MUTINERIE : Le MRC et les « Ambazoniens » mettent Kondengui en ébullition
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Les militants de ce parti politique et les adeptes de la sécession au Cameroun en détention à la prison centrale de Yaoundé se sont soulevés le 22 juillet 2019.

La nuit aura été longue dans cet univers carcéral. Après une journée à rebondissements. Qui, selon des sources concordantes, a commencé « très tôt ce matin du 22 juillet 2019 ». Lorsque le personnel pénitentiaire note des frémissements dans certains quartiers spéciaux de la prison centrale de Yaoundé située au quartier Kondengui. Ils sont le fait de détenus incarcérés dans le cadre de la crise anglophone. « Tous revendiquent leur libération immédiate et la fin de la guerre dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest », souffle une source.

Les mêmes exigent des pouvoirs publics « l’amélioration des conditions de vie en milieu carcéral et un système judiciaire juste ». Ils se regroupent alors dans la cour du pénitencier avec tous leurs effets. Et ne souhaitent avoir pour seul interlocuteur que « le ministre d’Etat, ministre de la Justice, garde des Sceaux ». Pendant des heures, ils vont entonner des chansons qui rappellent ceux de la lutte dont les effets les ont conduits où ils sont en séjour en ce moment. C’est sur ces entrefaites que des témoins rapportent qu’ils ont été rejoints par « les détenus arrêtés lors des « marches blanches » du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de janvier et juin 2019 ». A ce groupe bouillonnant se joignent certains détenus de droit commun. Le portail des camerounais de Belgique. Tous, plus de 1 000 selon des sources concordantes, expriment les mêmes revendications. Ou presque. Tout tourne autour de « la lenteur dans les procédures judiciaires, source de la surpopulation carcérale ».

Brusquement, tout bascule dans une violence indescriptible. Devant la tournure que prennent les évènements, et sentant que la situation va leur échapper, le vice-président du MRC, Mamadou Motta, tente de calmer ses camarades d’infortune. Il les invite à revendiquer sans exercer de violences ni sur d’autres détenus ni sur le personnel de pénitentiaire. Peine perdue. La tension à l’intérieur de la prison est à son comble. A l’extérieur, militaires, gendarmes et policiers établissent un cordon de sécurité.

CHAMP DE RUINES

En début de soirée, un incendie a été observé dans le local administratif de la prison où ont aussi été signalés des actes de saccage et des pillages. Le bilan fait état de ce que « les émeutiers ont incendié la bibliothèque, saccagé la salle informatique, le bureau du chef de la discipline, les bureaux des intendants, détruit la salle de couture et autres apprentissages ainsi que le bureau de la sacristie ». Les mêmes s’en sont pris « aux quatre locaux du quartier spécial 7 qui accueille quelques directeurs généraux. Emportant des objets de valeur et des montants d'argent ». Les dégâts sont tels que les riverains affirment que « Kondengui ce matin ressemble à un champ de ruines ».

Les émeutiers ne se sont pas limités aux bâtiments. Selon des sources internes à la prison centrale de Yaoundé, « ils avaient planifié la mise à sac du quartier 14 où logent la plupart des hauts responsables sous le coup de l'opération Épervier ». Leur principale cible semblait être l’ancien ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o. Qui s’est réfugié au quartier 5, celui des femmes, où se trouve son épouse. Voyant qu’il était en danger, d’autres prisonniers établissent un cordon de sécurité et l’exfiltre pour le quartier 3 qu’il partage, depuis sa mise en détention provisoire, avec Gervais Mendo Ze. Les mêmes « sauveurs » voleront au secours de l'ancien ministre de l'Eau et de l'Energie, Basile Atangana Kouna. La chance ne va pas sourire aux autres clients de l’opération Epervier. Ils seront molestés. Ainsi Inoni Ephraim et Urbain Olanguena Awono s’en sortiront avec des blessures à la tête. Ils seront rapidement pris en charge au centre hospitalier. Quant à Iya Mohamed et Dieudonné Oyono, ils vont recevoir des coups de gourdins et se feront dépossédés de leurs biens. Enfin, l’on parle « quatre personnes blessées légèrement dans les quartiers 8 et 9 dits du Kosovo ».

LAPSUS SUSPECT

La mutinerie de la prison centrale de Kondengui sert depuis ce 23 juillet 2019 de prétexte à plusieurs sorties des cadres du MRC. Avec comme dénominateur commun, la cacophonie qui entoure la communication de ce parti politique depuis quelques temps. C’est d’abord le vice-président, Emmanuel Simh, qui, aux aurores, se fend dans un post intitulé « Je sors de l’enfer ». Dans lequel il dit avoir été à la prison centrale de Yaoundé aux environs de 22 heures et 30 minutes pour « […] parler à mes militants ». Une activité qu’il n’a pas pu mener parce que, dit-il, « le préfet du Mfoundi [présent sur les lieux depuis la fin de la matinée] me répond que ce n'est plus possible. C’est la phase opérationnelle. Je m'en rends bien compte. L'info claire et nette. En effet, à l'intérieur de la prison, les armes crépitent. Sans arrêt. » Devant le spectacle de la fumée qui sort de l’enceinte de la prison et les coups de feu « tirés en l’air », le militant-avocat décide de rebrousser chemin. Non sans se dire qu’il venait de l’échapper belle.

Plus tard, c’est au tour du secrétaire national à la communication du MRC de confondre les dates de survenue des émeutes. Sosthène Médard Lipot parle du dimanche 21 juillet 2019 pour dire que « ce lundi matin (le 22 juillet 2019, ndlr), l'on est sans nouvelles des cadres et militants du MRC incarcérés dans ce pénitencier ». Il revient sur le fait que « Me Emmanuel Simh, qui n'a pas eu accès à l'intérieur de la prison dimanche soir, est fort édifiant quant aux difficultés d'accès à l'information ». Mais se contredit plus loin : « Selon certaines sources, le 1er Vice-président du MRC, Mamadou Mota Yacouba, a été exfiltré de cette prison ce lundi matin [une fois de plus], ainsi que le militant du MRC, Branco Nana, tous pour des destinations encore inconnues ». L’enseignant de journalisme, qui ne peut s’être pas trompé de date, conclut : « Il convient de préciser que les avocats du MRC travaillent depuis dimanche soir( ?), aux fins d'assister leurs clients en situation difficile »..

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