Le vol à l’arrachée gagne du terrain à Yaoundé
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Véritable effet de mode dans divers quartiers de la ville, les forces de sécurité et du maintien de l’ordre appellent les populations à plus de vigilance.

De son agression le 28 mars dernier par un groupe de malfrats non encore identifié, Céline garde des images très claires. « Il était 19h, je marchais en compagnie d’une amie après le boulot, dans une ruelle non loin du lieu-dit ‘Mobil Essos’, pour emprunter un taxi, lorsque soudainement, des individus ont arraché mon sac. Tout s’est passé si vite que je n’ai même pas eu le temps de crier », relate-elle. Dans son sac emporté par ces malfrats, il y avait son ordinateur portable, ses pièces personnelles et une forte somme d’argent.

Lucienne quant- à elle, devant un arrêt taxi au quartier Mvan à Yaoundé, a vu son téléphone portable être emporté par des individus à bord d’un taxi, le 01 avril dernier. « J’attendais le taxi. Je tenais mon téléphone entre les mains, quand un chauffeur faisant mine de demander ma destination s’est garé devant moi. En une fraction de secondes, un jeune homme, assis à l’avant, m’a arraché le téléphone des mains et le chauffeur a tout de suite pris la fuite », narre-t-elle.

En effet, de nombreux carrefours, ruelles et ronds-points de la ville de Yaoundé sont devenus de véritables lieux d’insécurité. Une journée ne se passe plus sans qu’il y ait des victimes. « C’est grave, on n’en peut plus. Nous vivons dans une psychose permanente. Ce n’est qu’à ton arrivée à la maison le soir, que tu peux dire que la journée s’est bien passée », déclare Duclaire Tchagou.

Stratagèmes

Certains malfrats n’attendent pas que les bras de Morphée bercent les populations de la ville aux sept collines, pour commencer leurs opérations (le vol dans les rues, Ndlr). De nuit comme de jour, ces bandits sont aux aguets. Dans un taxi, en plein achat dans un marché, sur une moto ou encore en embuscade dans un lieu donné ; les populations se disent en insécurité. Et les stratagèmes sont toujours bien pensés. Une commerçante ambulante se souvient d’ailleurs de son agression en plein jour, au lieu-dit « Avenue Kennedy ». « J’étais dans un taxi au niveau des feux de signalisation, en face de l’Institut Français du Cameroun. Les vitres étaient baissées. Deux enfants de la rue se sont approchés de [notre] taxi. L’un, chiffon en main, nettoyait le pare-brise avant du véhicule. Il retient toute [notre] attention, lorsque soudainement, l’autre, un peu à l’arrière, a arraché mon téléphone et le sac à main de la dame assise à côté de moi », explique-t-elle.

« Les deux enfants faufilaient à pas lents dans la foule, comme s’ils nous défiaient. Personne n’a bougé le petit doigt », ajoute-elle. Pour Paul, étudiant à l’Université de Yaoundé I, la ruse était différente, alors qu’il rentrait chez-lui après une matinée de sport et de petits boulots. Écouteurs aux oreilles au lieu-dit « Pont Fouda », il était environ 16h, lorsqu’il est pris en chasse par un inconnu puis, par ses complices, en embuscade dans une broussaille. Paul dit avoir eu la vie sauve et avoir conservé tous ses effets, parce qu’il a trouvé refuge dans un centre de formation en arts martiaux, situé non loin du lieu de son agression. « J’ai tout de suite senti le danger quand j’empruntais cette rue. Un jeune homme me suivait. Quand je suis arrivé au bon milieu de la ruelle, d’autres sont sortis d’un coin sombre. J’ai couru et je suis entré dans une salle d’entrainement en art martial. J’ai expliqué mon problème et ils ont pris en chasse ces bandits qui ont fondu dans la nature », raconte le jeune homme.

Ces voleurs à l’arrachée, des hommes et des femmes ayant au plus 30 ans, opèrent à visage découvert. « Avant, on se disait que ce n’est que la nuit que tu peux être exposé à un type de situation. Maintenant, même en journée, tu te fais piquer tes effets en pleine route », déclare Stéphane victime. « Le Cameroun est devenu un pays dangereux. Dans une foule au marché Mokolo, trois individus, à bord d’une moto, ont rapidement arraché trois sacs, avant de fondre dans la nature. À dire que ces bandits n’ont peur de rien », affirme une source.

Précautions

Hormis les lieux-dits suscités. Les quartiers comme Elig-Edzoa, Madagascar, Etambafia, Etoudi ; les avenues telles que l’« Avenue Germaine », et les zones « Dakar en Bas », « Nouvelle route Omnisports », « Sofavinc Nsam », « Pont de la gare » ; sont classés selon plusieurs sources, parmi les zones les plus risquées. Pour les forces de sécurité et du maintien de l’ordre, les seuls remèdes à ces maux restent la vigilance et la prudence des populations. « Aucune journée ne passe plus sans qu’on n’inscrive sur la main courante, des vols à l’arrachée. Difficile cependant d’avancer un chiffre exact, étant donné que très souvent, ils font également partie des groupes de cambriolages. Ils sont plus d’une dizaine en cellule actuellement », confie Patrick Akono, commissaire de police.

« La présence des téléphones de plus en plus high tech, avec notamment, le système de Gps, les codes Imei des téléphones ; fait en sorte qu’en moins d’un jour, on attrape les malfaiteurs », ajoute-t-il. Il conseille également aux populations, d’éviter d’être distraites dans les taxis, de toujours garder un regard sur toutes les personnes qui vous entourent, de privilégier les sacs à dos ou encore, de toujours porter le sac sur l’épaule gauche ou droite, selon la zone où vous vous trouvez quand vous êtes en route. Le vol étant la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui, selon le code pénal, les peines encourues par ceux qui se livrent à de tels actes, sont de 06 mois à 20 ans d’emprisonnement ferme.

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