoundé, l’escorte pris au piège des embouteillages, marque un temps d’arrêt. Tout autant ému qu’impatient, un passant saisi l’occasion dans la foulée pour se rassurer de la présence effective du « tireur de pénalty » dans le convoi. « Êtes-vous réellement avec le président Kamto ? Je voudrais le voir », requiert-t-il auprès du porte-parole de Maurice Kamto. « Oui, il est à l’intérieur du véhicule Toyota fumé derrière nous », répond le porte-parole du candidat, Olivier Bibou Nissack, en indiquant d’un geste de la main, depuis la vitre entrouverte de la portière du véhicule.

Un autre s’agrippe au bras droit du porte-parole de Maurice Kamto et s’écrie : « Vous êtes les meilleurs ! » De nombreux jeunes se bousculent également à la vitre arrière pour saluer le rappeur Valsero. Assis aux côtés du trésorier national, Alain Fogue, l’artiste ne se fait pas prier. Vêtu d’un T-Shirt bleu sombre, d’une casquette et de lunettes de couleur noire, il communie avec ses fans à travers des échanges de poignées de main.

Communion

Le cortège met le cap sur la résidence de Maurice Kamto, au quartier Santa Barbara. L’entrée du domicile est noire de monde. Sur les balcons et murs des constructions inachevées environnantes, le fan club de Maurice Kamto s’installe pour écouter le message de celui qui a occupé la 2e place au terme de l’élection présidentielle du 07 octobre 2018. Après l’exécution par la foule de l’hymne national, le président du Mrc, devant les objectifs des caméras et téléphones portables, s’exprime. « J’ai refusé de dire un seul mot à la presse aujourd’hui. Je ne voulais pas prendre la parole. Mais pour vous, je ne refuserai jamais rien. » Salve d’applaudissements. Dans son costume noir treillis, cravate bleu, Maurice Kamto poursuit : « Un an après notre rendez-vous historique, vous continuez à me témoigner votre affection, votre soutien et votre amour. J’en suis sincèrement touché, je vous remercie du fond du coeur. Je vous avais dit une chose : je ne vous trahirai jamais. La lutte que nous menons est une lutte politique. Elle se fait dans la paix et elle se fera toujours avec moi dans la paix. Je vous ai dès le départ et dès la création de notre mouvement, dit que nous réaliserons au Cameroun le changement dans la paix et par les urnes. (…) Si nous sommes là aujourd’hui, c’est grâce à votre soutien constant permanent. Je vous ai vus même quand vous ne me voyez pas. Je savais que vous étiez là ».

Sur la poursuite ou non du plan national de résistance après cette libération, Maurice Kamto donne des précisions. « Maintenant s’ouvre un nouveau chapitre de notre lutte. Si certains pensent que le fait d’être libéré c’est la fin de la lutte, alors ils n’ont rien compris parce que nous n’avons rien obtenu de ce que nous demandons. Le grand chantier de la lutte politique pour le respect des droits humains fondamentaux, des libertés d’expression des citoyens camerounais pour un système électoral fiable qui vous permet de choisir les dirigeants que vous voulez pour notre pays, ce chantier est devant nous et je compte sur vous pour que nous le menions jusqu’au bout de manière pacifique », décline-t-il avant de poursuivre : Il y a une vertu cardinale en politique. Deux choses : il faut savoir pourquoi on se bat, et il faut avoir la résistance. Si vous savez pourquoi vous vous battez, quelle que soit la longueur du combat, si vous êtes résistant, vous aurez la victoire… »

Réactions

Maurice Kamto du Mrc, Christian Penda Ekoka du mouvement Agir, Albert Dzongang de La Dynamique, Paul Eric Kingue du Mouvement patriotique pour un Cameroun nouveau, Célestin Djamen, Me Michèle Ndocki, ont recouvré leur liberté au terme d’une audience tenue au Tribunal militaire de Yaoundé le 05 octobre. Audience qui intervient à la suite d’une décision présidentielle survenue la veille. Le portail des camerounais de Belgique. Cette décision du président de la République est saluée par divers acteurs politiques aussi bien au plan national qu’international. L’on peut citer Cabral Libii, Akere Muna, Serge Espoir Matomba, Antonio Gutteres, le secrétaire de l’Organisation des Nations unies, etc. Dans un communiqué, l’ambassade des Etats-Unis au Cameroun « se félicite de la décision d’abandonner les poursuites contre Maurice Kamto et des autres membres et soutiens du Mouvement pour la renaissance du Cameroun arrêtés en début d’année suite à des manifestations électorales. »

Pour cette représentation diplomatique, « leur libération est une étape constructive vers la réduction des tensions politiques et l’affirmation de l’engagement du gouvernement en faveur des libertés fondamentales. Nous espérons que des mesures supplémentaires seront prises à la suite du dialogue national récemment conclu, en vue de la restauration de la paix dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ».

Polémique

La libération de Maurice Kamto et compagnie fait néanmoins l’objet d’une polémique. Le site internet de Jeune Afrique a en effet relevé qu’elle est la résultante d’une longue négociation entre le régime de Yaoundé et Maurice Kamto. Déclaration que Me Sylvain Souop, coordonateur du collectif des avocats en charge de la défense de Maurice Kamto et ses alliés, dément fermement. D’après lui, « aucune négociation n’a eu lieu. La main tendue par le professeur Kamto par la voix de Moretti, réitérée dans sa lettre manuscrite de mai 2019 où il offrait de rencontrer le président Biya pour solder le passif de l’élection présidentielle n’a jamais été saisie. Il n’a rencontré aucun émissaire, sinon ce serait su. L’article de Jeune Afrique est une pure manipulation pour relativiser la force du combat du collectif et les innombrables pressions internationales qui ont appelé à la libération sans condition de nos clients. Dans ce sens, le désistement d’action du commissaire du gouvernement n’est pas anodin. »

Insurrection, rébellion en groupe, hostilité contre la patrie, outrage au président de la République sont, entre autres, les charges qui pesaient contre Maurice Kamto et compagnie. Lesquelles les exposaient à la peine de mort. Le président du Mrc, ses alliés et plusieurs militants ont été arrêtés le 28 janvier de l’année en cours, après les « marches blanches » organisées les 26 janvier, 01 et 08 juin derniers. Des manifestations pour dénoncer un « Hold-Up électoral », la guerre dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le détournement des fonds publics dans l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations de football 2019.

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