Elections : Brouillard sur les régionales
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Annoncée pour 2019 avec un budget de 7 milliards Fcfa, la mise en place des Conseils régionaux semble aux oubliettes, à quatre mois de la fin de l’année.

Le décor avait été planté fin mars 2019 avec l’adoption par le Sénat et l’Assemblée, des projets de lois fixant le nombre, la proportion par catégorie et le régime des indemnités des conseillers régionaux et celui complétant et modifiant le Code électoral de 2012, notamment l’article 249 qui définit le mode d’élection (scrutins de listes) des représentants des départements et du commandement traditionnel au sein des Conseils régionaux. Ces textes avaient ensuite été promulgués par le président de la République, Paul Biya, qui a dans la foulée fait signer au Premier ministre Joseph Dion Ngute, le 22 février, un décret portant augmentation de la dotation générale de la décentralisation, de 10 milliards à 50 milliards Fcfa pour le compte de l’exercice budgétaire 2019. L'info claire et nette. Dans la répartition de cette enveloppe, 7 milliards Fcfa devaient servir à la mise en place effective de Conseils régionaux. Soit 2 milliards Fcfa pour la prise en charge salariale des présidents et des membres de ces collectivités territoriales décentralisées et 5 milliards Fcfa pour leur fonctionnement.

Bien avant ces ajustements, la loi de finances 2019 a prévu un budget de 38 milliards Fcfa pour la mise en place effective de ces Conseillers, afin de compléter le dispositif institutionnel de la décentralisation ainsi que le prévoit la Constitution du 18 janvier 1996. Seul et unique maître du calendrier électoral, le chef de l’Etat a, le 16 janvier dernier lors de l’unique conseil ministériel qu’il a tenu depuis le début de l’année, instruit le gouvernement de préparer les toutes premières élections régionales de l’histoire du Cameroun.

Mais, à quatre mois de la fin de l’année, rien n’indique plus qu’elles auront lieu. Le brouillard s’est davantage épaissi autour de ce scrutin avec la deuxième prorogation, courant juillet, du mandat des conseillers municipaux pour une période de six mois. Or, courant janvier, le Social Democratic Front (SDF), le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) et Cabral Libii – avant son élection comme président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn) – étaient montés au créneau pour dénoncer une « parodie d’élection » en préparation par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc).

Tricherie politique

Pour eux, les conseillers municipaux appelés à élire les représentants des départements au sein des Conseils régionaux avaient perdu toute légitimité populaire, parce que bénéficiant d’une prorogation de mandat décrétée. Convaincus que celles-ci allaient permettre d’avoir la vraie photographie politique du Cameroun, ils ont avancé l’impératif de l’organisation des municipales avant l’élection des conseillers régionaux. Cette position n’a pas évolué. Et si ce scrutin avait lieu en l’état actuel des rapports de forces sur le terrain, ce serait une razzia pour Rdpc. Car, outre le fait que la plupart des chefs traditionnels – ils élisent les représentants du commandement traditionnel au sein des Conseils régionaux – sont acquis à sa cause, sur 10600 conseillers municipaux élus en 2013, 8685 portent les couleurs du parti de Paul Biya, contre 826 pour le SDF, 163 pour l’Union démocratique du Cameroun (Udc), 19 pour le Mrc, etc.

Du point de vue de la loi, le président de la République est le seul à décider de l’échéancier des différentes élections. Mais, il « utilise en permanence cette prérogative exclusive à des fins de tricherie politique », dénonçait le Mrc en janvier. Même si Paul Biya avait l’intention de convoquer le collège électoral en vue des toutes premières régionales avant le renouvellement du mandat des conseillers municipaux attendues théoriquement d’ici le 09 février 2020, en faisant fi de la situation sociopolitique du Cameroun, le contexte sécuritaire, en particulier dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, n’est pas favorable. Et il n’est pas certain que la désescalade tant espérée intervienne avant la fin de l’année.

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