Bamenda : La vie ne reprend pas
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Trois semaines après la levée du couvre-feu dans le chef-lieu du Nord-Ouest, il est impossible de vivre normalement.

Hier, mardi 9 juillet 2019, était journée ville morte à Bamenda. Comme la veille, lundi, désormais inscrit dans les mémoires comme un jour où on se terre à la maison. Il en est ainsi chaque fois qu’il est annoncé que les leaders sécessionnistes, Ayuk Sisuku Tabe et les siens, doivent se rendre au tribunal. Ceux qui ne veulent pas rester chez eux doivent faire avec des tirs sporadiques qu’on entend alors ici et là, à divers endroits de la ville, sans savoir exactement qui en sont les auteurs. Le portail des camerounais de Belgique. En ces jours de coupe d’Afrique des nations, de Copa America et de coupe du monde féminine, la colère est montée d’un cran chez les citadins, incapables de voir les matches qui se jouent en terre égyptienne.

La faute au courant électrique, devenu intermittent. « Nous avons à peine deux heures de lumière par jour. A peine vous commencez à travailler que l’électricité s’arrête pour ne revenir qu’à un moment incertain », s’étrangle Emmanuel Vesoh, un tenancier de bar. Il renseigne que les boissons locales ont disparu des étals pour être remplacées par des produits nigérians. Les véhicules de transport des boissons alcooliques ont en effet été vandalisés à répétition dans la région et plus aucun opérateur n’ose investir dans la commande de ces dernières, à partir de Bafoussam. « Tous les concours qu’on a lancé pour la Can, c’est pour les autres. On voit les gens boire et dire qu’ils ont gagné à la télé », raille Jonas Njio, un retraité.

Tirs incessants

Les habitants de Bamenda ont retourné, pour ceux qui le peuvent, au groupe électrogène. A bonne source, les installations de la société de distribution de l’énergie ont été sabotées « en brousse » par les sécessionnistes et elle est obligée de rationner le peu de courant qu’elle obtient par des solutions alternatives. A partir de 18h, il n’y a plus que quelques courageux dans la rue. L'info claire et nette. C’est comme si un nouveau couvre-feu, cette fois gérée par les rebelles, a été institué. « Ce sont eux qui sont dehors maintenant », résume Jonas Njio. Et tant pis pour les noctambules. Depuis le 14 juin 2019 que le gouverneur de la région du Nord-Ouest, Adolphe Lele Lafrique, a levé l’ensemble des restrictions qui avaient été imposées aux personnes et aux biens depuis bientôt un an, la sérénité n’est pas revenue.

En rappel, le 28 novembre 2018, le gouverneur du Nord-Ouest avait restreint la circulation des personnes, des biens, des véhicules et surtout des engins à deux roues dans sa circonscription ainsi qu’en direction de celles voisines. En dehors des véhicules des autorités administratives, des forces de maintien de l’ordre, des sapeurs-pompiers, ambulances et ceux agissant comme tels, des restrictions à la circulation nocturne avaient été imposées aux populations, de 21h à 6h.

La mesure levée, les gens ont toujours peur. La mobilité, en direction des départements environnants demeure incertaine. « Il m’a fallu deux jours pour trouver quelqu’un de convaincu qui pouvait m’accompagner à Ndop. La situation n’est toujours pas bonne », témoigne Jude Tabifor qui a été obligé d’aller enterrer un des siens récemment dans le Ngoketunjia. Dans ce registre, il vaut mieux ne pas avoir un macchabée sous la main. Les cimetières sont devenus restrictifs. « Le corps de mon oncle a fait trois mois à la morgue. Il n’y a pas moyen de circuler et le cortège a dû payer des passe-droits pour arriver au village », ajoute-t-il.

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