Un policier renverse encore Paul Biya devant la justice
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Trois ans après sa radiation, un inspecteur de police a eu gain de cause face à la délégation générale à la Sûreté nationale. Il va reprendre du service au sein de l’administration qui soutenait bec et ongles qu’il a jeté l’opprobre sur la police en fondant dans la nature avec l’argent déposé dans le cadre d’une enquête et en désertant son lieu de service après «le forfait». Le tribunal n’en a pas été convaincu.

Au bout d’un an d’examen public de son dossier, un policier a obtenu sa réintégration dans le corps des fonctionnaires de la Sûreté nationale. Il en avait été expulsé trois ans auparavant. Les juges estiment que l’arrêté présidentiel émis pour matérialiser son exclusion du corps est abusif. Résultat : l’acte a été annulé le 10 septembre 2019. À en croire l’histoire narrée par l’homme qui comparaît devant le Tribunal administratif de Yaoundé depuis le 11 septembre 2018 à l’amorce du procès, l’on retient que dame chance n’est pas sa meilleure compagne. Lui, c’est Martin Armand Manda Eteme, inspecteur de police principal, radié de l’effectif de la Délégation générale à la Sûreté nationale (Dgsn) le 1er juin 2016 pour des faits de «compromission portant atteinte à la considération de la police, manquement à la subordination hiérarchique et absences injustifiées au service». Il exigeait l’annulation de la décision, sa réintégration et aussi une compensation financière à hauteur de 300 millions de francs. Il les a obtenus.

Au coeur du litige, le policier avait reçu le 28 septembre 2014, dans le cadre d’une enquête, la somme de 600 mille francs déposée par un suspect. Il était un peu plus de 18h30 mn ce jour-là et à cette heure jugée «tardive», aucun responsable du commissariat de sécurité publique n°4 de la ville de Yaoundé où il officiait n’était plus en place afin de sécuriser dans un coffre-fort, la somme d’argent déposée entre ses mains. Il prend alors l’initiative de ramener le pactole chez lui avec l’intention de le transmettre le lendemain à son supérieur hiérarchique. Le portail des camerounais de Belgique. Mais rien ne va se dérouler comme il l’escompte. Pour son malheur, les billets de banque qu’il avait pris soin de ranger dans une sacoche enfouie dans son véhicule, seront emportés par des bandits, en même temps que certains de ses effets personnels, pendant qu’il faisait des emplettes dans une boulangerie.

Affection

M. Manda Eteme dit avoir informé sa hiérarchie de ces faits et obtenu d’elle, un délai de 14 jours pour restituer les fonds. Mais, contre toute attente, il sera victime d’un malaise quelques jours plus tard alors qu’il était de garde. Ce malaise va le conduire dans une clinique privée et le maintenir hors de son lieu de service pendant un bon moment. Néanmoins, il dit avoir remboursé l’argent conformément à ses engagements, c’està-dire dans le délai de deux semaines accordé par ses chefs. Dans le même délai, il les a mis au courant des causes et de l’évolution de ses maux. En réaction, il a été orienté au Centre médical de la police pour une prise en charge optimale. C’est pendant son séjour dans cet établissement qu’il est suspendu de ses fonctions pour une durée de trois mois, traduit au conseil de discipline puis finalement congédié.

D’après lui, cette sanction découle d’une procédure disciplinaire menée en marge des dispositions du décret portant statut spécial du corps des fonctionnaires de la Sûreté nationale du 19 novembre 2012. Il affirmait par exemple n’avoir jamais reçu une demande d’explication pour présenter sa version des faits, d’être lourdement sanctionné alors que son supérieur hiérarchique n’avait, selon lui, jamais constaté l’absence irrégulière mise sur son compte. Martin Armand Manda Eteme reprochait à l’acte attaqué et à plusieurs autres documents émis dans le cadre de l’affaire, d’être très imprécis sur la date de survenue des faits décriés. Preuve disait-il, de ce que la procédure disciplinaire a été montée à la Dgsn et non au sein de son unité de rattachement. Autre argument, l’inspecteur de police soutenait que la sanction proposée par le conseil de discipline n’est pas celle qui lui a finalement été appliquée. En plus, il avait été invité à comparaitre seulement la veille de la tenue du conseil de discipline via un appel téléphonique…

Adultère

Pour tous ces supposés manquements, il voulait faire sanctionner la Dgsn. Au-delà des irrégularités supposées avoir entaché la procédure disciplinaire, le plaignant avait aussi confié aux juges que sa mise sur la touche est étroitement liée à une prétendue infidélité de son épouse, elle aussi, policière. D’après lui, ce serait son amant, responsable en service à la Dgsn à l’époque des faits qui a oeuvré pour casser sa carrière. En réplique, la Dgsn a campé dans sa position à savoir que le policier se trouvait à son lieu de service quand il a perçu les fonds querellés. Mais, au lieu de les déposer à la consigne comme l’exigent les usages, il les a empochés et a pris une destination inconnue. Interpellé par son supérieur hiérarchique par le biais d’une demande d’explications, il est resté de marbre.

Quelques jours après son «forfait », il a disparu pendant cinq mois, ce qui équivaut à un abandon de poste justifiant largement sa révocation. Pour l’administration, M. Manda Eteme a été invité à se défendre, mais il a décliné l’offre. Il avait été convoqué au conseil de discipline par voie de communiqué radio et s’y est présenté le 12 novembre 2015 sans toutefois émettre de réserves quelconques vis-à-vis des prétendues violations de la procédure disciplinaire. Au contraire, il avait imploré la clémence du conseil. Ce raisonnement n’a pas ému les juges qui ont déclaré la requête du policier partiellement justifiée. L’arrêté attaqué a été annulé «avec toutes les conséquences de droit» selon la formule du tribunal et une compensation de 5 millions de francs a été accordée au policier.

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